mardi 7 janvier 2025

CLUB5A - REPORTAGE AUTO - Citroën marque préférée des présidents français !!

La marque aux chevrons a une longue histoire avec les chefs d’Etat de l’Hexagone. Et compte bien la poursuivre. Question grandes limousines d’apparat, les constructeurs français n’égalent pas ceux d’Allemagne, du Royaume-Uni, voire d’Italie. Mais le prestige d’être sélectionné pour transporter le monarque républicain lors de ses sorties officielles n’en est pas moindre et il représente un enjeu réel. Chez nous, l’histoire des voitures présidentielles désigne une marque favorite – Citroën – pour services rendus. La Traction fut pratiquement élevée au rang de compagnon de la Résistance et la DS à suspension hydropneumatique fut le dernier rempart du général de Gaulle lors de l’attentat du Petit-Clamart, en 1962. 
 L’attentat contre le général de Gaulle, le 22 août 1962 à Clamart. Carrossée par Chapron, la SM rallongée et découvrable (1972) de l’ère Pompidou reste à ce jour le plus glamour des carrosses de la Ve République. Cette aura n’a pas toujours suffi. Après un double septennat du très peu citroënophile François Mitterrand, le chiraquisme doit rétablir Citroën dans ses droits. En 1995, le soir de son élection à la présidence de la République, Jacques Chirac traverse Paris avec sa CX Prestige personnelle. Et, le 14 juillet 2005, la toute nouvelle C6 est dévoilée lors des cérémonies officielles, précédée par un peloton de motards formant un double chevron. Pour Sarkozy, la valse des constructeurs.


Mais, en 2007, l’élection de Nicolas Sarkozy rebat les cartes. Le nouvel élu veut prendre ses distances avec les symboles de la chiraquie. Le 16 mai, sa remontée des Champs-Elysées s’effectue à bord d’une voiture découverte assez improbable : du musée Peugeot de Sochaux (Doubs), les collaborateurs du nouvel élu ont fait exhumer le concept-car 607 Paladine, présenté sept ans auparavant au salon de Genève, dont le toit rigide peut découvrir la seule partie arrière à la manière d’un landaulet d’antan. Une fois son périple Elysée-Arc de Triomphe accompli, la Paladine retrouvera définitivement le musée. 
 Lire aussi : La limousine de Nicolas Sarkozy Pour le reste de son quinquennat, Nicolas Sarkozy – guère intéressé par la chose automobile – se partagera entre Renault Vel Satis, Peugeot 607 et Citroën C6. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait, lui aussi, rompu avec la citroënomania gaullienne en choisissant comme véhicule officiel une Peugeot 604 marron et en prenant un malin plaisir à se faire photographier au volant de modèles de la marque au lion. A l’approche de la présidentielle de 2012, Citroën décide de préparer sa revanche. A la direction du garage de l’Elysée, la marque au double chevron propose un modèle spécialement conçu pour la cérémonie d’investiture. La concurrence est au creux de la vague. 
La Peugeot 508 est sortie en 2011 mais elle est destinée davantage aux préfets qu’aux hautes personnalités. Renault, en pleine refonte de son haut de gamme, ne peut proposer qu’un modèle fabriqué… en Corée par sa filiale Samsung. Citroën propose de rompre avec la tradition de la limousine trois volumes : la DS5 s’avère un curieux mélange entre une berline et un break, doté, en supplément d’âme, d’une motorisation hybride (diesel et électrique). Pour Hollande, se faire prêter plutôt qu’acheter « L’idée a vite germé de proposer quelque chose de nouveau : une voiture présidentielle hybride. C’était une façon de mettre en valeur l’industrie automobile française », estime Olivier Desserprit, qui assure depuis 2010 le suivi des relations entre la marque et la présidence. 
Pas vraiment altière mais supposée environnementalement correcte (aujourd’hui, la présence d’un moteur diesel serait rédhibitoire), la DS5 Hybrid4 est adoubée par le Château. C’est une jolie vitrine qui se profile, mais à une condition : que Nicolas Sarkozy ne soit pas réélu car la tradition veut que le président reconduit dans ses fonctions se passe de cérémonie d’investiture. Pour ce qui le concerne, François Hollande, en tout cas, n’a rien contre la DS5. Bien au contraire ? En septembre 2011, visitant l’usine PSA de Sochaux dans le cadre de la campagne pour la primaire socialiste, il en avait fait l’apologie. « C’est le véhicule des présidents de la République, celui du général de Gaulle (…).
 Je suis en route pour le plus loin possible, j’espère qu’ils ont fait le plein », avait-il lancé. Le mercredi suivant la victoire de François Hollande, une DS5 est confiée à une entreprise extérieure – dont le nom doit rester confidentiel – pour être transformée en voiture d’apparat. En trois jours, le toit est découpé puis équipé d’une capote électrique, une barre de maintien gainée de cuir installée pour que le passager puisse se tenir debout et des protections spéciales – mais pas un blindage complet – intégrées. 
Le président nouvellement élu découvre ce modèle et donne le feu vert. Le jour venu, sur les Champs-Elysées une pluie battante gâche la fête mais François Hollande reste stoïque, debout dans sa découvrable dont on retrouvera le cuir pleine fleur de la banquette noyé sous deux centimètres d’eau. Le nouveau président, François Hollande, aux Champs-Elysées… sous la pluie. Exposée le soir même au C42, le drugstore Citroën des Champs-Elysées, la DS5 séchera ses sièges sous la chaleur des projecteurs. Le lendemain, rien n’y paraissait, assurent les techniciens de la marque. Depuis lors, la DS5 amphibie de François Hollande a rejoint le Conservatoire Citroën, le musée semi-public que la marque a constitué à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) mais le président de la République utilise régulièrement deux DS5 Hybrid4 dûment blindées pour ses déplacements. 
 Ces deux modèles – qui, nouveauté du quinquennat Hollande, sont prêtés et non plus vendus par le constructeur – portent désormais les seules couleurs de DS, devenu une entité indépendante de Citroën depuis 2014. Pour 2017, la marque compte bien soumettre aux responsables du parc automobile de l’Elysée une nouvelle proposition de voiture d’apparat. Et peut-être profiter de l’occasion pour dévoiler la future grande berline que prépare DS.
Source : Direct Auto-lemonde.fr