Le Garage du cœur, la rubrique auto rétro de “M”, revient sur l’épopée de cette star des tout-terrain née après-guerre, qui connut de nombreux adeptes, des agriculteurs à la reine d’Angleterre.
Si la Jeep est la mère de tous les 4x4, le Land Rover Defender restera comme son rejeton le plus attachant.
Après une carrière longue de cinquante-sept ans, ce tout-terrain British jusqu’au bout des pneus cessera dans les prochaines semaines d’être fabriqué dans l’usine de Solihull et sera remplacé en 2016 par un modèle aussi performant en matière de franchissement mais bien plus « distinctif », selon le constructeur. On attend de voir… D’où l’organisation d’une tournée d’adieu qui passera samedi 21 novembre par le circuit de Montlhéry, près de Paris, où se retrouveront quelque 600 Defender de tous âges. Une manifestation « privée » réservée (et encore, sur inscription préalable !) aux seuls propriétaires d’un modèle Land Rover. Une approche nombriliste en complet décalage avec la personnalité empathique de la voiture.
Ce véhicule fait partie de ceux – ils sont rares – à avoir créé une marque. L’appellation Land Rover, que l’on peut traduire par « nomade », vint naturellement à l’esprit des frères Spencer et Maurice Wilks quand ils créèrent le modèle, juste après la seconde guerre mondiale. A ces deux dirigeants de la marque Rover, il n’avait pas échappé que les Jeep réformées par l’US Army rencontraient un joli succès dans le monde rural.
La légende veut qu’en villégiature au pays de Galles, ils aient ébauché la silhouette du futur tout-terrain sur le sable d’une plage. Une autre version soutient que c’est en Ecosse que le croquis fondateur aurait été esquissé. Conçu sur le châssis d’une Jeep Willys, le premier Land Rover est présenté au salon d’Amsterdam en 1948. Si la Jeep est la mère de tous les 4x4, le Land Rover Defender restera comme son rejeton le plus attachant.
Après une carrière longue de cinquante-sept ans, ce tout-terrain British jusqu’au bout des pneus cessera dans les prochaines semaines d’être fabriqué dans l’usine de Solihull et sera remplacé en 2016 par un modèle aussi performant en matière de franchissement mais bien plus « distinctif », selon le constructeur. On attend de voir… D’où l’organisation d’une tournée d’adieu qui passera samedi 21 novembre par le circuit de Montlhéry, près de Paris, où se retrouveront quelque 600 Defender de tous âges. Une manifestation « privée » réservée (et encore, sur inscription préalable !) aux seuls propriétaires d’un modèle Land Rover. Une approche nombriliste en complet décalage avec la personnalité empathique de la voiture.
Ce véhicule fait partie de ceux – ils sont rares – à avoir créé une marque. L’appellation Land Rover, que l’on peut traduire par « nomade », vint naturellement à l’esprit des frères Spencer et Maurice Wilks quand ils créèrent le modèle, juste après la seconde guerre mondiale. A ces deux dirigeants de la marque Rover, il n’avait pas échappé que les Jeep réformées par l’US Army rencontraient un joli succès dans le monde rural.
Ses formes sont découpées à la serpe, son pare-brise scindé en deux, ses phares serrés autour de la calandre et le volant est installé en position centrale. Cette dernière caractéristique ne sera pas pérennisée mais n’empêchera pas le Land de pouvoir accueillir trois personnes de front… à condition que l’homme-sandwich installé au milieu se propose de manier le levier de vitesses. La vocation du Land Rover, comme tous les quatre-roues motrices de l’époque, est clairement utilitaire.
L’armée britannique, qui passe les premières commandes, va assurer le démarrage de la production mais les agriculteurs, les pompiers, les services de secours ou les forestiers vont vite l’adopter, et pas seulement au Royaume-Uni. Le Land (à châssis long) est la seule voiture que la reine Elizabeth tient à conduire elle-même, foulard sur le chef, sur les chemins pas toujours carrossables de sa propriété de Balmoral, en Ecosse.
Avec sa pelle de désensablement, le « Land » est à son affaire sur les pistes défoncées de l’Afrique, parmi les congères des Alpes (et des Highlands, bien sûr) ou les fondrières formées par les moussons d’Asie. Dans son sillage naît un imaginaire d’aventurier et de dur à cuire qui sera magnifié par les chromos ripolinés du Camel Trophy et vaudra au tout-terrain anglais une brillante carrière sur petit et grand écran.
Il construit sa popularité dans
la série « Daktari », sera de pratiquement tous les James Bond et assurera le rôle, après quelques transformations, de voiture officielle de Lara Croft au cinéma. La mode du 4x4 urbain, à partir des années 1990, ne va guère gêner la carrière du Land Rover, trop rustique (et pas assez fiable, persiflent certains) pour se prêter à un détournement « lifestyle ». De toute façon, le vrai chic tout terrain, c’est l’affaire du Range Rover.
Il ne viendrait pas à l’idée du gentleman-farmer d’enfiler un smoking et de sauter au volant de son Land qui sera renommé Defender en 1990, époque à laquelle la marque commence à élargir sa gamme. Le Land conserve sa clientèle de professionnels du baroud et d’amateurs de randonnées dans la boue. A condition de chausser les bons pneus, il passe absolument partout.
C’est tout juste s’il ne grimpe pas aux arbres. En revanche, hors de son biotope, le Defender perd tous ses moyens. En ville, il est bien trop encombrant et son rayon de braquage lui interdit de jouer les frimeurs. Sur route, sa suspension archi-raide et sa direction parfaitement flottante rendent sa conduite pour ainsi dire « camionnesque ».
Au bout d’une heure ou deux sur autoroute, les occupants (surtout ceux assis sur une banquette latérale, alignés dans le sens de la marche) implorent une trêve, le dos en miettes, saoulés par le grondement de la mécanique.
Et alors ? C’est pour ça qu’on l’aime. Comme sa cousine la Mini Austin, voila une voiture que l’on adore pour ses défauts. Allez comprendre…
Source : lemonde.fr Par Jean-Michel Normand