Au Tour de France Automobile 1964, les Mustang signent un doublé en catégorie Tourisme. Dans les années qui vont suivre, les GT40 mettront la main sur les 24 Heures du Mans, assurant à la marque une publicité sans précédent. Dans ce contexte, Ford Europe a tout intérêt à commercialiser un modèle sportif destiné au grand public. Cette idée, qui fait également son chemin outre-Atlantique, aboutira à la mise à l’étude de celle que beaucoup considéreront comme une petite Mustang.
En prime, elle sera vendue à un tarif extrêmement concurrentiel. Pour une clientèle populaire Les moteurs choisis existent déjà, ils sont issus de la grande série, ce qui permet de réaliser de grandes économies tout en rassurant le public sur la fiabilité et la facilité d’entretien. Au contraire des coupés Alfa Romeo ou Lancia, la Capri ne joue pas les bourgeoises sophistiquées. Ford veut séduire une clientèle plus populaire, soucieuse de donner le change auprès du voisinage ou bien désireuse d’épater les filles du quartier.
La Capri en jette. Même avec son petit 1 300 cm3 de 53 ch perdu sous l’interminable capot, elle fait joliment illusion. Présentée au Salon de Bruxelles en janvier 1969, cette nouveauté démarre sa carrière sagement, avant de s’encanailler avec l’adoption d’un V6 de 2 litres de cylindrée porté à 2,3 litres et fournissant 108 puis 125 ch. De leur côté, les Anglais de Ford iront beaucoup plus loin en logeant un V6 Essex 3 litres de 138 ch sous le capot. Mais ce sont leurs collègues allemands qui décrocheront la timbale en produisant celle qui demeurera LA véritable Capri sportive.
Une carrosserie allégée Baptisée 2600 RS, elle sort en mars 1970, après le Salon de Genève, mais n’est d’abord produite qu’à 50 exemplaires et réservée à des clients compétiteurs. Dotée d’une carrosserie très allégée (900 kg), d’un V6 porté à 2,6 litres et d’une injection mécanique, elle se présente comme une bête de course sans concession. Ce que le public ne sait pas encore, c’est qu’elle préfigure un modèle de série à peine civilisé. Il faudra toutefois attendre septembre 1971 pour que soit donné le feu vert à la commercialisation des 2600 RS “officielles”.
Plus proches d’une voiture de tourisme que d’un bolide de course, ces dernières vont perdre les éléments en polyester et les glaces en Perspex, mais les doubles optiques rondes seront conservées. Celles-ci resteront l’un des principaux signes distinctifs des RS, tout comme les jantes alu Richard Grant à quatre bâtons de six pouces de large. Mécaniquement, la 2600 RS se singularise avant tout par son alimentation par injection mécanique Kugelfischer. En 1971, ce procédé sensationnel confère un réel prestige au coupé Ford. La puissance annoncée est de 150 ch, mais en réalité, le V6 abrite une quinzaine de chevaux supplémentaires et un caractère entier qui le rend particulièrement démonstratif.
Et vorace ! Les liaisons au sol sont remaniées, en particulier le train arrière allégé dont les ressorts semi-elliptiques ne comptent plus qu’une lame sur les trois montées sur les autres Capri. A l’intérieur, le traitement est à la fois cossu et sportif. Uniformément noir, l’habitacle bien fini comporte deux vrais sièges baquets qui ne sacrifient rien au confort. Cette 2600 RS Mk 1 sera remplacée, en mai 1972, par la version Mk 2 que l’on appellera après-coup Mk 1 et demie. Sur cette nouvelle variante, quelques modifications mécaniques viennent civiliser le moteur initial jugé trop caractériel et surtout très gourmand en supercarburant. L’injection type B1 est abandonnée au profit d’une variante type C1 nettement plus adaptée à une auto de route.
Source : GAZOLINE / Hugues Chaussin - Autogefühl