Ses premières couvertures
Son plus grand plaisir était toujours de tracer les lignes des automobiles. C'est dans cet-te activité qu'il commença à se faire une réputation. Depuis le décès d'Ernest Montaut, les artistes capables de faire l'apologie de la vitesse et des héros étaient rares. Géo Ham était de plus en plus sollicité. La demande était forte, avec le développement de titres comme L'Auto, La Vie Aérienne, L'Air, Automobilia, Omnia, Elite Française ... A 21 ans, il signait sa première couverture pour Omnia, le luxueux magazine automobile de l'époque, sous son nouveau pseudonyme, Géo Ham.
A Paris, il retrouvait son ami Jean Adrien Mercier qui habitait près de chez lui. Celui ci continuait à le guider dans la faune parisienne, et l'aidait à défendre ses intérêts (droit d'auteur ...). Mercier apportait aussi à Géo Ham un appui technique et lui apprenait à parfaire son travail.
Le style Géo Ham
Géo Ham a baigné tout jeune dans la photographie. Il était donc familiarisé avec la technique des appareils, avec les prises de vues et les cadrages. Son habileté consistait à immortaliser une scène par une photo, puis à la reproduire succinctement sous forme d'un croquis, qu'il terminait et peaufinait une fois rentré dans son atelier parisien.
Géo Ham se trouvait à la croisée de plusieurs tendances. L'art nouveau et ses arabesques de la Belle Epoque (fin 19ème, début 20ème) étaient désormais d'un autre âge. D'autres tendances voyaient le jour. Le cubisme favorisait les formes géométriques, le fauvisme était caractérisé par la nouveauté de ses recherches chromatiques, le futurisme exaltait le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse. C'est de ces différents mouvements, associés au Deutscher Werkbund et au style de l'Ecole de Chicago qu'allait naître au début des années 20 le style art déco, qui tenait son nom de la grande Exposition des Arts Décoratifs qui eut lieu à Paris en 1925.
L'art Déco se définissait par l'utilisation de lignes droites, de surfaces planes, de volumes simples et structurés. Dans le monde de la publicité automobile, René Vincent fut le premier à s'inspirer des lignes simplifiées du style Art Déco. Géo Ham le suivit dans ce nouveau courant. Petit à petit, le style de Géo Ham s'affirmait. Il prenait ses distances par rapport à ses aînés Montaut et Vincent. En quelques années, il était devenu un illustrateur incontournable de la scène parisienne.
L'Illustration
A partir de 1928, l'artiste collabora de manière permanente avec l'hebdomadaire L'Illustration . Pour ce dernier, il réalisa des très belles pages de couvertures pour l'édition spéciale " Automobile et Tourisme " éditée tous les ans en octobre lors du salon de l'Automobile. Pour ce numéro, il rédigeait aussi des articles de fond qu'il illustrait. Il fit le même type de travail entre 1930 et 1941, mais une fois tous les deux ans, pour l'édition spéciale de L'Illustration consacrée au Salon de l'Aéronautique.
Les grandes marques se disputaient les talents de Géo Ham. Il signait ainsi de nombreux catalogues et publicités de presse pour Delahaye, Amilcar, Hispano Suiza, Bugatti, Talbot, Amilcar, Chenard & Walker ... Géo Ham concevait aussi des réclames pour des marques d'accessoires automobiles comme Michelin, Dunlop, Shell, Bosch, etc ... Ses affai-res étaient prospères. A 27 ans, il s'offrait une Bugatti Type 40 pour ses déplacements personnels, ou pour rejoindre les circuits.
L'automobile et la moto
Géo Ham connaissait la course automobile de l'intérieur, pour avoir participé à différentes compétitions, et démontrait ainsi si cela s'avérait encore nécessaire que sa passion était bien réelle. En 1932, il prenait part au Rallye de Monte Carlo. Sur cette compétition, il fut le navigateur de pilotes chevronnés jusque dans les années cinquante. En 1934, il pilotait une Derby lors de la mythique épreuve des 24 Heures du Mans aux côtés de l'ancien boxeur Louis Villeneuve.
Le monde de la moto ne le laissait pas indifférent, bien au contraire. On lui doit plusieurs couvertures pour Moto Revue. Là aussi, il s'imprégnait de l'ambiance des courses, allait à la rencontre des pilotes, sympathisait avec eux. A de nombreuses reprises, il travailla pour le Moto Club de France. Il savait dans ses oeuvres reproduire l'art du pilotage, mais aussi toutes les facettes d'une épreuve, qu'elle soit de vitesse ou d'endurance. On devinait sur ses compositions tous les détails qu'aucun autre n'aurait relevé. Aucun écrou de faisait défaut ! Comme Ernest Montaut au début du siècle, il savait par l'omission ou l'accentuation de détails simuler la vitesse des automobiles.
Source : leroux.andree.free.fr / vidéo : PL