vendredi 7 juin 2024

CLUB5A - REPORTAGE - Les tracteurs et le sillon de la collection ...

Le Citroën Type J. 
Du Fiat Versatile, un laboureur de 14 tonnes, au Lamborghini R340, best-seller du début des années 1970, Rétromobile présente du 5 au 9 février vingt-quatre engins agricoles, du genre spectaculaire. Tout sauf sectaires, les amateurs de véhicules anciens apprécient aussi les engins professionnels. Après le gros succès remporté en 2019 par le Berliet T100 (1957), alias « le géant du désert », la 45e édition de Rétromobile (du 5 au 9 février) rendra hommage à un autre genre de beauté utilitaire. Quelques semaines avant le Salon de l’agriculture qui se déroulera du 22 février au 1er mars, le Palais des expositions de la porte de Versailles va recevoir un plateau composé de vingt-quatre tracteurs agricoles, dans le genre spectaculaire. 
Le tracteur P312 de Porsche. Retromobile
Les organisateurs ont centré leur propos sur les réalisations de marques toujours en activité. Le plus imposant du lot est le Fiat Versatile, un laboureur de 14 tonnes. Toujours utilisé dans l’est de la France, il est particulièrement adapté pour préparer la terre avant les semis. Les plus surprenants sont les trois tracteurs Porsche. La marque créée par l’ingénieur à l’origine des premières Volkswagen avait déjà travaillé sur des prototypes, avant-guerre. Elle est priée, après les hostilités, de développer son savoir-faire dans le domaine agricole parallèlement à la production de voitures de sport. Jusqu’en 1963, il naquit toute une série de petits engins souvent destinés à la viticulture. On remarquera surtout le P312 dit « tracteur du café ». 
Essentiellement mis en service au Brésil et d’autres pays d’Amérique du Sud, il ne mesure pas plus de 1,15 m de large afin de pouvoir se glisser entre les rangs des caféiers. Sa carrosserie profilée à la manière d’une locomotive n’a pas été sculptée sous la pression des ingénieurs aérodynamiciens mais pour permettre aux branches de glisser sur sa peau métallique sans se casser. Son unique phare donne un curieux air de cyclope à ce minitracteur animé par un modeste bicylindre diesel refroidi par air. Un choix technique qui fait étrangement écho à la Volkswagen Coccinelle. Une passion envahissante Le Lamborghini R340 (on appréciera la poésie des dénominations en vigueur dans le machinisme agricole) rappelle que les racines de la marque italienne de modèles hypersportifs plongent profondément dans la glaise. 
Marque de tracteurs avant d’être une marque de frimeurs, Lamborghini présente ici son best-seller du début des années 1970. Un engin léger adapté aux petites parcelles et aux terrains pentus qui connut un grand succès dans les champs méridionaux. Le chemin étant décidément court entre compétition automobile et travaux des champs, l’exposition présentera également des tracteurs Mercedes, Alfa-Romeo et Aston-Martin. Le doyen du plateau est un Fordson F américain de 1917, premier tracteur produit à la chaîne et alter ego de la Ford T dans le domaine agricole. Le made in France sera représenté par deux Renault. Un HI de 1920, tout juste centenaire et récemment restauré. 
Bête de somme, il pouvait tout faire, y compris tracter les péniches le long des canaux. L’autre tracteur au losange, présenté « dans son jus », date des années 1950 et dispose d’un système dit « Rotapede », associant roues et chenilles pour réduire la pression au sol. Restauré par la marque, figure aussi un très rondouillard Citroën Type J à quatre roues motrices. Un prototype développé juste après la seconde guerre mondiale mais qui ne fut jamais mis en production. 

 « Les collectionneurs de tracteurs sont plus jeunes et plus nombreux qu’on pourrait le penser. 
Beaucoup continuent à les utiliser pour apporter de la paille aux chevaux et ils sont aussi de sortie, l’été, pour participer aux nombreuses fêtes de la moisson », s’enthousiasme Christophe Routier, qui a réalisé le plateau exposé à Rétromobile. Une passion de plein air rapidement envahissante qui exige une grange entière. Le collectionneur, fût-ce de tracteurs agricoles, se contente rarement d’une unique acquisition.
Source : lemonde.fr -