Mais la vie parisienne relègue rapidement la voiture au second plan. Elle confie : «Je l’ai un peu utilisé et après je l’ai laissée dans un hangar pendant 4 ou 5 ans». Durant ces années, Anne garde la voiture précieusement, consciente de sa valeur sentimentale, mais sans pouvoir lui accorder la place qu’elle mérite sur la route...
En 2013, son mari lui offre une maquette miniature de la voiture pour Noël. Mystérieux cadeau, qui cachait une petite annonce. «Je t’offre non seulement la maquette, mais surtout la restauration complète de la 2CV de ta mère par un professionnel.» Tout était compris dans la restauration : la remise à neuf de la carrosserie, la peinture, les problèmes de rouille, tout cela a été traité. «J’étais tellement heureuse, et je me suis dit à ce moment que plus tard, je transmettrai à mon tour la voiture à mes filles», se souvient-elle.
La renaissance grâce à un cadeau inattendu
La voiture retrouve alors tout son éclat, prête à reprendre la route et à poursuivre l’histoire familiale, une façon de prolonger le lien avec sa mère.
Cette transmission prend d’ailleurs tout son sens lors du mariage de sa fille, «Elle a choisi naturellement d’utiliser la Charleston familiale , pour se rendre à la cérémonie. Et ma mère aurait été tellement heureuse de voir sa petite-fille partir en 2CV le jour de son mariage», confie Anne.
Ce lien fort avec le modèle ne se cantonne d’ailleurs pas à l’intimité familiale. «Maintenant, j’utilise la 2CV pour le plaisir, le week-end, quand je n’ai pas de longue route à faire. C’est un bonheur, une voiture très zen, remarque Anne. Ce qui m’impressionne, c’est le capital sympathie de cette voiture. Nous sommes dans un monde où les gens dans la rue sont avec téléphones et écouteurs, ne regardant rien au-dessus de leur nez. Là, juste avec la 2CV, tout le monde lève la tête et nous fait un signe de sympathie».
Quelque part, là où les voitures modernes isolent, la Charleston crée du lien. Et elle a aussi une capacité à toucher toutes les générations. « Même les enfants de 10, 11, 12 ans, sont tous comme des fous. Alors qu’ils n’ont pas de souvenir d’enfance avec».
Une voiture qui fédère et crée du lien
Dans un monde automobile de plus en plus complexe, Anne apprécie également la philosophie mécanique de sa Charleston. « Ce n’est pas la voiture compliquée de maintenant. S’il y a un truc à faire, un fil qui ne va pas, vous ne devez pas changer l’ensemble du circuit», explique-t-elle avec pragmatisme. Bien sûr, posséder une 2CV en 2025 impose ses contraintes spécifiques : les petits réservoirs, notamment.
À l’origine c’était du Super, mais ce n’est plus distribué dans les stations-service. Il faut donc rajouter un additif à chaque plein de sans-plomb 98». Cela fait partie du charme, dirons-nous. Anne doit également adapter l’utilisation de sa précieuse Charleston aux contraintes météorologiques. «C’est désormais une voiture d’été, une vieille dame de 97.000 km, qui doit rester tout l’hiver au garage», dit-elle. Malgré les sollicitations d’acheteurs potentiels, Anne reste catégorique : «On m’a proposé de la racheter, mais on peut m’en proposer 100 000 euros, que je ne la vendrai pas». La 2CV Charleston vaut bien plus que sa cote marchande et représente surtout un patrimoine familial insaisissable.
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...