jeudi 20 novembre 2025

CLUB5A - REVUE DE PRESSE - Faut-il interdire les phares de voitures trop éblouissants, comme l’envisagent nos voisins britanniques

 

Alors que le Royaume-Uni travaille à faire évoluer sa réglementation à propos des phares de voitures, les conducteurs français témoignent eux aussi d’un éblouissement croissant sur les routes. 
Comment y remédier ? 
Sur les forums automobiles, des témoignages se superposent. 
«Je possède une Peugeot 308 plutôt basse et je suis constamment ébloui chaque fois que je croise un véhicule récent, notamment les SUV », confie un automobiliste. «Parfois, cela m’empêche de voir la route, surtout si un autre véhicule derrière moi éclaire mes rétroviseurs et inonde mon habitacle de lumière. 
Je considère cela très dangereux». 
Un autre conducteur partage sa confusion : «L’autre jour, je pestais après tous ces conducteurs qui roulaient en plein phare et qui m’éblouissaient au point que je ne voyais rien. En fait non, c’est juste les phares récents. Le pire, ce sont quand ils prennent des dos-d’âne». Sur les routes de campagne, ce phénomène est préoccupant. «Je me retrouve facilement éblouie au point de ne parfois plus voir les balises fluorescentes dans les virages», témoigne une dernière conductrice. C’est un problème, dont le législateur n’a pas encore pris la mesure en France. Le Code de la route réglemente l’usage des feux de route et interdit formellement aux conducteurs de gêner ou d’aveugler les autres usagers. Pour les feux de croisement, l’article R313-3 du Code de la route précise également que la lumière projetée ne doit pas être éblouissante. 
 Des normes qui éblouissent Seulement voilà, les phares vendus doivent respecter la norme internationale ECE R149, qui fixe des limites d’intensité lumineuse : entre 27.000 et 43.800 candelas (unité d’intensité lumineuse, NDLR) pour les feux de croisement selon la classe, et un maximum de 215.000 candelas par phare pour les feux de route. 
Pour autant, ces normes mesurent l’intensité lumineuse technique en candelas, mais pas la luminance perçue en candelas par mètre carré (cd/m²), qui détermine réellement l’éblouissement ressenti par les autres usagers. 
 Le problème a été soulevé outre-manche, où le ministère des Transports britannique a commandé une étude approfondie au cabinet d’étude TRL. 
Elle révèle que 97% des conducteurs britanniques sont régulièrement ou parfois distraits par les phares des véhicules venant en sens inverse. Plus de la moitié des conducteurs ont arrêté ou réduit leur conduite nocturne en raison de l’éblouissement. Pour mieux comprendre, ces chercheurs ont étudié la luminance des voitures, et donc l’éblouissement effectif qu’elles créent. La luminance maximale moyenne des phares atteint 15.860 cd/m², avec des pointes à 63 566 cd/m², bien au-delà d’un seuil acceptable fixé à 40.000 cd/m². Ce seuil est «fréquemment dépassé, surtout dans certaines configurations de route : montées, virages, croisements de SUV , conditions humides», précise l’étude. Pourquoi est-on ébloui sur la route ? Les chercheurs ont identifié les principaux facteurs d’éblouissement. La luminance élevée des phares représente 23% du problème, tandis que le type de véhicule pèse pour 20%. Neuf des dix véhicules les plus associés à l’éblouissement sont des SUV, et huit sur dix sont équipés de LED. 
 Lors d’un débat parlementaire du 29 octobre 2025 à Westminster Hall, le député britannique Martin Wrigley (libéraux-démocrate) alertait ainsi : «les phares à LED peuvent être jusqu’à 10 fois plus lumineux que les ampoules halogènes traditionnelles, et l’éblouissement qu’ils produisent peut entraîner un stress lumineux nécessitant un temps de récupération allant jusqu’à 30 à 60 secondes. C’est une période très longue pour conduire pratiquement à l’aveugle». Au Royaume-Uni, une nouvelle réglementation entrera en vigueur en septembre 2027, imposant un système de réglage automatique des phares. Ce dispositif ajustera automatiquement l’orientation des feux en fonction de la charge du véhicule, que des passagers soient assis à l’arrière ou que le coffre soit chargé. Faut-il changer les normes internationales ? 
Lors du même débat parlementaire, le sous-secrétaire d’État aux Transports, Simon Lightwood, a justifié cette décision. «Nous savons que de nombreuses personnes s’inquiètent de l’éblouissement des phares et que certains conducteurs choisissent de ne pas conduire la nuit en raison de ses effets. Bien que les statistiques de la police sur les accidents de la route n’indiquent pas d’augmentation des collisions dues à l’éblouissement des phares, ce problème peut entraîner un isolement social». 
 D’autres mesures accompagnent cette réforme : des amendes de 1000 livres sterling, 1130 euros, pour la vente d’ampoules illégales, des campagnes d’information sur les situations à risque. Le gouvernement britannique, souhaite également encourager des modifications de la réglementation internationale quant à l’éblouissement maximal que peuvent provoquer les véhicules. À suivre. 
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...