ENCHÈRES - Lors de sa vente phare de Pebble Beach, la maison Gooding & Company vend deux chefs-d’œuvre de la collection. Réputée pour présenter l’un des plus alléchants catalogues des ventes organisées dans le cadre du concours d’élégance de Pebble Beach, la maison Gooding & Company abat ses cartes. Si l’on n’avait pas vu autant de barquettes de course Ferrari depuis longtemps, les voitures classiques des années 1930 sont aussi nombreuses à changer de mains.
L’une des têtes d’affiche de la vente de la maison californienne dirigée par David Gooding sera sans conteste une Alfa Romeo 8C 2900 B châssis long carrossée en spider par Touring. Portant le numéro de châssis 412027, ce spider est l’un des cinq exemplaires encore existants sur une série de huit véhicules produits. La voiture de la vente peut se prévaloir d’une histoire rocambolesque.
Dérivant de la voiture de sport la plus rapide dans les années 1930, ce spider est estimé entre 16 et 20 millions de dollars.
Il appartient à la série des 8C 2900 qui représentent l’aboutissement d’une décennie de développement sous la direction visionnaire de l’ingénieur en chef d’Alfa Romeo, Vittorio Jano.
Les 8C ont remporté de nombreuses victoires en Grand Prix et aux 24 Heures du Mans, aux Mille Miglia et à la Targa Florio. Le spider de la vente a passé la première partie de sa vie en Egypte et en Suisse. Son huit cylindres en ligne de 2,9 litres, construit selon la formule bien établie d’Alfa Romeo - construction en alliage léger, double arbre à cames en tête entraîné par engrenages, chambres de combustion hémisphériques et roulements principaux placés entre chaque cylindre - délivrait entre 180 et 225 ch, selon la version.
Documentée dans le livre définitif de Simon Moore, The Immortal 2.9, cette 8C 2900 châssis long de 1938 a passé ses premières années en Égypte où elle est prise en charge par le major Raymond Flower, propriétaire de la Cairo Motor Company. En juin 1948, l’Alfa rejoint la Suisse.
Le pilote zurichois de Swissair, Hans Ernst, l’engage dans la course de côte «Les Rangiers» et la conserve jusqu’en 1953. Vers 1955, l’Alfa Romeo est exportée aux États-Unis, passant à quelques propriétaires américains avant d’être vendue au collectionneur de voitures Vojta Mashek, basé à Chicago.
Au cours de sa propriété, M. Mashek a commandé une reconstruction complète du moteur. Avant que la restauration ne soit terminée, la 2.9 est vendue à Walter Weimer de Minneapolis. Il la garde pendant environ une décennie, sans achever les travaux.
L’Alfa Romeo entre ensuite dans la collection du neurochirurgien Dr Fred Simeone. Finalement, il revend le spider au collectionneur et marchand Lukas Hüni de Zurich qui commande une restauration complète à Tony Merrick, en Angleterre. La qualité de la restauration était récompensée par le Best of Show à la Villa d’Este en 1996. Deux ans plus tard, 412027 retraverse l’Atlantique pour rejoindre la collection d’Oscar Davis, dans le New Jersey. Après le décès de ce collectionneur, la succession la vend à un collectionneur de Floride.
En juillet 2022, la 2.9 Spider est volé dans un camion sur le parking d’un hôtel de Caroline du Sud lors de son transport vers un centre de restauration dans le Maine. En décembre 2023, après plusieurs mois d’enquêtes, l’Alfa Romeo est localisée et retrouvée par le FBI. Devenue propriétaire de ce joyau, la compagnie d’assurances l’a confiée à vendre à Gooding.
Si la Bugatti 57 SC Atalante a connu une vie plus sage que le spider Alfa Romeo de la vente, elle n’en reste pas moins l’un des joyaux de la carrosserie des années 1930.
La berlinette alsacienne représente même le symbole de l’élégance française et du génie de Ettore Bugatti et de son fils Jean. Entre l’automne 1936 et 1938, Bugatti n’a construit que 42 exemplaires de la Type 57S. Les exemplaires les plus célèbres sont ceux équipés de carrosseries conçues par Jean, dont les fameuses Atalante et Atlantic. Au total, seuls 17 châssis de Type 57S ont été complétés par une carrosserie Atalante, dont cette voiture, le châssis 57573 - parmi les derniers exemplaires construits. Achevée en septembre 1937, cette Type 57S était à l’origine finie en bleu sur du cuir Havane et équipée de roues à rayons chromées.
La 57573 a fait ses débuts sur le stand Bugatti au Salon de l’Automobile de Paris 1937 au majestueux Grand Palais, puis a été transportée à Londres, où elle a été présentée au Salon de l’automobile d’Earls Court en octobre. Immédiatement après le spectacle, l’Atalante est vendue à C. Ian Craig, un amateur de la marque alsacienne et héritier d’une riche famille irlandaise. L’Atalante est immatriculée «GBP 2», apparemment pour «Grand Prix Bugatti 2», et les plaques sont toujours sur l’Atalante à ce jour. Après avoir engagé la 57573 dans les Lewes Speed Trials en 1939, Craig cède la voiture à l’Anglais David L. Griffith-Hughes.
Lors de l’acquisition de la voiture, M. Griffith-Hughes a mis à niveau le moteur pour le mettre aux spécifications SC, en installant le compresseur qui avait été installé à l’origine dans l’Atlantic de Lord Rothschild, châssis 57374. À la fin des années 1950, on retrouve 57573 chez Charles Globe, à Chicago. Après restauration complète à Molsheim, elle rejoint le garage de Vojta Mashek. En 1965, le Dr Peter Williamson, alors président de l’American Bugatti Club, a acheté l’Atalante pour sa collection. En 2006, la voiture est passée du Dr Williamson à William Ainscough, un collectionneur britannique respecté. Depuis 2013, l’Atalante réside aux États-Unis, où elle a fait l’objet d’une restauration exceptionnelle. Lors du concours d’élégance de Pebble Beach 2023, elle a reçu le prix First in Class.
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID ARDA pour le suivi de l'info...