mardi 11 mars 2025

CLUB5A - REVUE DE PRESSE - Une Porsche de collection vendue 730.000 euros : enquête pour escroquerie à Arcachon

 

Un concessionnaire du Bassin d’Arcachon est accusé par un collectionneur luxembourgeois d’avoir dissimulé l’état réel de sa Porsche Carrera 911 2.7 RS Touring de 1973. 
Une partie de la somme a été payée en espèces, ce qui alimente les soupçons d’escroquerie. 
Une Porsche de collection qui vaudrait «seulement» 100.000 euros a-t-elle été vendue à 730.000 euros ? 
Tel est le soupçon qui pèse sur un concessionnaire du Bassin d'Arcachon, accusé par un collectionneur luxembourgeois de «tromperie» et ciblé par une enquête pour escroquerie. En 2015, cet homme d'affaires ayant fait fortune dans la promotion immobilière s'était offert une Porsche Carrera 911 2.7 RS Touring datant de 1973, célèbre modèle de la marque allemande doté d'un aileron arrière en «queue de canard». Le bolide vendu est présenté comme étant d'origine et doté d'un même numéro de série sur les principales pièces de la voiture («matching numbers»). D'après le plaignant, le prix de 730.000 euros est versé pour partie en espèces, à hauteur de 260.000 euros. Mais ce collectionneur, pris d'un doute, fait inspecter en 2018 le véhicule par le cabinet d'expertise allemand TÜV. 
Selon celui-ci, la voiture est une «réplique» qui ne présente pas des numéros de série identiques - ce qui suppose une moindre rareté, donc une moindre valeur. Il demande alors des comptes au concessionnaire, avant d'engager une procédure civile contre lui et de déposer une plainte pénale auprès du parquet de Bordeaux en 2019. «Vous avez acheté une Mercedes, on vous vend une 2CV !», s'indigne l'avocat du plaignant, Me Renaud Semerdjian, du cabinet Stas et associés. Paiement de grosses sommes en espèces «interdit» 
Le collectionneur affirme également avoir été informé tardivement du fait que le véhicule avait été «gravement accidenté par le passé». «Accidenté, ce n'est pas établi», répond Me Étienne Riondet, avocat du concessionnaire en pointant un argument «d'une banalité affligeante», surtout pour «une voiture qui a 50 ou 60 ans». «On dit : “La voiture a 60 ans mais il y a un truc de travers, etc.” Ben oui, il y a des trucs de travers. On a changé des pièces parce qu'effectivement, c'est très, très vieux !», souligne-t-il. Selon un prérapport d'expertise rédigé dans le cadre de la procédure civile, le prix d'un modèle non «matching numbers» serait d'environ 100.000 euros, soit sept fois moins que le montant déboursé par le plaignant. 
Ce dernier réclame donc 93.000 euros d'indemnisation sans compter le remboursement de son achat. «Expliquez-moi ce que veut dire “matching numbers”, déjà», réplique Me Riondet en assurant que le Code civil ne prévoit pas un tel concept. Le collectionneur «dit qu'il a payé des sommes importantes en espèces, ce qui est purement faux», déclarent à l'AFP les avocats du concessionnaire, qui assurent que leur client n'a «jamais accepté» de liquide en dénonçant une «méthode scandaleuse» de la partie adverse, destinée à «nuire». «Depuis 30 ans, notre client a vendu 3000 véhicules avec la plus grande intégrité», insistent-ils. 
Ils relèvent en outre que le paiement de grosses sommes en espèces est «interdit» par la législation française. Me Renaud Semerdjian, conseil du plaignant, fait valoir de son côté que «les règlements en espèces étaient licites au Luxembourg à cette date». Enquête pénale est «toujours en cours» Lors d’une audience technique tenue le 18 février, une juge du tribunal judiciaire de Bordeaux a ordonné la rédaction du rapport final de l’expert, écartant ainsi l’attente des assignations sollicitées par les avocats du concessionnaire à l’encontre de deux tiers : un musée privé autrichien, d’où provenait le véhicule, et un réparateur italien qui en aurait assuré la restauration. 
En parallèle, après la plainte déposée en 2019, une information judiciaire a été ouverte pour «escroquerie». Cette enquête pénale est «toujours en cours», a précisé mercredi à l'AFP le parquet de Bordeaux, sans mise en examen à ce stade. La société du concessionnaire, installée dans une ville huppée du Bassin d’Arcachon, avait pour actionnaire jusqu’en 2010 une entreprise luxembourgeoise, aujourd’hui liquidée. 
Cette société avait été fondée en 2006 par des entreprises enregistrées aux Seychelles, d’après des documents consultés par l’AFP. Le concessionnaire a été plusieurs fois condamné par le passé, notamment pour «dol», une pratique consistant à tromper un acheteur par des mensonges ou des omissions, comme lorsqu’il a dissimulé à un concessionnaire finlandais que le véhicule vendu n’était pas un modèle d’origine, selon un arrêt rendu en 2022 par la cour d’appel de Bordeaux. 
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...