dimanche 19 mai 2024

CLUB5A - REPORTAGE AUTOS - La restauration des véhicules anciens, un secteur qui embauche...

Le marché de la voiture ancienne représente environ 4 milliards d’euros. En 2025, plus de la moitié des professionnels du secteur auront dépassé l’âge de la retraite. Ils cherchent à embaucher et former leurs remplaçants. Préparez vos marteaux à bomber le verre, et autre canulars de mécaniciens: alors que la Journée Nationale des Véhicules d’Époque se tient ce dimanche 28 Avril dans toute la France, les professionnels de la restauration automobile ont besoin de recruter. Selon un rapport de la Fédération Française des Véhicules d’Époque, le marché des véhicules de collection générait ces dernières années un chiffre d’affaires annuel estimé à 4 milliards d’euros au moins, un chiffre déjà «probablement sous-estimé» à l’époque et qui l’est sans doute plus encore aujourd’hui. 

Au moins 20.000 emplois directs reposeraient sur les 800.000 véhicules anciens des Français. Un parc qui représente 1,5% des véhicules en circulation, mais seulement 0,15% de la distance parcourue chaque année en France. Nous parlons donc ici d’autos et motos choyées par leurs propriétaires. Sans parler des restaurations de plus en plus en fréquentes: les prix ayant eu tendance à grimper ces dernières années, nombreux sont les propriétaires d’anciennes garées au fond d’une grange qui se lancent dans une remise en état, moins absurde économiquement que par le passé. Conséquence, les garagistes, carrossiers et autres professions liées à l’automobile connaissent souvent une accélération de leur activité lorsqu’ils s’ouvrent à la voiture ancienne, et même s’ils s’occupent des «youngtimers», ces véhicules de moins de 30 ans d’âge mais déjà considérés comme «collector». 
La mécanique automobile peut s’apprendre par un cursus classique (CAP, Bac professionnel ou BTS mécanique), mais ce dernier n’offre pas de spécialisation officielle en restauration ou entretien de vieux véhicules. Certains organismes offrent toutefois des sessions de formation et occupent un créneau encore bien désert. Le Conservatoire National des Vehicules Anciens (CNVA) basé à Antony propose ainsi un cursus long (10 mois à temps plein) «dans le respect de la charte de Turin» (les lignes directrices de la Fédération internationale des véhicules anciens). Au programme: mécanique, carrosserie, soudure, formage, électricité, sellerie, mais aussi gestion, aspects juridiques, histoire de l’automobile, anglais technique, etc. Pour l’instant, la formation longue du conservatoire n’est pas reconnue, mais l’équipe déclare qu’une démarche a été enclenchée, avec de bons espoirs d’obtenir un Visa du Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Enseignement Supérieur. Quoi qu’il en soit, le CNVA revendique un taux d’emploi de 100% à l’issue de son cycle de formation. 
Les élèves sont jeunes ou moins jeunes, étudiants toujours versés dans l’automobile comme cadres en reconversion. Pour la promotion en cours, le CNVA a reçu plus d’offres d’emploi que d’étudiants. Jérôme Salva, de l’atelier Porsche JS Speed Shop, témoigne auprès du Figaro de l’intérêt de la formule, en l’absence de formation reconnue: «nous avons de plus en plus de travail. Nous avons contacté le CNVA lors du salon Rétromobile, et de là, nous avons fait des recrutements chez eux». L’entreprise pourrait embaucher le stagiaire actuel. L’absence de diplôme officiel, et la nécessaire période de professionnalisation à prévoir? «On sait tout cela, et cela ne nous pose pas de problème. 
Notre recrue est un passionné, même s’il ne sait pas tout. C’est ce qu’on cherche». Pour d’autres, l’objectif est de mettre en place une formation complète, avec une facilitation de l’apprentissage, à la fois pour les jeunes, en manque de structure dédiée, et pour les employeurs, souvent seuls (52% des entreprises du secteur n’ont qu’un salarié). C’est l’ambition d’Hubert Haberbusch, carrossier en Alsace, qui a été nommé Maître d’art par la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Il est le premier dans la catégorie «restaurateur de véhicules anciens», comme il était le premier de ce secteur à recevoir le label «Entreprise du Patrimoine Vivant». 

Chef d’entreprise, il embauche des compagnons du devoir, des stagiaires de différentes écoles (dont l’école Boulle pour le travail du bois, souvent présent dans les véhicules anciens), mais souligne que les pouvoirs publics devraient s’intéresser à la formation: «le principe du binôme comportant une personne d’expérience formant un jeune est pertinent, mais il faut aider l’employeur, car il doit supporter le coût et le temps nécessaire à la montée en savoir-faire». L’intérêt? Participer à la transmission d’entreprise, alors que d’ici 2025, plus de la moitié des professionnels du secteur auront dépassé l’âge de la retraite. Et aider un marché en plein essor: «ce sont des emplois non délocalisables, et des savoir-faire dont les débouchés vont perdurer».
Source : le figaro.fr - Studyrama