À l’heure où l’Allemagne célèbre les 35 ans de sa réunification, le nombre de «Trabis», automobiles communistes dont la production a été stoppée en 1991, est en constante augmentation. Design rudimentaire, habitacle exigu et gaz d’échappements au teint bleuté...
La Trabant a été moquée comme l’une des pires voitures jamais fabriquées. Aujourd’hui, le véhicule symbole de l’Allemagne de l’Est garde ses inconditionnels et refuse obstinément de disparaître. À l’heure où l’Allemagne célèbre, vendredi, les 35 ans de sa réunification et donc de la disparition de la RDA, le nombre de «Trabis» sur les routes est en hausse.
Selon l’autorité fédérale des transports (KBA), quelque 40.800 Trabants sont immatriculés dans le pays contre environ 33.000 en 2010.
Glenn Kuschan, 58 ans, tient un garage au sud de Berlin. Il compte plusieurs propriétaires de Trabant parmi ses clients. Lui-même en possède 23, dont un modèle blanc ayant appartenu à son père, qui affiche plus de 500.000 kilomètres au compteur. «Mes clients viennent de tous les horizons», dit-il à l’AFP. «Des personnes âgées qui ont grandi avec la Trabi, mais aussi des jeunes qui veulent une voiture vraiment authentique».
Originaire du Land de Brandebourg, la région de l’ex-RDA entourant Berlin, M. Kuschan voit dans la Trabant un symbole: «Elle a acquis un statut culte, notamment grâce à son lien avec la chute du mur et la réunification».
La première Trabant est sortie d’usine en 1957, trois ans après que le régime communiste de l’Allemagne de l’Est eut décidé de produire une voiture populaire pour devenir, comme sa rivale occidentale, une nation de l’automobile.
Liste d’attente
Sa carrosserie était faite d’un matériau composite à base de plastique et en fibres de coton ou de papier, pour pallier le manque d’acier. Les vitres arrière ne s’ouvraient pas, et son moteur deux-temps bruyant crachait un mélange d’huile et d’essence dans l’air.
On la surnommait affectueusement «la tondeuse avec un toit». Avec une vitesse maximale de 112 km/h, la Trabi communiste faisait sourire en Allemagne de l’Ouest, où les BMW, Mercedes et autres Porsche capitalistes régnaient sur les routes et faisaient la gloire du pays à l’étranger.
Et n’avait pas Trabi qui voulait quand il le voulait. Les citoyens de RDA devaient s’inscrire sur une liste d’attente et parfois patienter jusqu’à 15 ans pour recevoir leur voiture, produite à Zwickau dans l’une des trois couleurs disponibles : ivoire, bleu ciel ou menthe.
Quand le mur de Berlin est tombé en 1989, des milliers d’Allemands de l’Est ont pris le volant de leur Trabant pour rejoindre la frontière, formant de longues files d’attente, moteurs fumants, pour voir l’Ouest. Après la réunification, beaucoup ont abandonné la Trabi, parfois littéralement au bord de routes, pour acquérir des voitures occidentales.
Les usines ne survivront qu’à peine un an à la réunification.
En route pour Leningrad
La dernière Trabant, un modèle rose bonbon, a été produite en 1991.
Au Musée du Trabi, dans la capitale allemande, les visiteurs peuvent admirer une collection de 20 modèles emblématiques et même embarquer pour une visite guidée de la ville au volant d’une Trabant. Les participants ont le plaisir de conduire eux-mêmes la voiture, accompagné d’un guide tout en découvrant l’ex-Berlin-Est.
Thomas Schmidt, 49 ans, qui travaille au musée et conduit les véhicules lors des visites, raconte avoir «pratiquement grandi dans une Trabi» et qu’aujourd’hui elle fait «partie de son identité». «Elle peut tout faire, elle est indestructible», s’enthousiasme-t-il. «Et si elle tombe en panne, le bon côté, c’est qu’on peut tout réparer soi-même» du fait de sa simplicité mécanique, poursuit Thomas Schmidt, avant de réciter un dicton d’époque au sujet de la Trabi : «avec un marteau, une pince et un peu de fil de fer, tu peux rouler jusqu’à Leningrad».
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...