Son nom résonne aujourd’hui comme un synonyme de voitures de sport et de performance. Rarement dans l’histoire de l'automobile, un ingénieur marquera autant l’industrie. Véritable pionnier dans ce domaine et celui de l’aéronautique, il est le concepteur de nombreuses voitures restées dans les mémoires. De Daimler-Mercedes-Benz à Auto Union, des mythiques Volkswagen Coccinelle aux premières Porsche, Ferdinand Porsche affiche un palmarès de créations inégalé. Mais il entrera dans l’Histoire pour d’autres raisons, beaucoup plus sombres.
Né le 3 septembre 1875 en royaume de Bohême à Maffersdorf, Ferdinand Porsche est un ingénieur, motoriste et designer autrichien, naturalisé allemand. Surdoué, il se passionne très tôt pour les inventions qui réinventent la société de la fin du 19e siècle.
Les premiers prototypes d’avions ou d’automobiles, en pleine révolution industrielle, côtoient alors la généralisation de l’électricité.
Alors que son père, Anton Porsche le voyait déjà reprendre son petit atelier de plomberie, il le laisse partir à Vienne tenter sa chance, certain du génie de son fils.
Inventeur de la première voiture électrique.
À 18 ans, il débute sa carrière dans une compagnie d’électricité autrichienne comme chef mécanicien. C’est ici qu’il développe son concept de moteur-roue électrique. Le moteur est alors intégré directement dans le moyeu. Sa soif d’apprendre le pousse à suivre des cours clandestinement à l’Université de Vienne, n’ayant pas les moyens de payer l’inscription.
En 1898, son premier prototype de voiture électrique est prêt. La Egger-Lohner C2 Phaeton P1 développe 3 ch pour 35 km/h.
En 1900, sa voiture devient une des stars de l’Exposition universelle de Paris où on la présente comme la rivale de la “Jamais contente”, alors voiture la plus rapide du monde.
L’année suivante, c’est la première voiture hybride essence électrique qui sort de son cerveau.
De Daimler-Mercedes-Benz à Porsche
C’est après avoir succédé à Paul Daimler au poste de PDG de Daimler à Stuttgart en 1923 qu’il fonde l’entreprise Daimler-Mercedes-Benz qu’on connaît encore aujourd’hui. Mais en 1929, il quitte l’entreprise suite à un désaccord avec le conseil d’administration et prend une décision.
Fini de travailler pour les autres, il crée son propre bureau d’études Porsche à Stuttgart avec son fils. Les clients sont nombreux, d’Auto Union, qui deviendra Audi à Mercedes-Benz en passant par des créations plus personnelles.
Mais c’est un autre client, tristement célèbre, qui va l’amener à concevoir une des voitures les plus vendues de l’Histoire.
Volkswagen, la voiture nazie
En 1933, Ferdinand Porsche répond aux premiers appels d'offres du chancelier du Reich, Adolf Hitler. Les deux se connaissent bien et ont pour objectif commun de démocratiser l'automobile en Allemagne.
Grand amateur de l'homme d'affaires, Hitler lui de concevoir une voiture du peuple ("Volkswagen" en allemand) capable de transporter quatre personnes, de consommer moins de 8 litres au cent, de rouler à 100 km/h, tout en coûtant moins de 1 000 Reichsmark.
La mission est claire : faire de cette voiture accessible à tous les allemands, un outil de propagande du régime nazi.
La "KdF"-Wagen, pour "Kraft durch freude" (la "force par la joie"), est présentée par Porsche à Hitler en 1938, année où on construit l’usine Volkswagen de Wolfsburg.
Il participe activement à la machine de guerre nazie.
En 1937, Ferdinand Porsche, comme beaucoup d’industriels allemands, intègre le parti nazi, et bénéficie de nombreux marchés d’État. L’Allemagne prépare la guerre, Porsche sera au plus près du pouvoir en étant nommé coordinateur de l’effort de guerre industriel par Adolf Hitler.
Moteurs d’avions, munitions, armes, véhicules militaires sont sous son contrôle.
Une fois la France envahie, il est chargé de contrôler la collaboration industrielle de l’usine Peugeot de Sochaux.
Il fera déporter des ouvriers ainsi que huit directeurs, dénonçant à Hitler en personne, "leur mauvaise volonté et leurs actes de résistance et de sabotage".
La chute
À la fin de la guerre, le membre du NSDAP, gradé de la SS, est dans le viseur de la France pour avoir, entre autres, utilisé des déportés de camps de concentration comme main d'œuvre. Le 15 décembre 1945, le piège est tendu.
Les autorités françaises invitent Ferdinand Porsche et son fils Ferdinand Anton Ernst Porsche, à visiter les usines françaises Renault, pour avoir leur avis sur les prototypes de la Renault 4CV.
Il est arrêté sur place, et emprisonné pendant vingt mois.
Libéré en 1947, il sombre dans la dépression.
Quatre ans plus tard, découvrant une voiture à son nom conçue par son fils, il est terrassé par l’émotion et meurt d’une crise cardiaque. Ferdinand Porsche n'assistera pas à l’incroyable succès de sa marque.
Source : Nicolas LAPERRUQUE-leprogres.fr-Passion Autos