samedi 8 février 2025

CLUB5A - REVUE DE PRESSE - Près de 35 millions d’euros pour la Ferrari 250 LM victorieuse au Mans

 

ENCHÈRES - En marge du salon Rétromobile, la neuvième Ferrari victorieuse dans la Sarthe a battu un record en vente publique. 
Tous les ingrédients d’un record étaient réunis : la première berlinette de course à moteur central arrière de Ferrari, la victoire aux 24 Heures du Mans 1965 sous les couleurs de l’écurie privée américaine du NART, la neuvième de la marque italienne dans la Sarthe et la dernière avant le retour de Ferrari dans la Sarthe en 2023 avec ses Hypercar 499P, une histoire limpide, et une vente spectacle dans le cadre du Carrousel du Louvre, durant la semaine de Rétromobile.
 Mercredi 5 février au soir, la salle a retenu son souffle. La maison RM Sotheby’s a adjugé au marteau la fameuse Ferrari 31 millions d’euros, soit 34,88 millions d’euros avec les frais. C’est un record pour une berlinette 250 LM. On se souvient qu’un modèle similaire avait été vendu 15 771 200 euros en juillet 2023 par la maison française Artcurial. La voiture n’avait pas le palmarès de l’exemplaire que la maison RM Sotheby’s a vendu hier. 
C’est le musée du Speedway d’Indianapolis qui se frotte les mains. Ses dirigeants avaient annoncé voici quelques mois confier la vente de quelques pépites de la collection américaine à la maison RM Sotheby’s en vue de financer des travaux d’embellissement au sein du musée. 

Samedi dernier, la Mercedes W 196 au volant de laquelle Juan Manuel Fangio a remporté le grand prix d’Argentine en 1955 est devenue la Formule 1 la plus chère de tous les temps, atteignant la somme faramineuse de 51,155 millions d’euros. Quant à la Ferrari vendue mercredi soir, dans la famille des trente-deux berlinettes 250 LM produites par l’artisan de Maranello entre 1963 et 1966, il y a le châssis 5893 et les autres. 
La 250 LM répertoriée 5893 est la plus célèbre de toute la série. Elle est entrée dans la légende en signant la neuvième victoire de Ferrari aux 24 Heures du Mans en à peine seize ans de présence. Entre 1949 et 1965, le constructeur italien a marqué la plus importante épreuve d’endurance au monde de son empreinte. Produite en 1964 et livrée aux États-Unis à l’importateur Luigi Chinetti, la LM 5893 est acquise par Madame Irene Young de Walton, dans le Connecticut. Avec son mari, elle possède déjà la LM n°5901. 
Aussi, la LM 5893 retourne assez rapidement chez Chinetti Motors. C’est alors que Chinetti décide de l’engager à l’édition 1965 des 24 Heures du Mans sous l’écurie North American Racing Team (NART) qu’il a créé. Au début de cette année-là, la LM revient en Italie où le carrossier Piero Drogo lui greffe un capot allongé. En 1965, la LM ne peut déjà plus jouer les premiers rôles en endurance. 
L’affichage s’annonce comme un nouvel épisode du duel Ferrari-Ford, 330 P2 contre GT 40. 
Pour ces deux adversaires, ce sera l’hécatombe. Les voitures officielles des deux constructeurs abandonnent les unes après les autres. Un autre scénario se dessine. La lutte pour la victoire se résume alors à duel de 250 LM : la jaune de l’écurie Francorchamps du belge Jacques Swaters et la rouge de l’écurie du NART dirigée par Luigi Chinetti. Au volant de la berlinette portant le numéro de course 21, l’écurie américaine a fait le pari de l’expérience et de la fougue. 
Le bouillant américain Masten Gregory partage le volant de la LM avec le jeune espoir et fougueux Autrichien Jochen Rindt. Après un début de course retardé par leur démarreur puis par leur condensateur, les deux pilotes n’ont d’autre stratégie que de foncer, pied au plancher. 
Dimanche midi, la LM rouge n’est plus qu’à un tour de la LM jaune. Dans le camp américain, on commence à y croire, d’autant que Rindt ne ménage pas sa monture, alignant les tours à une cadence de grand prix. Un déchapage de la LM jaune va finalement décider de la victoire. Gregory et Rindt triomphent avec une avance de près de six tours. 
Les deux pilotes ont eu chaud. Le différentiel, qui donnait déjà des signes de fatigue, perd toutes ses dents après le passage du drapeau à damiers. À la suite de son succès sarthois, la LM 5893 courra encore trois épreuves de 24 heures. 
 Au printemps 1970, le musée du Speedway d’Indianapolis décide d’en faire l’acquisition. La LM 5893 peut se diriger vers une retraite bien méritée. 
C’est sans doute l’une des LM parmi les plus authentiques. Espérons qu’elle ne rejoindra pas un musée et que nous pourrons la voir rouler et peut-être courir. 
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...