Le rallye est une discipline de sport automobile. Initialement défi de rassemblement pour aristocrates aisés, la discipline a beaucoup évolué pour devenir une course de vitesse. Les rallyes modernes ont pour particularité de ne pas se pratiquer sur un circuit mais sur des routes fermées au public pour l'occasion.
Les épreuves se déroulent sur différents types de terrains (terre, neige, asphalte, etc), et sont composées de plusieurs étapes (parfois courues de nuit), avec une suite d'épreuves allant d'un point à un autre. Les épreuves chronométrées sont appelées épreuves spéciales, les parties non chronométrées sont appelées étapes de liaison.
Les véhicules utilisés sont généralement des voitures de production (en l'occurrence des modèles de série dits voitures de tourisme) modifiés suivant les possibilités offertes par le règlement.
Le pilote du véhicule est assisté par un copilote qui lui annonce les caractéristiques de la route à l'avance. Le gagnant est généralement déterminé par l'addition des temps pour effectuer les épreuves spéciales, bien que dans certains rallyes, le gagnant soit déterminé par un temps idéal pour effectuer les épreuves spéciales.
Depuis leur naissance au début du xxe siècle, la finalité et les règles des épreuves de rallye ont été en continuelle adaptation; il est d'ailleurs difficile de donner une date précise de la création de cette discipline.
De manière générale, la tendance au cours des décennies a été à une professionnalisation des pilotes et constructeurs, ainsi qu'à une organisation plus claire, moins improvisée.
Le concept de courses sur route, alors principalement de ville à ville, remonte à 1894 avec l'organisation d'un Paris-Rouen. Les premières épreuves automobiles ne récompensent pas toutes la vitesse (comme le Rallye-Paper de La Vie au Grand Air en décembre 18982, sa seconde édition en juin 1899, le Rallie-Papier, étant devenue une véritable course, cependant d'un seul tenant -remportée une fois encore par René de Knyff-); la première compétition de vitesse effective a lieu en 1895 avec le Paris-Bordeaux-Paris.
Ces courses se déroulent sur routes ouvertes, entre grandes villes (à cette époque, le faible nombre d'automobiles sur les routes semblait le permettre), et sont courues par de riches aristocrates amateurs de la nouvelle technologie automobile (tel le Moscou–Saint-Pétersbourg de 1899), et recherchant des défis et des aventures. Certains considèrent alors que la course et la construction des automobiles vont de pair (comme De Dion, Renault...), d'autres constructeurs considèrent les courses comme inutiles et dangereuses.
De gros problèmes de sécurité apparaissent en effet, dus à la présence grandissante de spectateurs, au mauvais état des routes, à la sécurité totalement inexistante, et des courses semées d'accidents, parfois mortels, telle que Paris-Madrid en 1903, pousse à la fin des épreuves sur routes ouvertes entre villes. Sont donc créées des épreuves sur routes fermées, formant de longues boucles autour des villes, et dont le prototype semble être le Circuit des Ardennes, créé en 1902. Par la suite, des circuits automobiles sont construits spécialement pour les courses, où sont organisés les « Grands Prix ».
De 1905 à 1907 est organisée malgré tout sur route en Allemagne une course par étapes sur six journées, la Herkomer-Konkurrenz (de), ainsi qu'en 1905 la Wien-Warsaw-Wien entre l'empire austro-hongrois et l'empire russe, durant quatre jours. La France et la Suisse connaissent durant la même période 1905-07 la Coupe Rochet-Schneider sur routes fermées (Perret vainqueur des deux premières éditions, sur Peugeot 18 hp) et la course par étapes de la Coupe des Pyrénées 1905. Des "rallyes-raids de régularité" apparaissent aussi à l'étranger, en Asie (Delhi-Bombay en 1904) et en Océanie (Sydney-Melbourne en 1905, un mois et demi plus tard). Les Anglais courent sur routes fermées (RAC Tourist Trophy, Graphic Trophy), les américains désormais sur des ovales, essentiellement.
Les premiers rallyes-raids « Marathons » et rallyes apparaissent cependant entre 1907 et 1911 (Pékin-Paris (1907), New York-Paris (1908), Saint-Pétersbourg-Moscou (1907, remporté par Arthur Duray, et 1908, remporté par Victor Hémery), Rallye autrichien des Alpes (1910), Monte-Carlo (1911)).
La notoriété médiatique des épreuves transeuropéennes des années 1907 et 1908 concourt ainsi elle aussi à sa façon au développement et à la modernisation du réseau routier de plusieurs pays, tant sur l'ancien que sur le nouveau continent.
Le terme effectif de « rallye » appliqué au sport automobile fait son apparition en 1911 avec la première édition du Rallye automobile Monte-Carlo, alors organisée pour faire la promotion du casino de Monte-Carlo (dès l'année suivante apparait d'ailleurs l'éphémère Rallye de Saint-Sébastien, au mois d'octobre, là encore pour faire l'éloge d'un casino !).
À l'époque, l'épreuve monégasque ne consiste pas en une course de vitesses, car le but des concurrents est de partir depuis leur propre ville européenne, pour rejoindre la ville de ralliement. La difficulté de l'épreuve est alors de réussir à rallier la ville d'arrivée sur routes défoncées, en utilisant des voitures relativement fragiles, le tout malgré les conditions atmosphériques parfois difficiles.
C'est ce but de rassemblement qui donna le nom à la discipline, en empruntant le verbe anglais to rally. Les concurrents sont départagés à leur arrivée en fonction de leur respect de la moyenne horaire imposée, de leur réussite lors de petites épreuves, ou de l'élégance de l'équipage.
Ce « Monte-Carlo », qui devient annuel à partir de 1924 puis traverse toutes les époques, est devenu l'une des courses les plus réputées de la discipline depuis plusieurs décennies désormais. Dans son sillage naissent d'autres épreuves disputées elles aussi régulièrement de façon annuelle:
le rallye d'Ostende (1913 et 1914, interrompu par la guerre), le Tour de Catalogne (entre 1916 et 1920), la Coppa delle Alpi (1921, à la mi-août en Italie du nord pour au moins cinq saisons), le Rallye de Pologne (1921 également), le Rallye Sanremo (1928), le Rallye Paris - Saint-Raphaël Féminin (1929, singulier alors), le Circuit d'Irlande (1931, dit The Circuit), et le Rallye d'Écosse (1932). Le Rallye du RAC (Pays de Galles/Royaume-Uni) voit lui aussi le jour dès 1932, tout comme le Rallye des Alpes françaises d'ailleurs (une émulation -pour l'instant pacifique- existe entre les divers pays de la zone transalpine grands ou plus petits, où naissent et disparaissent encore d'autres courses).
En Italie, l'épreuve des Mille Miles (mixte, sur portions routières et circuits) existe alors depuis déjà cinq années, car créée en 1927.
Les débuts du rallye moderne
Une Audi Quattro A1 lors du rallye d'Autriche 1984
Initialement courues par des aristocrates ou gens aisés, puis par des pilotes privés à bord de leurs voitures personnelles, le rallye commence à intéresser les marques automobiles à partir des années 1950. Celles-ci se contentent alors de prêter des voitures aux différents pilotes free-lance, qui peuvent changer de modèle au cours des épreuves : les constructeurs ne participent de toute façon qu'aux rallyes qui leur semblent pouvoir être remportés ou qui sont proportionnellement intéressants, et laissent les autres épreuves aux concurrents.
Les victoires ne sont d'ailleurs pas forcément remportées par les plus rapides; devant l'hétérogénéité des voitures participantes, une multitude de règles distribuent des pénalités pour tenter d'aplanir les différences de compétitivités supposées, et les organisateurs hésitent encore souvent entre privilégier la seule performance, ou bien l'endurance et la régularité ponctuées par des gymkhana (en)s et des épreuves d'accélération (sprints)-freinage et de maniabilité (slaloms, crénaux).
Au cours des années 1960 ont lieu des transformations qui augurent les rallyes "modernes" : les constructeurs et pilotes, dans une optique plus professionnelle de la course, tentent d'améliorer leurs chances de réussite en posant les bases de l'assistance (Renault et Mini Cooper); ils organisent les reconnaissances et inventent les notes dictées par les copilotes (René Trautmann et Citroën pour l'exemple).
La fin des années 1960 est aussi la fin des longues courses sur route ouverte, changement nécessaire face au développement de la circulation. Les rallyes sont alors tous composés d'épreuves chronométrées (les "spéciales") et "d'étapes de liaison"16. Les courses deviennent un sport (aux victoires "scratch") pour marques automobiles ("équipes officielles") et pilotes professionnels ("pilotes d'usines") ou amateurs (les "privés") poussés par le spectacle et l'aventure.
Pour la France les services compétition de Renault et Citroën, les plus impliqués, sont alors respectivement dirigés par François Landon -depuis la création en 1951, puis Jacques Féret-, et René Cotton; le temps des "gentlemen drivers" est maintenant révolu. Les distances à parcourir augmentent aussi pour déplacer la difficulté sur la résistance homme/matériel, avec des courses qui peuvent se dérouler sur des milliers de kilomètres (les "marathons" routiers). Cette tendance durera jusqu'au milieu des années 1980, quand la difficulté se focalisera sur la vitesse pure.
Les rallyes auparavant dispersés sont progressivement rassemblés en championnats par la FIA, d'abord au niveau européen, avec la création du « championnat d'Europe des pilotes » en 1953, puis du « championnat d'Europe des marques » en 1968. S'ensuit une ouverture à l'international, avec la création du « championnat international des marques » en 1970, qui devient par la suite le « championnat du monde des constructeurs » en 1973, et le « championnat du monde des pilotes » en 1979.
L'organisation de championnats est un des facteurs qui attirent les constructeurs et augmentent la professionnalisation des courses : les premières voitures conçues spécialement pour le rallye apparaissent. La première est la Lancia Stratos, qui gagne 3 championnats consécutifs, face à une concurrence qui reste assez hétéroclite. Après quelques années toutefois, les constructeurs comprennent que l'effet publicitaire est meilleur lorsque ce sont des modèles de série qui gagnent.
Source : museorpheo