Oui, calculez, ça frôle les 700 000 unités annuelles. Un succès commercial planétaire et une stratégie de conquête qui ne fait que commencer, les prochaines 410 Himalayan et 750 bicylindre (annoncée pour le Salon EICMA de Milan) étant appelées à être suivies de bien d’autres nouveautés.
Et pourtant, la marque a ses détracteurs : une technologie basique voire rétrograde (quoi, il n’y a pas de contrôle de traction, de shifter ou quatre cartographies moteur, c’est un scandale !), une puissance modeste, des performances objectivement limitées, bien que plus en plus en phase avec l’ère du tout répressif et la société du radar que nous vivons plus intensément chaque jour grâce à la horde de tartuffes perrichonophiles qui nous gouvernent.
Arguments futiles qui ne vont pas contre le succès croissant de ces machines. Royal Enfield, on commence à connaître un peu sur le Repaire : nous vous avons proposé l’an dernier l’essai d’une Classic Santal en version Euro3 ainsi que, plus anciennement, une Bullet Standard noire. Pour l’anecdote, cette dernière est ma moto perso, avec laquelle j’ai couvert plus de 13000 kilomètres (de bonheur, avec une virée à la lisière du Sahara en point d’orgue et avec comme tous soucis une ampoule de veilleuse grillée, des vis de clignotants à resserrer et une batterie décédée).
Parfait pour pouvoir comparer et jauger du bien-fondé de cette version Euro 4, non ?
Le gros avantage de la Royal Enfield, c’est qu’elle n’a pas à faire de gros efforts marketing pour s’inscrire dans la mode du néo-rétro ou du pseudo vintage. Elle, elle est légitime puisque son ADN remonte tout droit aux années 40. C’est le cas de la Bullet Standard (elle aussi passée Euro 4), dont la forme du cadre, la peinture et les logos sont en tous points identiques à ceux du millésime 1949.
L’apparition du frein à disque à l’arrière est la plus visible des nouveautés liées au passage à la norme Euro 4. Il vient également avec une centrale ABS, désormais obligatoire. Autre évolution, la selle passager désormais de série. Le moteur a bien entendu été adapté pour passer la norme de pollution avec un nouveau catalyseur et un mapping adapté. De même, le faisceau électrique a été revu et le bouchon de réservoir est plus étanche. Enfin, la typographie du compteur a changé et un témoin d’ABS fait son apparition.
De même, l’allumage des feux est désormais automatique. Conclusion La Royal Enfield, c'est l'art de se payer le luxe d'être hors des modes : parce qu'elle ne se force pas pour paraître, elle sait mieux enrober son être d'une robe au charme suranné et pourtant plus actuel que jamais.
On avait dit que les normes condamneraient les moteurs refroidis par air et pourtant le monocylindre culbuté passe les normes Euro 4 en étant plus souple que jamais, même si le caractère y a laissé quelques plumes (qui seront faciles à retrouver, au besoin).
Certes, à près de 6000 euros, on a des machines A2 plus performantes et bien plus rapides !
Mais ont-elles autant de charme que la Royal Enfield, qui par ailleurs soigne son budget par des coûts d'utilisation au ras des pâquerettes : ce n'est pas le carburant, ni l'usure des pneus, ni l'assurance, ni l'entretien (réglage des soupapes par poussoirs hydrauliques et une vidange tous les 6000 kilomètres) qui vont vous ruiner. Reste le plaisir de rouler sur cette machine historique et de se forcer à prendre le temps pour pouvoir l'apprécier pleinement.
Source : lerepairedesmotards.com - par Philippe Guillaume /MOTOR LIVE




