Un passionné d’automobiles anciennes raconte la découverte de corrosion sous le maquillage soigné de sa nouvelle Jaguar. Pour Jacques, l’affaire semblait pourtant parfaite.
En août 2021, ce collectionneur ardéchois tombe sur une annonce alléchante : une Jaguar MK2 de 1962 proposée à 34.000 euros en région parisienne. «J’habite en Ardèche, mais je n’ai pas hésité à faire 500 kilomètres pour aller la voir », raconte-t-il. Sur place, la voiture semble impeccable. « Le pot d’échappement était neuf. Le vendeur me dit : “Regardez le dessous, comme il est beau !” Il me parle des disques de frein neufs, du réservoir neuf », se souvient l’acheteur.
Et miracle, le contrôle technique était « vierge », c’est-à-dire sans aucun défaut signalé. Jacques remarque seulement des défauts de peinture, et négocie donc 5000 euros de remise.
Le vendeur accepte, l’affaire est conclue pour 29.000 euros.
La découverte du pot aux roses
Peu de temps après, Jacques décide de confier sa Jaguar à un carrossier pour la remise en peinture prévue.
« Quand le carrossier a commencé à poncer, il a découvert qu’il y avait deux centimètres de “choucroute” - un mélange de polyester et de mastic - partout sur la carrosserie. Il me dit : “Je ne vais pas plus loin sur cette voiture, j’arrête tout.” »
Après avoir gratté, Jacques et son carrossier découvrent l’ampleur des dégâts : les ailes sont «pourries», les bas de caisse sous les portières ont été remplacés par de la tôle de fortune recouverte de mastic, et le châssis présente des trous bouchés avec... du carton.
«La voiture était complètement maquillée », explique Jacques.
Le nouveau propriétaire n’en revient pas et rumine une question : « comment une telle supercherie a-t-elle pu passer inaperçue lors du contrôle technique ? J’ai la preuve : le propriétaire est allé chez le garagiste qui a effectué un pré contrôle…
Ni lui, ni le contrôleur technique n’a rien à retrouver à dire». Pour Jacques, cela est clair : «le contrôleur technique s’est contenté d’un chèque, sans vraiment contrôler quoi que ce soit. »
Un détail technique viendrait corroborer sa théorie : « à partir du moment où vous mettez du Blackson - un goudron qui protège de la corrosion, que le garagiste peut placer sur le châssis - le contrôle technique obéit à une procédure où il doit indiquer “la présence de Blackson ne m’a pas permis de vérifier l’état du châssis”.
Et cela n’a pas été indiqué.»
Jacques n’en revient pas, le profil du vendeur avait pourtant tout pour le rassurer : « C’était quelqu’un qui avait de l’argent, et j’ai vu qu’il avait une autre très belle voiture dans son garage». Jacques a développé une autre théorie sur cette histoire. « C’est un monsieur qui a dû se faire rouler lui-même et qui n’a pas dû attaquer la vente. Maintenant, il cherche à refiler la patate chaude.
Comme quoi, ce ne sont pas toujours les mieux habillés qui font les plus honnêtes».
Le début d’une procédure en Justice
Contacté après la découverte des vices, le vendeur nie toute tromperie. « Je lui ai dit : “Monsieur, votre voiture est toute pourrie”. Il m’a répondu : “Comment pouvez-vous remettre en cause l’honnêteté d’un contrôle technique ?” », raconte Jacques.
Depuis cet appel, une procédure judiciaire a été engagée devant le tribunal de Versailles pour vice caché, avec demande de résolution de vente. L’acheteur réclame l’annulation de la transaction et le remboursement de tous les frais engagés : prix d’achat, assurance, transport, carte grise. « Mais les procédures sont très longues : 6 à 7 ans. On espère que la première audience aura lieu avant fin 2025 », soupire l’Ardéchois.
En attendant, la Jaguar reste immobilisée dans un garage, sans que personne ne puisse en profiter.
Des erreurs à ne pas reproduire
Avec le recul, ce passionné d’automobiles anciennes reconnaît ses erreurs : «J’ai eu 3 ou 4 voitures de collection, jamais je ne me suis fait avoir comme cela. Tout était réuni pour se faire enfler, j’étais à 600 km de chez moi, le vendeur présentait bien, mais le contrôle technique vierge c’était bizarre... J’ai été bête de ne pas m’en apercevoir.
La mariée était trop belle. »
Alors, il préfère désormais donner conseil aux futurs acheteurs. « Ne faites jamais confiance aveuglément, même si le vendeur semble honnête. Quand quelqu’un fait une démarche volontaire en vous disant “regardez, regardez”, méfiez-vous. Et surtout, faites toujours faire expertiser le véhicule par un spécialiste indépendant avant l’achat», conclut-il.
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...