C’est l’événement de la rentrée: la vente spectacle de la collection de l’Américain Rudi Klein... Il faut se rendre à l’évidence. Il reste encore des dizaines et des dizaines de voitures de collection abandonnées, ici et là, et dont l’existence n’est connue que de quelques personnes. C’est ce que nous enseigne la vente spectacle en octobre prochain d’une casse pas comme les autres située à Los Angeles et entourée de barbelés et de cactus. Comment cela est-il encore possible à l’ère de l’information en continu, des réseaux sociaux et des drones?
Depuis la dispersion des collections Baillon (France) et Medlin (États-Unis) qui avaient fait grand bruit, on pensait pourtant que ces découvertes relevaient du passé. Dans le premier cas, il s’agissait de la vente de 59 machines dont la Ferrari 250 GT Spyder California ayant appartenu à Alain Delon remisée depuis quarante ans sous un fatras de draps et de vieux magazines et, dans le second cas, de vingt Ferrari détruites ou passablement amochées lors du passage du cyclone Harvey en 2004 sur le littoral sud des États-Unis. La source ne se tarira donc jamais?
Au milieu du mois d’août, à quelques heures de ses ventes phares de Pebble Beach, dans l’effervescence de la semaine du concours d’élégance californien, la maison RM Sotheby’s annonçait la dispersion, à l’automne prochain, de la collection de l’Allemand Rudi Klein. Arrivé en Amérique du Nord à la fin des années 1950, l’homme avait commencé sa carrière comme boucher avant de se tourner vers le commerce de voitures européennes, par le biais d’une casse installée dans la banlieue sud de Los Angeles. Portant la bannière «Porsche Foreign Auto», son affaire se concentrait principalement sur les machines venant de la marque des voitures de sport de Zuffenhausen. À force d’amasser des véhicules en fin de vie, accidentés ou en panne, les lieux ont fini par devenir une véritable caverne d’Ali Baba. Par manque de place, Rudi Klein finit par ériger des échafaudages pour stocker les voitures en hauteur, sur plusieurs niveaux.
Certaines, restées à l’extérieur cuisent depuis plusieurs décennies sous le soleil de Californie. Elles sont dans un état de décrépitude avancé. De la marque Porsche, on trouve des 356, le premier modèle du constructeur, mais également un nombre impressionnant de 911. Ses origines allemandes s’expriment aussi à travers une forte représentation de Mercedes. Des Pagode alignées comme à la parade côtoient des paquets de roadsters R107, identiques à celui que Bobby Ewing conduisait dans la série Dallas. On ne compte plus le nombre de caisses désossées.
Au temps de sa splendeur, le Porsche Foreign Auto était devenu l’endroit rêvé pour celui qui avait besoin d’une pièce pour sa 911 de 1968 ou sa Mercedes 280 SL de 1970. Le casseur avait pris soin de démonter la plupart des voitures et de stocker les pièces détachées - moteurs, jantes, tableau de bord, sièges -, sur des étagères à plusieurs niveaux, comme chez Ikea.
Ceux qui l’ont pratiqué racontent aujourd’hui que le maître des lieux, aussi excentrique que bourru, éconduisait les curieux. Rien n’a bougé depuis que Klein, décédé en 2001, a laissé deux fils et une veuve.
En raison d’un inventaire en cours, il est impossible pour le moment de connaître le nombre de véhicules mais ils sont plus d’une centaine. On se pince tellement ce spectacle paraît à peine croyable. Si de nombreuses voitures ont été stockées dehors, d’autres ont été conservées sous des hangars.
S’il n’était pas facile, Rudi Klein était loin d’être fou. Juste passionné. Il savait ce qu’il avait entre les mains. Les véhicules en mesure d’être réparés ou restaurés ont été préservés pour la plupart sous des bâches. C’est ainsi que dans un coin, un alignement de Porsche 356 coupé et cabriolet côtoie des Mercedes 300 SL roadster et coupé des années 1950, dont une rare version à carrosserie aluminium. De la firme à l’étoile, la star est sans conteste le coupé 500 K à compresseur ayant appartenu au champion allemand Rudolf Caracciola.
Certains estiment que ce morceau d’histoire, qui a remporté sa classe au concours d’élégance de Pebble Beach de 1978, pourrait valoir plus de 10 millions d’euros. Restaurée dans les années 1960, la Mercedes a été préservée des aléas du temps. La collection de Rudi Klein comporte d’autres pépites: une paire de Maybach d’avant-guerre; l’unique Iso Grifo A3/L prototype carrossée en spyder par Bertone en 1967; une Facel Véga; quelques BMW 502 et 507; six Lamborghini Miura; une Ferrari 365 GTC/4 et le dernier exemplaire survivant des sept Horch 855 Spezial Roadster jamais construits. Ce véhicule aurait appartenu à Eva Braun, la compagne d’Adolf Hitler. À ce stade, d’autres révélations ne sont pas impossibles.
Source : le figaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...