Nous sommes en 1985, Peugeot en grandes difficultés, a trouvé sa championne, la 205. Mais il reste du travail pour sauver la marque et Peugeot ne peut ignorer plus longtemps le plus gros segment en Europe, les compactes. Pendant ce temps, la marque Talbot est au bord du gouffre. Peugeot va refaire le coup de la GTI. Le catalogue Peugeot de ce début des années 80 comporte la citadine 104, vieillissante mais abordable, la nouveauté 205, star du marché, la berline 305, classique mais vieillotte et la routière 505. Peugeot, qui a tout misé sur la 205, a négligé le marché des compactes.
En face, chez Renault, c’est l’inverse avec deux modèles sur ce segment : les Renault 9 et 11.
Peugeot ne peut laisser ce segment vacant, d’autant plus que son allié Citroën ne propose rien non plus entre les Visa et les BX.
L’horizon s'obscurcit pour Talbot
Peugeot et Citroën ne proposent pas de compactes et la troisième marque du groupe, Talbot, tente de vendre une Horizon en fin de carrière.
La marque Talbot peine à s’imposer et on décide de reprendre la plate-forme de la 205, allongée aux extrémités et d’en faire une compacte.
Côté moteurs, on fait confiance aux moteurs “Poissy” d’origine Simca-Talbot. Des motorisations un peu archaïques avec arbre à cames latéral et carter en fonte, mais réputées solides.
Le style est confié au centre de style Talbot et la voiture sera construite dans l’ex-usine Simca de Poissy.
PSA tient sa compacte, étudiée à peu de frais.
Talbot doit mourir
Chez PSA, la situation comptable n’invite pas à la patience. La marque Talbot, relancée par PSA, devait faire oublier Simca, Chrysler, et les modèles produits avec Matra.
L’idée était louable, remplacer toutes ces marques par une seule entité, plus facile à appréhender par le public. Malgré le succès d’estime de la Samba lancée en 1981, les victoires en rallyes et l’association avec Ligier et Laffite en Formule 1, la mayonnaise ne prend pas.
Imposer une marque prendra des années, avec le risque de cannibaliser les ventes de Peugeot et Citroën.
Peugeot n’a pas les reins assez solides pour se montrer patient. Talbot va mourir.
Changement d’identité
Problème, la compacte Talbot est prête à être commercialisée. A l’usine de Poissy, le président de Peugeot, Jacques Calvet, assure dans un discours que la prochaine voiture produite à Poissy sera une Talbot Arizona.
Une promesse confirmée par le premier Ministre Pierre Mauroy en décembre 1983, au cours d’une grève du personnel. Mais la relance de la marque n’aura pas lieu.
La décision est prise, Talbot va mourir.
L’occasion est trop belle, la Talbot Arizona va devenir une Peugeot. A quelques semaines du lancement, on change la calandre et les logos. Mais pendant que l’Auto-Journal s’interroge “Peugeot 206 ou Talbot Arizona?”’, chez Peugeot on a un problème.
Quel nom pour la Peugeot ?
Il ne reste plus qu’à trouver un nom à cette Peugeot, coincée entre la 205 et la 305. Pas facile si on respecte la nomenclature maison, qui consiste à positionner les modèles par ordre de grandeur.
Plus petite que la 305, la compacte Peugeot va finalement s’appeler…309.
On se dit alors que les futures Peugeot utiliseront toutes une numérotation en X09, ce ne sera pas le cas.
D’emblée cette appellation la met un peu de côté dans la gamme, empêchant cette 309 d’être une Peugeot comme les autres.
Il faut sauver la 309
Avec son Cx de 0,30, sa bulle arrière bien dans son époque, et ses qualités routières, la Peugeot veut convaincre. En Octobre 1985, Peugeot présente la nouvelle 309, dont le développement a englouti environ deux milliards de francs.
L’accueil est plutôt timide auprès du public et de la presse spécialisée. On reproche à la 309 son style un peu bâclé et ses motorisations dépassées.
Un peu léger pour un modèle chargé de remplacer la 305 tout en ouvrant les portes du marché des compactes à la marque.
Peugeot revoit sa copie en intégrant les moteurs”XU” plus modernes de la famille Peugeot. La 309 GT avec ses 102 ch propose des qualités dynamiques convaincantes. Mais Peugeot veut faire rêver.
GTI, trois lettres magiques
La 309 manque de charme et Peugeot en est conscient.
Devant l’immense succès de la Peugeot 205 GTI, la marque au lion décline le concept. Tout d’abord on mise sur une GTI avec un 1,9 l de 128 ch.
Mais difficile de vivre dans l’ombre de la star 205 GTI de puissance équivalente, et plus légère. A l’occasion du restylage en juillet 1989, le lion frappe fort.
Tout d’abord on dote la compacte d'éléments de style de la 405, lui permettant de mieux s’intégrer dans la gamme. On redessine également le tableau de bord et le volant.
Mais surtout, on lance une nouvelle 1,9 GTI 16 soupapes de 160 chevaux ! La 309 GTI est désormais reconnue comme la meilleure sportive compacte du marché. Une santé qui profite à l’ensemble de la gamme.
Une carrière honorable
Née à une époque compliquée pour le groupe, sans grands moyens, sous la mauvaise identité, la Peugeot 309 sera d’abord mal aimée.
Mais l’arrivée de la GTI va lui permettre de prendre sa revanche. Finalement, la production de la 309 cesse en juillet 1994 après un score honorable de 1 649 177 exemplaires.
Elle ouvre surtout la porte aux Peugeot 306 et Citroën ZX qui lui succèdent chez PSA. Peugeot a réinvesti avec succès le segment des compactes.
Source : leprogres.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info..






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