mercredi 16 avril 2025

CLUB5A - VOITURE DE LEGENDE - Citroën 2CV : l’épopée d’une icône populaire française...

 

L’histoire de la Citroën 2CV commence bien avant sa sortie officielle. Dès le début des années 30, Citroën traverse une période difficile, marquée par des crises financières et des bouleversements industriels. 
Pierre Boulanger, bras droit d’André Citroën et futur dirigeant de la marque, imagine alors un véhicule à contre-courant des standards de l’époque : minimaliste, économique, et taillé pour les campagnes françaises. Le cahier des charges est radical : « quatre roues sous un parapluie », une voiture capable de transporter deux cultivateurs en sabots et une caisse d’œufs sur un chemin de terre, sans casser un seul œuf. 
Cette petite révolution industrielle donnera naissance au projet TPV (Toute Petite Voiture), lancé dans le plus grand secret en 1936. Près de 250 prototypes seront construits, testés et perfectionnés. 
 Mais le destin frappe : en septembre 1939, à la veille du salon de Paris, la guerre éclate. Citroën décide de cacher les prototypes dans une grange, de peur qu’ils soient récupérés par l’occupant. Ce n’est qu’en 1948 que le public découvrira enfin la 2CV, déjà vieille de près de dix ans sur le plan technique, mais pourtant en avance sur bien des points. 
Citroën 2cv: Une voiture pensée pour les campagnes Présentée au Salon de Paris, la 2CV détonne. Son look frêle, ses phares ronds, sa capote repliable et sa finition spartiate font sourire, voire rire. Certains journalistes la surnomment ironiquement « la boîte de sardines sur roues ». 
Mais très vite, le bouche-à-oreille joue en sa faveur. Les qualités pratiques de la 2CV sont évidentes : elle passe partout, ne consomme presque rien, et coûte moins cher qu’un scooter haut de gamme. Son moteur bicylindre refroidi par air de 375 cm³ développe à peine 9 chevaux, mais suffit amplement pour les petites routes de campagne. 
La suspension à grands débattements est une prouesse : les roues montées en diagonale absorbent trous, bosses et ornières comme aucune voiture de l’époque. 
Les sièges sont amovibles, le coffre rudimentaire, mais tout est pensé pour l’usage quotidien, même en milieu rural difficile. Une démocratisation progressive.
 La 2CV répond à un besoin vital dans la France de l’après-guerre : motoriser les masses. Les délais d’attente peuvent atteindre plusieurs années. Les premières années de production (1949-1953) sont limitées par les capacités de l’usine de Levallois. 
Pourtant, les commandes affluent : curés de campagne, artisans, petits commerçants, familles nombreuses… tout le monde veut sa « deuche ». Au fil des ans, le moteur évolue : 425 cm³ puis 435 et enfin 602 cm³ dans les années 60. 
Le confort progresse, les freins s’améliorent, les versions se diversifient. Les modèles AZL, AZAM, puis 2CV6 Club marquent les grandes étapes de l’évolution. 
La 2CV Sahara : l’ovni à deux moteurs 
C’est sans doute la version la plus folle jamais imaginée : la 2CV Sahara. Produite à partir de 1958, elle est conçue pour les besoins des compagnies minières et pétrolières opérant dans le désert. Son originalité ? 
Elle embarque deux moteurs bicylindres, un à l’avant et un à l’arrière, chacun entraînant son propre train de roues. 
 Résultat : une transmission intégrale rudimentaire mais diablement efficace. 
Le conducteur peut rouler avec un seul moteur, ou activer les deux pour les terrains difficiles. Chaque moteur possède son propre réservoir, allumage et système de démarrage. Cette solution simple mais ingénieuse permet à la 2CV de grimper des pentes sableuses, franchir des gués ou s’extirper de situations inaccessibles à d’autres véhicules. 
 Moins de 700 exemplaires seront produits, ce qui en fait aujourd’hui un modèle ultra-rare et recherché. Séries spéciales et renaissance populaire Dans les années 70, la 2CV connaît une seconde vie. Elle devient le symbole d’un certain art de vivre, loin de la surconsommation. 

Elle séduit les jeunes, les étudiants, les routards. Son image change : de voiture paysanne, elle devient voiture de la liberté. Citroën l’accompagne de séries spéciales marquantes : La 2CV Spot (1976) en orange et blanc La 2CV Charleston (1980), chic et rétro avec ses deux tons Les versions Dolly, Cocorico, France 3, souvent liées à des événements ou campagnes promotionnelles 
La 2CV est aussi produite à l’étranger : Espagne, Belgique, Yougoslavie, puis Portugal. 
Elle s’exporte dans plus de 40 pays, des pistes marocaines aux routes d’Amérique du Sud. Une présence forte dans la culture populaire.
On la retrouve dans les films de Louis de Funès, dans les gags de Jacques Tati, ou encore dans « Le Corniaud » avec Bourvil. Elle est la voiture de James Bond dans « Rien que pour vos yeux », où elle fait des acrobaties inattendues.
 Dans la bande dessinée, elle apparaît chez Gaston Lagaffe, les Tuniques Bleues ou même dans certaines cases des albums de Tintin. Elle incarne une certaine idée de la France, faite de bricole, d’humour et de débrouillardise. 
 La version fourgonnette, très répandue dans les campagnes comme dans les villes, a marqué toute une génération d’artisans, de postiers et de boulangers. Pratique, robuste et ultra-fonctionnelle, elle a contribué à faire de la 2CV un véritable objet du quotidien, autant qu’un symbole populaire. 
La fin d’une époque En 1990, après plus de 5,1 millions d’exemplaires produits, la 2CV tire sa révérence. La dernière sort de l’usine de Mangualde, au Portugal, dans une relative discrétion. 
Pourtant, son héritage est immense. Elle a traversé la guerre froide, les Trente Glorieuses, Mai 68, les crises pétrolières, les années fric… sans jamais perdre sa simplicité. Elle a transporté des enfants, des légumes, des animaux, des rêveurs et des militants. 


Elle a aussi servi d’ambulance, de voiture de gendarmerie, de taxi, de camping-car… Conclusion : une voiture immortelle La Citroën 2CV est bien plus qu’un véhicule. C’est un symbole social, culturel et industriel, un bout de patrimoine roulant qui fait encore vibrer des générations entières. 
Son design intemporel, sa philosophie pratique, et sa longévité exceptionnelle en font une légende à part entière. 
 Aujourd’hui, elle est célébrée dans des rassemblements, restaurée avec passion, et roulée au quotidien par des amoureux d’une époque où la voiture était synonyme de liberté, de voyage et de lien humain. 
 Source : photo: caradisiac/cultureauto.fr-Petites Observations Automobiles