J’ai même vu un type qui exposait fièrement son tatouage issu d’une obscure triade asiatique et qu’un ami chinois m’a traduit par un laconique : pourquoi s’est-il fait tatouer « Toilettes pour Hommes » sur le bras ?
Et que dire de leurs autos : ce qu’ils appellent « un art de vivre » n’était au temps de sa production que ce qu’il y avait de moins cher sur le marché. Tous les acheteurs rêvaient à l’époque d’autre chose de plus beau, de plus confortable, de plus rapide, de plus étanche, de moins bruyant… Mais bon, on avait les moyens ou pas et la 2 CV garde quand même une petite bouille sympathique. Aujourd’hui, ils sont nombreux à lui vouer un véritable culte et n’hésitent pas à la « personnaliser » pour sortir du lot, au point de les faire passer parfois pour un autocar pakistanais !
On assortira le tout d’une étude poussée sur le mélange et le choix des couleurs de la carrosserie, voire de modifier légèrement celle-ci en découpant les ailes, tout est possible, rien ne les rebute avec ceci de particulier que dès qu’une « nouveauté » esthétique apparaît, elle est immédiatement copiée par les milliers de deuchistes avoisinants, cultivant ainsi leur différence. Mais ce que les deuchistes préfèrent, ce sont bien sûr les « concentres » où l’on va fièrement arborer le béret de son club, retrouver ses amis, comparer les autos, se plaindre du prix et de la qualité des pièces (même quand on lui donne, le deuchiste trouve que c’est encore trop cher) et surtout, surtout… faire des apéros !
Moment convivial où l’on sort des alcools de derrière les fagots, souvent anisés et parfois artisanaux. C’est son côté franchouillard et écolo, au deuchiste, car, en dépit de posséder une auto qui émet autant de CO2 qu’un T34 soviétique à l’assaut de Berlin, il reste soucieux de l’environnement. D’ailleurs, depuis le temps qu’elle roule dans nos campagnes, la 2CV ne fait-elle pas partie du paysage ?
Source : Thierry DUBOIS - Deuche bamboo