Lors de sa vente de Londres, le 1er novembre prochain, la maison RM Sotheby’s vend la voiture personnelle du champion brésilien, de 1985 à 1987. Combien vaut la Mercedes 190 E 2.3-16, la berline sportive que la firme à l’étoile a dévoilée en septembre 1983, à l’occasion du salon de Francfort ? La réponse est à géométrie variable et dépend de son histoire. Selon les sites d’annonces en ligne qui propose ce véhicule, les tarifs varient de 20.000 euros à 50.000 euros pour un modèle en excellent état. De son côté, la maison RM Sotheby’s a estimé l’exemplaire qu’elle propose aux enchères à Londres, le 1er novembre prochain, entre 220.000 et 250.000 livres sterling, soit dans une fourchette de 250.000 à 280.000 euros.
Une erreur ? Les experts de la maison canadienne ont estimé que la personnalité de son premier propriétaire méritait de payer une surprime.
Le modèle que RM Sotheby’s propose au catalogue de sa vente londonienne a en effet appartenu à Ayrton Senna. Arrivé en Formule 1 chez Toleman en 1984, le Brésilien ne tarde pas à crever l’écran. Lors d’un grand prix de Monaco dans toutes les mémoires, Ayrton Senna laisse éclater son talent. Sous une pluie diluvienne, il déjoue tous les pièges de la piste pour se défaire de ses adversaires les uns après les autres. Au rythme de 3 secondes gagnées au tour à partir du 23e tour, il fond sur Alain Prost, en tête au volant de sa McLaren Porsche. Au 32e tour, le Français finit par être à la portée de Senna mais le directeur de course, Jacky Ickx, décide d’abréger le grand prix après 1 heure 1 minute et 7 secondes de course.
Face à l’intensité de la pluie, le Belge avait estimé que les conditions de sécurité n’étaient plus réunies pour laisser les Formule 1 en piste. Au 32e tour, le drapeau est donc abaissé sur un Senna surpris mais heureux d’avoir remporté sa première victoire à 24 ans. Sauf que le classement retenu est celui du tour précédent. Prost l’emporte donc devant Senna et Stefan Bellof (Tyrrell). Vu la distance parcourue, seule la moitié des points est distribuée. C’est sans doute pour cette raison qu’à l’heure des comptes, à la fin de l’année, Alain Prost échoue dans la quête de son premier titre de champion du monde pour un demi-point. Quant à Senna, son exploit monégasque le place sur orbite. Le Brésilien est devenu la nouvelle pépite de la F1. En 1985, l’écurie Lotus l’engage.
C’est en remportant la course des Champions disputée sur le nouveau tracé du Nürburgring que Senna était tombé amoureux de la 190 E 2.3-16. À l’occasion de l’inauguration du nouveau circuit allemand, plus court et moins dangereux que le Nordschleife, la firme à l’étoile avait organisé une course réunissant un grand nombre de pilotes de F1 de la saison 1984 mais aussi du passé qui s’affrontait au volant de la nouvelle arme de Stuttgart.
Outre son kit aérodynamique avec passages de roues élargies, gros boucliers et ailerons avant et arrière, la berline sportive de Mercedes se distinguait d’une 190E standard par son 4-cylindres passé dans les ateliers de Cosworth. Il y gagnait une distribution à quatre soupapes par cylindres qui permettait d’afficher une puissance de 185 ch à 6 200 tr/min. Les performances effectuaient un bond en avant. La vitesse de pointe était portée à 230 km/h et le 0 à 100 km/h était abattu en 7,9 secondes. Ce modèle allait servir de base à l’homologation d’une voiture de course en Groupe A. Elle devait rencontrer de nombreux succès dans les épreuves pour voitures de Tourisme.
Quant à Senna qui vivait à l’époque à Angleterre, il passait commande d’un exemplaire pour son usage personnel. La livraison était organisée en octobre 1985.
C’est en compagnie de son compatriote Mauricio Gugelmin, que Ayrton Senna prenait possession de sa 190 E à l’usine Mercedes à Stuttgart. Les deux compères rentraient ensuite par la route jusqu’à la résidence de Senna à Esher, dans le Surrey.
À noter que le dossier de la vente de la voiture contient également un bordereau d’importation indiquant les droits de douane et la TVA que Senna a payés au Royaume-Uni en débarquant du ferry à Calais. Il se sépare de la Mercedes avant la fin de l’année 1987, peu de temps avant de signer son contrat avec McLaren. Exportée en Australie en 2004, la Mercedes sera signée par Niki Lauda lors du grand prix de Melbourne 2016.
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...