mercredi 9 avril 2025

CLUB5A - «En voiture avec Tintin»: à Mulhouse, une exposition consacrée aux véhicules représentés par Hergé

 

EXPOSITION - L’événement présente une douzaine d’automobiles dessinées dans les albums du célèbre reporter. Une immersion dans l’univers hergéen. Dès l’entrée de l’exposition, le visiteur est accueilli par le paysage bucolique de la campagne de Moulinsart où apparaît grandeur nature la fameuse camionnette bicolore rouge et beige de la boucherie Sanzot. Mille millions de mille sabords! 
À Mulhouse, sans même s’en être rendu compte, le voyage en tintinologie a démarré sur les chapeaux de roues. Pour égayer sa prestigieuse collection de véhicules, les responsables du Musée national de l’automobile ont eu la lumineuse idée de demander à la Fondation Hergé de montrer quelques-unes des voitures de Tintin qui défilent plein gaz dans ses 24 aventures.
L’exposition « En voiture avec Tintin » adopte une scénographie très « ligne claire ». Et le visiteur est projeté à l’intérieur d’une case de bande dessinée. L’effet est saisissant. Il s’agit de la première case de la page 12 de L’Affaire Tournesol. 
Face au visiteur, la mythique Citroën 2 CV des Dupont(d) se matérialise comme par magie. Bien sûr, Hergé n’a pas choisi par hasard d’attribuer une « deudeuche » à nos vrais faux jumeaux policiers. En filigrane, la séquence évoque la scène introductive du Corniaud, avec le tandem Louis de Funès et Bourvil. Pour éviter d’écraser Tintin et le Capitaine Haddock, la voiture pile violemment, envoyant les enquêteurs s’enfoncer la tête dans la capote, bloquant leurs chapeaux melon sur leurs crânes. L’effet comique est garanti et provoque un éclat de rire salutaire au cœur d’une actualité morose, « La couleur de notre 2 CV et à peu près la même que celle de l’album, commente avec le sourire Guillaume Gasser, directeur général du musée. Nous en avions plusieurs dans les réserves.
Mais c’est celle-là que nous avons choisie. » En jetant un regard circulaire autour de la pièce, on distingue un Milou qui court en tous sens, aveuglé par le heaume chatoyant d’une armure de Moulinsart… Ce qui effraie au plus haut point le chat siamois du château. Chaque détail a été soigné pour obtenir cet effet de vraisemblance qui brouille la frontière entre BD et réalité. Les tintinophiles savent que Georges Remi, dit Hergé (1907-1983), était un grand amateur d’automobiles. Une section de l’exposition le rappelle : « Hergé aimait les belles voitures, il adorait la vitesse. » Ce grand amateur de bolides sportifs et racés marqua d’ailleurs une nette préférence pour les automobiles d’origine italienne. Au tout début des années 1960, il fera même l’acquisition d’une Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce. 
Une splendide photo de cette Alfa Romeo est présentée au musée. On y découvre le créateur de Tintin ravi au chevet de son bolide, capot ouvert, le nez plongé dans le moteur. En arrière-plan se dessine la maison d’Hergé à Céroux-Mousty, dans le Brabant wallon. Si quelques modèles possédés par le dessinateur apparaissent dans plusieurs albums (l’Opel Olympia du Sceptre d’Ottokar ou l’Impéria Mésange du Crabe aux pinces d’or), la Giulietta n’y figure pas. C’est sans doute pour cela que son confrère et ami, le dessinateur Jacques Martin, en fit la voiture fétiche de son héros journaliste Guy Lefranc. « L’exposition permet de découvrir une douzaine de voitures représentées dans les albums de Tintin, s’enorgueillit Guillaume Gasser. De la Ford T de Tintin au Congo à l’Amilcar des Aventures de Tintin au pays des Soviets, en passant par la Bugatti Type 35 conduite par le méchant Bobby Smiles dans Tintin en Amérique ou encore le taxi genevois bicolore de L’Affaire Tournesol, sans oublier la Traction Citroën noire des méchants agents bordures, nous mettons en vedette une galerie de véhicules d’exception sur quelque 1200 m2. » 
Au fil du parcours, une bande-son champêtre se fait entendre, sur laquelle domine le chant de la pie. La référence sonore aux Bijoux de la Castafiore fera sourire les amateurs. « Nous avons également diffusé un léger parfum campagnard mêlant fleurs et herbe coupée », fait remarquer Mylène Wittmer, chargée de communication du musée. Cette plongée graphique dans l’univers du château de Moulinsart sert surtout d’écrin bucolique à ses automobiles souvent prestigieuses. « L’originalité d’Hergé est qu’il fut le premier à mettre en scène l’automobile non pas en tant que simple accessoire de décor, mais comme une alliée ou complice qui participe pleinement à l’action, analyse Guillaume Gasser. 
Qu’elle soit à l’arrêt, qu’elle démarre en trombe, qu’elle prenne part à une course-poursuite, le bénéfice est garanti pour le lecteur, autant sur le plan de la dynamique du récit que sur celui de l’esthétique de l’image. » Peu à peu, on prend conscience qu’Hergé a encapsulé le XXe siècle en 24 albums. Sa passion pour les belles carlingues s’affine au fur et à mesure des aventures de son héros à la houppette. Il classe dans sa riche documentation les modèles qu’il compte utiliser dans ses planches. Qu’elles viennent de France, d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne ou des États-Unis, que ce soient des berlines, des limousines, des décapotables ou des coupés, leurs lignes racontent une époque, un esprit, un art de vivre. 
Dès Les Aventures de Tintin au pays des Soviets, Hergé, 22 ans alors, montre sa fascination pour la vitesse automobile. Ce n’est pas un hasard s’il choisit le modèle de l’Amilcar avec sa calandre élancée et son allure fuselée. Durant douze pages, Tintin échappe à ses poursuivants, et le dessinateur gratifie le lecteur de plans anamorphosés qui s’inspirent des photographies de Jacques-Herni Lartigue. En découvrant le vrai modèle au musée, on partage l’engouement du dessinateur pour cette magnifique voiture de course. De beaux bonus Quelques années plus tard, dans Tintin en Amérique (1932), il représente Bobby Smiles, chef de la mafia de Chicago, prenant la fuite dans une Bugati Type 35 (1924) rouge cerise. 
Habituellement, ce genre de « sportive » reconnaissable à son profil effilé est bleue. C’est sous cette couleur qu’on la découvre dans l’exposition. « Nous nous sommes longtemps posé la question de savoir si nous pouvions “sticker” nos voitures pour qu’elles soient parfaitement raccord avec les couleurs d’Hergé, confie Guillaume Gasser. La conservatrice du musée nous a mis en garde. Les modèles de la collection Schlumpf sont classés monuments historiques. Nous ne pouvions pas risquer de les abîmer avec des autocollants. Nous avons même essayé des jeux de lumières. Mais cela ne fonctionnait pas… » 
 En guise de bonus, petits et grands de 7 à 77 ans peuvent se faire photographier assis dans le fauteuil de Tintin dans son appartement, reconstitué à l’identique. Et enfin, une réplique de 6 mètres de haut du fameux engin lunaire d’Objectif Lune attend les visiteurs à la sortie du musée. Le directeur général promet que, de temps à autre, une jeep Willys sortie de la réserve accompagnera la mythique fusée à damier rouge et blanc. 
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...