Patrice le gestionnaire du blog du Club des 5A me demande si je veux bien écrire le compte-rendu de cette sortie…
Un compte-rendu je ne sais pas faire, mais raconter ce que j’ai vécu, avec plaisir !
Le Club des 5A, qui a fêté ses 30 ans d’existence en juin, réunit les amateurs passionnés de voitures, mais aussi motos anciennes, du département et même d’en dehors.
Il propose des sorties, et de la lecture : mise à jour quotidienne du blog, si attrayant de par des articles variés et ses illustrations ! Le rallye de la boussole ne peut se faire qu’en voiture, or je n’ai qu’une moto…
Aussi quel plaisir quand Jean-Pierre m’a invitée à cette journée en tant que co-pilote !
Quand les copains en parlaient, leurs visages s’éclairaient, je me demandais pourquoi, aussi j’ai mené mon enquête. Un rallye c’est quoi ?
- Une journée entière dans une voiture ? C’est tellement mieux à moto !
Jean-Pierre est à la fois le vice-président du club, le créateur de presque tous les itinéraires des sorties, et le guide-sécurité avec son gilet fluo Baptême de coupé-cabriolet : ça me plait !!!
Moi qui prenais les amateurs de voitures décapotables pour des frimeurs, je revois ma copie car c’est très agréable, presque autant que la moto !!!
Et aussi baptême de conduite sportive… A la fin de la journée j’étais moins crispée ! Sacré Jean-Pierre, il avait oublié d’écrire sur son front qu’il rasait les accotements, qu’il faisait des exter sur les petites routes de montagne, que le doux son de xylophone en bruit de fond c’était toutes les fois où son GPS lui signalait ses excès de vitesse…
Enfin, toutes les voitures sont parties, c’est notre tour. Toutes ? Non !
L’une d’elles repart chez elle, la capricieuse, et sera remplacée par une magnifique DS noire qui nous rejoindra à midi. Je découvre le premier road book, c’est une liasse de feuilles de papier format A4, recouvertes de cases qu’on doit lire de haut en bas, en commençant par la gauche, à l’européenne. A quand le manga qu’on commence par la fin ?!!!
Dans chaque case un schéma d’intersection indiquant, ou pas, notre véhicule, et la direction à prendre… Je commence à m’y faire, et même aux pièges, quand nous recevons un appel de détresse (la rançon de la gloire pour Jean-Pierre : premier averti en cas de panne !
Et comme il n’y a pas plus serviable, nous quittons le jeu momentanément, le temps d’aller jusque dans son garage chercher du liquide de frein, un détour de 20km... J’en profite pour visiter à fond les toilettes, intérêt démultiplié par les effets secondaires de la conduite sportive !).
Nous revenons dans la course et nous sentons bien seuls car nous ne croisons plus les autres voitures numérotées, avec des têtes hilares ou concentrées derrière les vitres ; déjà résignés à l’idée de ne plus avoir une goutte de jus de fruit à l’arrivée, on s’en moque, on s’amuse tellement !!!
En tant que co-pilote de dois dire à Jean-Pierre où aller, et nous devons voir sur le trajet de grosses lettres sur des panonceaux, et les recopier sur la fiche-résultat, preuve que nous sommes passés par ces endroits, dans le bon ordre. Impossible de tricher donc. Au beau milieu d’un champ la 2CV verte de Nicolas et ses trois co-pilotes !!!
On s’arrête bavarder, pardon encourager, pendant que Nicolas en manches de chemise est allongé sous le moteur pour réactiver la pompe à essence !
Heureusement que les épreuves ne sont pas chronométrées ! Première épreuve terminée, une sucrerie pour recharger les batteries et on repart. Cette fois le road-book indique toujours quelle direction prendre, mais… il y a jusqu’à 7 choix possibles ! On sent combien les organisateurs se sont régalés à nous inventer ces énigmes et ces pièges !!!
La voiture de Jean-Pierre est repérée : il connaît toutes les routes du département, il suffit de le suivre si on se perd… Du coup, quand je vois une voiture dans le rétroviseur, je suis bien contente d’avoir un pilote de F1 à ma gauche : « vas-y fonce Jean-Pierre, on est suivi ! »
La connaissance du terrain de Jean-Pierre ne nous empêche pas de buter sur une intersection pendant pas loin d’une heure…
On se triture l’esprit, on essaie toutes les routes et on revient au carrefour, on envisage d’abandonner la partie : « à 13h si on n’a pas trouvé on rejoint le point de ralliement ». 5mn avant la fin du délai, eurêka le même carrefour apparaît plus loin sur le road-book, alors on saute les cases intermédiaires et on poursuit la route, quitte à louper quelques panonceaux et leurs lettres… Je me régale dans cette partie de l’Aude : les villages de vignerons, les collines à végétation basse, les marais asséchés ou les rizières, les roseaux les canaux les vignes, la pierre jaune, les allées de platanes…
Les couleurs sont claires, joyeuses, les bancs vous invitent à vous poser et respirer le calme… Fin de la seconde épreuve matinale : on retrouve tous les équipages au foyer de Rieux-Minervois pour un excellent repas organisé par les 3 perles du club : Marlène, Corinne, Huguette, Cécile, si si, il y en a trois, c’est Michel qui a compté !
Charcuterie de chez B…il, rôti de porc cuit par Marlène et coupé par notre Jean-Pierre national, taboulé délicieux, gâteau au chocolat et tarte aux pommes, miam ! Troisième road book, qui ressemble à un jeu de l’oie sur une feuille de format A3, on passe de case en case en fonction de ce qu’on trouve sur la route.
Par exemple j’ai pu éliminer facilement les cases Madrid, Paris et attention troupeau de chameaux, mais quand il a fallu choisir un carrefour à 3 ou 4 sorties sachant que les chemins communaux comptent mais pas les chemins de terre, et qu’ils se ressemblent sacrément…
Mon petit cerveau n’était plus au top, ou alors Jean-Pierre était moins patient, toujours est-il que je l’ai laissé me promener dans un paysage apocalyptique : des rochers gris foncé, un ciel noir de plomb et des percées de soleil donnant aux arbres persistants un vert tendre printanier, et aux autres un jaune orangé qui nous éclairait presque, le tout aromatisé d’un vent à plus de 60km/h, chaud…
Fin de l’épreuve dans un village que je ne connaissais pas du tout, Caudebronde, perdu au milieu de nulle part. Une petite rivière le traverse ; des fleurs sur le pont, et des couleurs aux fenêtres des maisons de pierre, signes de vie dans un environnement minéral dominant.
C’est Josette qui nous sert un café réconfortant. La bise, Josette ! Et là l’horrible nouvelle tombe : on est privé de 4ème épreuve, car on est trop nul !!! Les meilleurs mettraient 2 heures… Et on est attendu au restaurant à 19h30 (il est 18h)…
Quel dommage, quelle tristesse, snif snif, dit tout le monde avec un sourire jusqu’aux oreilles (la fatigue se fait sentir, le froid aussi un peu car il fait presque nuit), puisqu’on nous distribue les derniers road books, avec pour mission de s’en servir comme guide touristique pour une balade privée un prochain WE…
Nous redescendons sur Carcassonne, tranquillement. Je récupère ma petite voiture, à laquelle je trouve maintenant qu’il manque un toit ouvrant, et E.T. retour maison, vidée mais heureuse comme rarement ; les amis me raconteront le restaurant : je me serais endormie dans mon assiette ! Le lendemain les inondations. Nos meilleures pensées à toutes les victimes, en leur souhaitant d’être bien entourées pour surmonter l’épreuve, et de retrouver goût à la vie rapidement dans notre si beau département.
Source : Photos P.L / Texte : iseisaisette.