Entre le 13 et le 16 août, la maison RM Sotheby’s vend aux enchères un exemplaire de l’emblématique GT anglaise ayant appartenu au milliardaire Larry Ellison. Ce n’est pas un hasard si la McLaren F1 est devenue la voiture de sport de route la plus désirable et la plus chère au monde. Autour de 20 millions d’euros. Conçue par le talentueux ingénieur sud-africain Gordon Murray, la GT de Woking est de l’aveu de ceux qui ont pu la piloter un monument. Avant de lancer l’étude de sa GT pour laquelle il a carte blanche, Il essaie toutes concurrentes putatives : Ferrari F40, Bugatti EB110, Jaguar XJ220, Porsche 959. Aucune ne trouve grâce à ses yeux. À l’époque, l’homme, qui a développé les Brabham championnes du monde avec Nelson Piquet et les McLaren MP4/4 championnes du monde avec Alain Prost et Ayrton Senna, voulait développer la voiture la plus légère, la mieux conçue et la plus amusante à piloter.
Présentée en marge du grand prix de Monaco de 1992, la McLaren F1 répond au-delà des espérances au cahier des charges de son géniteur. Il a inventé la référence ultime. Sa GT est compacte et surclasse toutes ses rivales avec un poids plume de 1 080 kilos grâce à l’adoption du carbone, comme en Formule 1. Les lignes pures visent l’efficacité maximale. Elles se dispensent de disgracieux appendices aérodynamiques. Ses portes en élytre s’ouvrent sur un habitacle installant le pilote au centre, comme dans une monoplace. Particularité de l’habitacle : la place centrale dispose de chaque côté d’un siège positionné en retrait. La McLaren F1 ressuscite l’architecture à 3 places frontales et conduite centrale développée par Pininfarina en 1966 pour la Ferrari 365 P Guida Centrale. Deux exemplaires seront produits pour Luigi Chinetti, l’importateur Ferrari aux États-Unis, et Gianni Agnelli, le patron de Fiat.
Au début du projet, Gordon Murray avait imaginé que Honda, le motoriste de l’écurie de F1, développerait un moteur pour sa GT, mais devant le refus des Japonais, il s’était tourné vers son ami Paul Rosche, le directeur des moteurs de course au sein de BMW Motorsport.
Le constructeur munichois disposait sur les étagères d’un V12 de 6 litres atmosphérique provenant du projet avorté de la M8. L’affaire scellée, le monde de la F1 découvrait à Monaco que la McLaren F1 délivrait 627 chevaux à 7 400 tr/min. Le V8 à double turbo de la F40 ne dépassait pas 478 chevaux. Le bijou anglais de technologie avait un prix : 1 million de dollars. Les clients ne se pressent pas. L’économie est en crise. Sur les 106 exemplaires de la série des McLaren F1, seulement 64 modèles de route seront produits. Sept d’entre eux traversent l’Atlantique. Outre Ralph Lauren, Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, est l’un des acheteurs du bolide anglais. Une huitième rejoint le sol américain pour Elon Musk en 1999. Le patron d’Oracle prend livraison de sa F1 en 1997. Portant le numéro de châssis 062, c’est la 53e produite. Après avoir effectué à peine 2 600 miles en dix ans à son volant, Larry Ellison cède sa GT gris acier immatriculée «ORACLE8» à un amateur de la baie de San Francisco. Depuis, elle a encore changé une fois de mains. La voici de nouveau sur le marché l’année où Gordon Murray célèbre 60 ans de conception automobile.
Source : lefigaro.fr- Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...