vendredi 14 février 2025

CLUB5A - REVUE DE PRESSE - Pourquoi cette Chevrolet Corvette vaut au moins 5 millions d’euros

 

ENCHÈRES - Voiture laboratoire engagée en compétition, l’unique Corvette SS Project XP-64 de 1957 va être vendue par la maison RM Sotheby’s à Miami le 27 février prochain. Après avoir vendu la Mercedes W196 au volant de laquelle Juan Manuel Fangio a remporté le grand prix d’Argentine 1955 et la Ferrari 250 LM victorieuse dans la Sarthe en 1965, la maison RM Sotheby’s va vendre un autre chef-d’œuvre de l’automobile : la Corvette SS Project XP-64. 
Provenant du musée du Speedway d’Indianapolis, cette pièce unique renvoie à l’histoire d’une occasion manquée. La voiture avait été développée pour courir l’édition 1957 des 24 Heures du Mans. 
C’est ce que souhaitait Zora Arkus-Duntov, l’artisan de cette Corvette très spéciale. À l’origine de cette aventure hors-norme, il y a la Corvette présentée au salon Motorama organisé par General Motors au Waldorf Astoria de New York. 
Nous sommes en janvier 1953 et le constructeur américain sa voiture de sport conçue par Harley Earl déclenche une vague d’enthousiasme partout dans le pays. 
Né en Belgique mais d’origine russe, et incorporé à l’armée française au début de la Seconde guerre mondiale avant de prendre la route des États-Unis en décembre 1940 via le Portugal, Zora Arkus-Duntov est tellement subjugué par la Corvette qu’il adresse une offre de service à Ed Cole, l’ingénieur en chef de Chevrolet, responsable du programme de la nouvelle voiture de sport. 
Dans le milieu automobile, ce diplômé en mécanique de l’Université de Charlottenburg, à Berlin, n’est pas un inconnu. Il a déjà tenté de se qualifier aux 500 Miles d’Indianapolis et il a couru les 24 Heures du Mans sur une Allard et sur des Porsche 550 Spyder. 
Il est persuadé que la Corvette constituerait une excellente base pour une voiture de compétition et qu’un engagement sportif participerait à la promotion de la marque. Dès la fin de l’année 1955, la nouvelle recrue de GM est vue au volant d’une Corvette spéciale équipée du nouveau V8 maison. Arkus-Duntov veut aller plus loin et développer une véritable voiture de course à partir d’une feuille blanche. 
Son projet obtient le soutien de Harley Earl qui achète une Jaguar Type D afin de l’équiper d’un moteur Chevrolet. Ce n’était pas vraiment ce que voulait l’ingénieur d’origine russe. Il finit par obtenir l’accord de développer une voiture sous le nom de Project XP-64. 
Deux exemplaires sont produits : une voiture pour la compétition et une voiture d’essai baptisée la Mule. L’équipe de Arkus-Duntov s’inspire de ce qui se fait de mieux à l’époque. Avec un cadre tubulaire inspiré de la Mercedes 300 SL, une suspension indépendante à l’avant et un pont arrière de Dion, des freins en fonte composite et une carrosserie en magnésium, GM n’avait pas lésiné sur la technologie. 
La carrosserie avait aussi fait l’objet d’une étude aérodynamique poussée, soulignée par la présence d’une dérive à l’arrière. Quant au moteur, il s’agissait d’un V8 4,6 litres à injection Ramjet. Il affichait au moins 300 chevaux. 
La puissance était transmise via une boîte de vitesses à quatre rapports. 
C’est un exploit : cinq mois à peine ont été nécessaires pour donner naissance à cette Corvette de course. En guise de répétition et de test grandeur nature, la voiture était engagée aux 12 Heures de Sebring, au début de l’année 1957. 
Les Américains John Fitch et Carroll Shelby devaient en partager le volant mais le second, ne voyant pas arriver les Corvette Super Sport la veille des essais, décidait de prendre place sur une Maserati. Fitch devait faire appel à son ancien équipier chez Mercedes, l’Italien Piero Taruffi. 
Cela ne serait plus possible aujourd’hui mais durant les essais, Arkus-Duntov avait confié le volant de la Mule à Juan Manuel Fangio qui courait pour Maserati. 
À quelques mois de son cinquième titre de F1, l’as argentin devait établir un nouveau record du tour. Si le pilote Argentin devait remporter l’épreuve, la Corvette était rappelée au stand après 23 tours, les pneumatiques touchant les ailes. On n’allait jamais la revoir en course. 
Le 6 juin 1957, les constructeurs américains décidaient de mettre fin à tout programme sportif. Avant Sebring, GM avait obtenu trois inscriptions au Mans pour 1957. 
Personne saura si la Corvette SS aurait pu déjouer la troisième victoire consécutive de Jaguar avec la Type D après la débâcle de Ferrari et Maserati. 
Dix ans plus tard, la Corvette de course rejoignait le musée d’Indianapolis. Quant à la voiture soeur surnommée la Mule, le châssis a été acquis par le designer Bill Mitchell pour donner naissance au projet XP-87 Stingray Racer. 
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info..