lundi 2 juin 2025

CLUB5A - VOITURE DE LEGENDE - Monica 560 : l’incroyable histoire de la dernière berline de luxe française oubliée...

 

La magnifique Monica 560 est due à Jean Tastevin, ingénieur diplômé de l’École Centrale Paris et passionné d’automobile. Il dirigeait la Compagnie Française de Matériel Ferroviaire, spécialisée dans la fabrication et la location de wagons-citernes. Frustré par l’absence d’une berline de luxe française après la disparition de Facel Vega en 1964, il décide en 1966 de créer sa propre marque automobile, qu’il nomme Monica en hommage à son épouse Monique. 
Il consacre une partie de son usine de Balbigny à la production de cette voiture Chris Lawrence Jean Tastevin décide de confier le développement du projet de la Monica 560 à l’ancien pilote britannique Chris Lawrence. 
Son entreprise « Lawrence Tune » a conçu en 1963 une voiture de route, la Deep Sanderson 301. Cette sportive fut construite à une cinquantaine d’exemplaires et engagée, sans succès, à deux reprises au Mans… 
Développement et défis techniques Le projet de Lawrence prévoyait l’utilisation d’un moteur V8 de 3,5 litres conçu par l’ingénieur anglais Ted Martin, délivrant 240 chevaux à 6000 tr/min. Cependant, ce moteur, bien que performant, manquait de couple à bas régime et présentait des problèmes de fiabilité pour une utilisation routière . 
En 1973, Tastevin opte finalement pour un moteur V8 de 5,6 litres fourni par Chrysler, offrant 285 chevaux à 5400 tr/min et un couple de 451 Nm à 4000 tr/min Le châssis, conçu par Chris Lawrence, est un treillis de tubes carrés offrant un bon compromis entre poids et rigidité. 
La suspension avant est à double triangulation, tandis que l’arrière utilise un essieu De Dion, une configuration inspirée de l’Alfa Romeo Alfetta GT Le dessin initial, réalisé par Chris Lawrence, ne satisfait pas Tastevin. 
Il fait appel au carrossier français Chapron, puis finalement au designer roumain Tony Rascanu, un ancien de chez Bertone, qui retravaille entièrement les lignes de la voiture. 
La carrosserie est finalement réalisée en Angleterre par Airflow Streamlines après le décès d’Alfredo Vignale . L’habitacle est d’un luxe exceptionnel pour l’époque : cuir Connolly, tableau de bord en loupe d’orme, volant en bois verni Moto-Lita, moquette en laine de Shetland, instrumentation Jaeger, vitres électriques, climatisation avec réglage séparé pour l’arrière, autoradio stéréo avec lecteur de cartouches 8 pistes et un set de bagages sur mesure. 
 Performances et caractéristiques Moteur : V8 Chrysler de 5,6 litres Puissance : 285 ch à 5400 tr/min 
Couple : 451 Nm à 4000 tr/min 
Transmission : manuelle ZF à 5 rapports ou automatique Torqueflite à 3 rapports 
Vitesse maximale : 240 km/h Accélération (1000 m DA) : 27,5 s Poids : environ 1800 kg Dimensions : 4,95 m de long, 1,82 m de large, 1,35 m de haut 
Commercialisation et fin de l’aventure 
La Monica 560 est présentée de façon spectaculaire au Salon de l’Auto de Paris en 1973. L’année suivante, pour marquer les esprits lors du Salon de l’Auto de Paris en 1974, Jean Tastevin organisa une mise en scène audacieuse : la Monica 560 fut hissée jusqu’au dixième étage d’un hôtel parisien la veille du salon, avant d’être transférée sur le stand d’exposition. Cette opération visait à souligner le caractère exceptionnel et luxueux du véhicule Lors du Salon de Paris, Zora Arkus-Duntov, ingénieur en chef de Chevrolet et père de la Corvette, demanda à tester la Monica 560. Chris Lawrence, responsable du développement, lui remit les clés sans hésiter. 
De plus, Paul Frère, pilote et journaliste automobile belge réputé, fut sollicité par Tastevin pour affiner la tenue de route de la voiture.
 Il participa activement aux essais et rédigea par la suite un article détaillé sur la Monica, contribuant à sa notoriété. Lors de sa présentation officielle en 1973, la Monica 560 était affichée à 164 000 francs français (environ 135 000 € actuels en tenant compte de l’inflation), ce qui la plaçait au sommet de la hiérarchie automobile, comme le montre le comparatif ci-dessous : Citroën SM (V6 Maserati, technologie avancée, traction avant) : environ 55 000 francs à la même époque. 
Jaguar XJ12 (berline britannique de luxe, V12) : environ 75 000 à 85 000 francs, selon finition. Mercedes 450 SEL 6.9 (sortie en 1975, V8 6.9 L) : environ 130 000 francs. 
Maserati Indy 4900 : autour de 110 000 francs. Rolls-Royce Silver Shadow : environ 170 000 francs, la concurrente la plus directe en termes de positionnement. La Monica 560 coûtait donc le triple d’une SM et le double d’une Jaguar XJ12, sans bénéficier de leur notoriété ni de leur réseau international. 
Cela illustre à quel point la Monica visait une clientèle ultra-exclusive, plus par passion patriotique que par rationalité commerciale. 
 Mais la première crise pétrolière survient peu après, éloignant les clients des voitures très gourmandes en carburant. 
De plus, le manque de notoriété de la marque, les litiges avec Chris Lawrence lors de la conception et les coûts de production élevés plombent les espoirs de rentabilité du projet. En février 1975, après seulement 28 exemplaires produits, Jean Tastevin décide de mettre fin à l’aventure Monica. Héritage et rareté de la Monica 560 Après l’arrêt de la production en 1975, cinq Monica 560 restantes furent vendues par Chris Lawrence à Cliff Davis et Bernie Ecclestone, futur patron de la Formule 1. 



Cette transaction permit de régler les dettes de Tastevin envers Lawrence. Par ailleurs, Guy Ligier, ancien pilote et constructeur automobile, racheta les actifs de Monica, y compris des véhicules en cours d’assemblage, pour le franc symbolique, mais ne relança jamais la production. 
 Aujourd’hui, la Monica 560 est une pièce rare et recherchée par les collectionneurs. Sur les 28 exemplaires produits, seuls quelques-uns subsistent. Elle reste un symbole de l’ambition française dans le domaine des voitures de luxe et un témoignage de l’ingéniosité de ses concepteurs. 
Source : autocollec.com