Le 21 avril 2025, le pape François (1936-2025) est décédé à l’âge de 88 ans. Il était l’évêque de Rome, le chef d’État du Vatican et le 266e pape de l’Église catholique. Durant son pontificat, il ne s’est jamais déplacé sans sa papamobile, véhicule qui lui était exclusivement réservé lors de ses déplacements. Aussi appelée « Papamovil« , « Pausmobiel » ou encore « Popemobile« , cette voiture statutaire et iconique n’a pas eu qu’un seul visage ! Qui dit automobile atypique, dit aussi équipements spécifiques qui ont varié au fil des années et de ses utilisations. Reconnaissable par son blanc immaculé, son siège en hauteur et son immatriculation SCV1 (Stato Città del Vaticano), chaque exemplaire est digne des véhicules présidentiels, protégeant le pape lors de ses parades au sein du Vatican ou lors de ses voyages internationaux.
Les premières voitures pontificales : de la chaise à porteur à la papamobile
Avant le XXe siècle, pour ses apparitions publiques, le pape utilisait exclusivement des chaises à porteur appelées « sedia gestatoria » et des carrosses papaux qui sont désormais exposés au Pavillon des carrosses des Musées du Vatican. L’avènement de la Révolution industrielle et la naissance de la voiture révolutionnent les moyens de transports. L’histoire entre la Papauté et l’automobile commence par le don d’une voiture fait au pape Pie X (1835-1914), par l’évêque de New York, John Murphy Farley, en 1909, la première d’une longue série !
En effet, la papauté s’est vue offrir, en 1922, une Bianchi 155, puis en 1926, une Bianchi 20.
Hélas, aucune d’entre elles ne fut réellement utilisée par le pape. Quelques temps plus tard, Pie XI (1857-1939) se vit offrir par Felice Nazzaro, grand pilote italien de la première moitié du XXe siècle, une Fiat 525 N qui fut, par la suite, réquisitionnée par Benito Mussolini. En 1930, André Citroën lui fit cadeau d’une Citroën Lictoria C6, dont l’intérieur présageait déjà celui des futures papamobiles, avec son trône surélevé, son coloris bi-ton, ses chromes or et sa finition style XVIII. Malheureusement, trop ostentatoire, elle ne fut pas utilisée par le pape, son compteur ne relevant que seulement 192km. Elle fut alors stockée dans les Musées du Vatican.
Mais quelle voiture est la première papamobile ? Le pape Pie XI utilisa une limousine Graham Paige 837 que lui avaient offert les frères Graham, de la Graham Paige Motors Corporation basée à Détroit, pour se rendre à la basilique Saint-Jean-de-Latran, le 22 décembre 1929.
Elle sera également employée au transport du pape Pie XII (1876-1958), avant de rejoindre ses prédécesseuses avec quelques 48 000 kilomètres au compteur !
Pourtant, cette voiture n’est pas considérée comme la première papamobile (terme inventé par les médias anglophones en 1965). En effet, celle qui s’est vue attribuer le titre est une Mercedes-Benz W08 Type Nürburg 460 Pullman qui lui fut offerte par le constructeur allemand, Mercedes-Benz. Elle sera la première d’une longue série d’une soixantaine de véhicules.
Mercedes-Benz, le constructeur leader de la voiture papale.
La Mercedes-Benz W08 Type Nürburg 460 Pullman regroupe ce qui se fait de mieux en Allemagne, dans l’Entre-Guerre. Elle fut développée par Ferdinand Porsche et produite par Daimler-Benz via sa filiale autrichienne, Austro-Daimler.
Le modèle de série était équipé d’un moteur 8 cylindres en ligne à soupapes de 4 622cm3, couplé à une boîte manuelle à quatre vitesses, développant une puissance de 80ch pour une vitesse de point de 100 km/h. Les roues étaient suspendues à des essieux rigides soutenus par des ressorts à lames semi-elliptiques à l’avant et à l’arrière. Le freinage était assuré sur les quatre roues, grâce à une tringlerie mécanique assistée par un dispositif d’aspiration Bosch-Dewandre. En 1929, la Mercedes-Benz W08 fut entièrement retravaillée par le nouveau directeur technique de Mercedes-Benz, Hans Nibel. Il imagina une voiture dotée d’un châssis suspendu dont les longerons étaient situés sous la hauteur de l’essieu, facilitant ainsi l’accès à la voiture.
Son empattement resta toutefois inchangé, mesurant 3,6m, tout comme son moteur et la plupart des autres détails techniques. La version pontificale possède, tout de même, quelques spécificités dont un châssis allongé, un habitacle Pullman agrémenté de vitres blindées, de boiseries, d’une sellerie en cuir noir, d’un trône en soie, de commandes de transmission, d’un panneau de commande et de broderie « colombe ». C’est donc une voiture haut de gamme qui fut offerte au pape Pie XI, en 1930, en présence du Président de Daimler.
L’histoire d’amour entre la Papauté et le constructeur allemand n’allait pas s’arrêter avec ce seul modèle. En effet, la marque de Stuttgart est largement sur-représentée parmi les papamobiles. Elle a équipé la flotte papale de Jean XXIII (1881-1963), de Paul VI (1897-1978), de Jean-Paul II (1946-2005) et de Benoît XVI (1927-2022).
Nous pouvons notamment citer la Mercedes-Benz 300D convertible Landaulet de 1960 du pape Jean XXIII, équipée d’un bloc-moteur 3.0 de 160ch et du combo « marchepieds / vitres / siège papale électriques » associé à une cloison de séparation, la Mercedes-Benz 600 Pullman de 1965 de Paul VI avec son toit ouvrant, son interphone et son fauteuil pivotant ou encore la Mercedes-Benz 300SEL Landaulet/Pullman de 1966-1967 de Paul VI, parée de 6 places et de sièges pivotants.
Les papamobiles prennent une tout autre dimension avec la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II, en 1981. Les voitures pontificales se couvrent, se blindent et se vitrent. Mercedes-Benz modifie pour le pape son SUV, le Mercedez-Benz Classe G 230 « Papstwagen », arborant un logo Puch en Autriche, incluant le blindage des vitres et l’utilisation de la transmission intégrale lors des voyages à l’étranger. Il est équipé d’un 4 cylindres de 100/125ch, couplé à une boîte automatique.
Ce véhicule se pare également d’un coloris blanc/or, d’un dôme transparent climatisé et rehaussé de 40cm, d’un trône en cuir/laine blanc surpiqué d’or, de projecteurs latéraux et de marchepieds électriques. L’image mythique de la papamobile était née ! Amélioré avec l’aide des services secrets américains, lors de la visite papale aux Etats-Unis de 1987, ce modèle sera utilisé jusqu’en 2007. L’un de ces deux exemplaires est aujourd’hui exposé au Musée Mercedes-Benz à Stuttgart, en Allemagne.
La flotte papale est complétée, en parallèle, par une Mercedes-Benz 500SEL de 1985 et une Mercedes-Benz S500 Landaulet de 1997, équipée d’un toit rétractable, d’un bouclier, d’une cloison de séparation, d’un ajustement de l’espace arrière électriquement et de deux sièges supplémentaires rabattables pour un poids qui atteint 3 tonnes sur la balance !
En 2012, c’est au tour du fameux modèle Mercedes-Benz M/ML430 de devenir une papamobile.
Deux exemplaires furent livrés en main propre au pape Benoît XVI, équipés d’un trône amovible, d’une stéréo avec microphone et d’un bloc moteur thermique. C’est à bord de ce véhicule qu’il fit la majorité de ses déplacements à l’étranger, faisant de lui la papamobile la plus souvent utilisée. Doté d’une cabine vitrée spéciale et de sa propre alimentation en oxygène intégrée à l’arrière, le pape y rentrait par une porte arrière et gravissait plusieurs marches pour aller s’asseoir sur un fauteuil de cuir blanc aux finitions dorées !
Les autres constructeurs automobiles de papamobiles
Les voitures pontificales européennes
Les Italiennes au service du Pape
Bien que le Vatican soit indépendant de l’Italie, son histoire a toujours été étroitement liée. Il en est de même entre l’industrie automobile italienne et la Papauté. Ainsi, dans le sillage de la Bianchi 155 de 1922, de la Bianchi 20 de 1926 et de la Fiat 525N, les voitures italiennes furent toujours très prisées par le Pontificat.
Parmi toutes les italiennes utilisées par le pape, nous pouvons citer la Lancia Flaminia 335 de 1961, la Lancia Gamma, la Lancia Thésis Convertisable Jubileo ou encore la Fiat 500L (qui transporta le pape François lors de sa visite aux Etats-Unis, en 2015).
Mais la plus connue d’entre toutes reste la Fiat Campagnola de Jean-Paul II, qui lui avait été offerte en 1980. En effet, c’est dans cette voiture que le pape a été victime d’une tentative d’assassinat en mai 1981, la rendant ainsi tristement célèbre. Suite à cet incident, des modifications y ont été apportées pour protéger le pape, incluant une carrosserie blindée et les fameuses vitres-bulles conçues pour résister à des armes de tir puissantes.
Une climatisation y fut également ajoutée. Cette voiture fut réutilisée par le pape Benoît XVI lors de la messe inaugurale de son pontificat, en 2005.
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...