ACTUALITÉ - Jouant sur la corde sensible de la nostalgie, les deux dernières citadines électriques du groupe Renault, la R5 et l’Alpine A290, ont remporté le prix le plus prestigieux de l’industrie automobile. Le jury du «Car of the Year» composé de 60 journalistes européens, dont un membre de la rédaction du Figaro, vient de rendre son verdict. La R5 Electric et son dérivé de chez Alpine, la citadine sportive A290, qui concourraient ensemble pour le prix le plus ancien et le plus prestigieux de l’industrie automobile ont remporté le trophée 2025. Pour la deuxième année consécutive, le groupe Renault accède à la première place. Les deux françaises sont arrivées largement en tête avec 353 points. Suivent sur le podium la Kia EV3 avec 291 points et la Citroën C3 avec 215 points. De la 4e à la 7e place, on trouve : la Hyundai Inster, le Dacia Duster, la Cupra Terramar et l’Alfa Romeo Junior.
C'est un signe qui ne trompe pas. Dans la région niçoise, où s'effectuent les premiers tours de roue, la Renault 5 Electric ne soulève que des marques d'affection ou d'enthousiasme sur son passage. Les uns souhaitent la photographier, les autres veulent l'acheter sur-le-champ. Un phénomène qui ne se produit que très rarement et toujours avec des voitures populaires. La R5-mania serait-elle en train de gagner le paysage ?
Les coloris acidulés proposés pour les premiers essais - jaune et vert pomme - qui renvoient à sa mère née en 1972 - ne peuvent seuls expliquer le capital sympathie qu'elle soulève. Des tons plus sobres - blanc nacré, bleu foncé et noir - figurent aussi dans le nuancier mais, ce n'est pas courant, il faut retenir que seul le vert est gratuit. Les autres teintes sont facturées entre 600 et 800 euros. Pour accéder à la configuration bi-ton avec toit noir, il faudra ajouter 400 euros avec la finition Techno.
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Dans notre monde monotone et rasant, la R5 Electric apporte une bulle de fraîcheur. Au moment où l'aventure électrique reste à écrire, elle se veut rassurante. Tout le génie de cette voiture est de nous reconnecter à des formes familières qui ont enchanté nos parents et nos grands-parents avec des dimensions et une technologie qui nous installent dans notre époque.
La descendante d'une voiture qui, dans l'inconscient collectif, appartient à notre patrimoine roulant, contient tous les ressorts d'une réhabilitation de l'automobile.
Chargée de succéder à la ZOE
La R5 E-Tech Electric : on la voit, on la veut. Luca de Meo, le premier. Lorsqu'il prend les rênes de Renault début juillet 2020, armé d'une bonne dose de flair et d'audace, l'Italien réveille ce projet de citadine remisé par l'équipe précédente. La suite s'écrit dans les bureaux d'études et de style de la firme au losange. Transformer la maquette orange en modèle de série ne fut pas une mince affaire mais ce projet a eu le don de galvaniser toute l'entreprise. Gilles Vidal, le directeur du style, reconnaît que « conserver des proportions parfaites dans un gabarit aussi compact et avec des pneumatiques de 670 mm de diamètre fut un véritable challenge pour l'équipe ».
Chargée de succéder à la ZOE, qui a fait son temps, la R5 repose sur la plateforme CMF-B de la Clio, largement modifiée pour accueillir la batterie sous la partie centrale du plancher et un essieu arrière multibras.
Ultramince, la batterie de type NMC (nickel, manganèse, cobalt) permet de rester sous la barre du 1,50 m en hauteur. Autour d'une silhouette de 3,92 m de long, elle mélange judicieusement les traits de la R5, de la R5 Turbo et de la Supercinq. Autre emprunt au passé, la grille d'aération du capot sert désormais d'indicateur de charge.
Dispositif énergétique vertueux
La nostalgie s'invite aussi à bord. Le revêtement de la planche côté passager reprend le thème des stries verticales du modèle de 1972. Elles sont recouvertes de tissu, comme les contreportes. Son aspect plus cossu que le plastique invite à se demander pourquoi on n'y recourt pas plus souvent. On préférera le denim bleu de la finition Techno au jaune-vert du modèle Iconic Cinq facturé 2 000 euros de plus.
Les sièges enveloppants sont une évocation de ceux de la R5 Turbo.
L'ambiance n'en reste pas moins moderne, autour d'une grande dalle horizontale et incurvée intégrant l'instrumentation numérique et le système multimédia fonctionnant sous environnement Google. Le planificateur d'autonomie est facile à utiliser et circuler dans les menus est d'une grande simplicité. Renault a aussi eu la bonne idée de conserver des touches physiques pour la climatisation.
Pas de miracle à l'arrière mais l'habitabilité est à peine moins importante qu'à bord d'une Peugeot 208. L'espace est vraiment taillé pour deux personnes, la place centrale étant étroite. Quant au coffre, dans la bonne moyenne de la catégorie, il peut compter sur un espace sous le plancher pour ranger un câble de recharge.
Alors que la promesse d'une R5 Electric à 25.000 euros (hors bonus) obligera à attendre la version d'entrée de gamme à batterie de 40 kWh prévue début 2025, Renault lance d'ores et déjà la version supérieure avec moteur de 150 ch alimenté par des accumulateurs de 52 kWh.
L'autonomie de 410 km est réaliste. Sur un parcours varié, la consommation n'a pas dépassé 16,8 kWh/100 km et, en ville, elle s'est stabilisée à 12,8 kWh, ce qui porte le rayon d'action à 450 km.
Parfait compromis confort-dynamisme
La connexion à une borne rapide valide la puissance de charge de 100 kW annoncée. La présence sur la version 52 kWh d'un chargeur 11 kW bidirectionnel, une première à ce niveau de gamme, constitue l'un des principaux atouts de la R5. À condition d'adopter une borne Mobilize associée à un contrat d'électricité dédié, la R5 est en mesure d'alimenter votre domicile en énergie. Pendant la nuit, en heures creuses, la batterie se recharge au niveau programmé. Un dispositif vraiment vertueux.
La R5 n'a pas seulement une bonne bouille : son comportement offre un parfait compromis confort-dynamisme et ses accélérations permettent de s'insérer aisément sur une voie rapide.
Ce n'est pas une sportive, mais elle ne rechigne pas à s'aventurer sur une route tortueuse où la masse maîtrisée contribue à l'agrément. Si le freinage est facile à doser, on peut se dispenser de solliciter la pédale en activant le mode B de la transmission, qui génère du frein moteur. Ce n'est pas du luxe, un bouton de raccourci au tableau de bord permet aussi de désactiver la plupart des aides à la conduite qui passent leur temps à sonner.
À près de 130 km/h, en fonction de l'orientation du vent, des bruits aérodynamiques peuvent se manifester autour des rétroviseurs. Le tableau serait presque idyllique si la direction était mieux calibrée. À basse vitesse, en ville, elle manque de centrage et de rappel. Cela oblige à accompagner le retour du volant à sa position droite. Elle mériterait enfin un retour d'effort plus important sur la route.
Notre avis
Avec sa dernière citadine à batterie, Renault peut ressortir son slogan « des voitures à vivre ».
La nouvelle R5 semble avoir tapé dans le mille et trouvé la recette pour convertir le plus grand nombre à la propulsion électrique : une bouille craquante renvoyant à un modèle qui a marqué son époque avec 9 millions d'unités produites, une technologie dernier cri, une autonomie décente et un agrément de conduite au-dessus du lot et digne de la catégorie supérieure.
Beaucoup de gens se reconnaîtront dans cette voiture qui transcende les catégories sociales. Reste que la version essayée - 150 ch et batterie de 52 kWh - n'est pas à la portée de toutes les bourses. Il faudra attendre la version de base (90 ch, batterie de 40 kWh et autonomie de 310 km) pour être fixé sur l'accueil du modèle. Le niveau des incitations décidées par les pays européens aura également une incidence sur la carrière de la R5.
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...