ENCHÈRES - La marque américaine de supercars revient sur le devant la scène à l’occasion de la vente de plusieurs modèles à Pebble Beach. Après la morosité des années 1970 marquées par deux chocs pétroliers et des crises économiques à répétition, la société reprend son souffle dans les années 1980. Dans l’automobile, l’horizon se dégage, le ciel redevient bleu. Place à la décennie de tous les possibles. La société fait l’apologie de la vitesse et du plaisir. Le marché voit éclore la génération des GTI, des berlines compactes vitaminées, et des GT d’exception produites en série limitée. Porsche et Ferrari montrent la voie avec respectivement la 959 et la 288 GTO. Jaguar, Bugatti, Cizeta et bien d’autres vont suivre. Les Américains veulent aussi leur supercar.
À part Chrysler qui donne naissance à la Viper, un autre américain s’est mis en tête de produire sa propre voiture. Gerald Alden Wiegert, souvent prénommé Jerry, a conservé de son passage comme consultant chez les Big Three une attirance pour les voitures de sport. Quatre de ses réalisations sont proposées à la vente par la maison RM Sotheby’s, en marge du concours d’élégance de Pebble Beach en août prochain.
Pour Wiegert, l’aventure commence dès le milieu des années 1970. Dans un entrepôt du quartier de Venice à Los Angeles, il donne naissance sous la marque Vector à son premier modèle baptisé W2. Propulsée par un V8 biturbo provenant de la banque d’organes de General Motors et associée à une boîte automatique à 3 rapports, la W2 est présentée au salon de l’auto de Los Angeles en 1976. Il s’écoule trois ans avant que le prototype devienne roulant.
L’engouement pour les supersportives à la fin des années 1980 relance Vector.
Jerry Wiegert annonce la W8, la version modernisée de la W2. Les lignes spectaculaires ne sont pas d’une grande élégance et pourraient sortir des ateliers Sbarro. Par contre, la technologie se veut avant-gardiste. La W8 fait appel à des matériaux de pointe. La carrosserie est réalisée en fibre de carbone et kevlar. La berlinette présente quelques originalités: toit ouvrant amovible, ambiance d’inspiration aéronautique à bord. Wiegert ne cache pas avoir voulu concevoir un «avion de chasse sur quatre roues».
L’intérieur ressemble à un cockpit d’avion avec sa planche de bord accueillant un écran d’ordinateur, une boussole Airpath et un compteur Hobbs. À la différence de Ferrari qui joue à fond la carte sportive avec des habitacles dépouillés, Vector a fait le choix du raffinement. À bord de la W8, on trouve des sièges Recaro en cuir, une climatisation et, nec plus ultra à cette époque, une chaîne hi-fi Sony à lecteur cassettes et CD de 10 disques.
Dix-sept W8 sont produites.
Encouragé par le succès de la W8, Vector développe un nouveau modèle. Le prototype Avtech WX-3 est dévoilé au salon de Genève de 1992.
Le côté Batmobile est encore accentué. Cette berlinette se dote d’un imposant aileron arrière et d’un kit aérodynamique qui ceinture la caisse. Comme sur la W8, le pare-brise très incliné est dans le prolongement du capot avant. Le moteur, un V8 biturbo 7 litres d’origine General Motors peut produire jusqu’à 1 000 chevaux. L’année suivante, Vector revient sur les rives du lac Léman.
À côté de la berlinette présentée dans sa version définitive, Vector présente sa variante roadster. Le prix affiché est de 765 000 dollars. Aucun des deux modèles n’enthousiasme les clients fortunés. Pour Vector, c’est le début de la fin. En coulisses, Wiegert doit affronter la prise de contrôle hostile de la société Megatech, soutenue par le gouvernement indonésien.
La nouvelle entreprise conçoit une dernière voiture en 1996, la M12, basée sur la Lamborghini Diablo. De cette aventure avortée, il reste aujourd’hui ces machines dispersées aux enchères. Les estimations varient de 400 000 dollars pour la M12 jusqu’à 1,5 million de dollars (estimation haute) pour les deux WX-3.
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info....