La restauration d’une voiture est opération complexe, très complexe. Même si les émissions de télévision comme Wheeler Dealers laissent penser que c’est rapide, facile et sans risque de perte financière ou de frustration, c’est rarement le cas. La plupart des restaurations nécessitent des centaines, voire des milliers d’heures de travail, une somme d’argent considérable et un délai qui peut s’étendre sur des années. Bien sûr, il y a des moments d’enthousiasme, comme le jour de l’achat, le jour de la peinture, le premier démarrage du moteur ou le premier trajet. Mais il y a aussi des moments d’abattement, quand on découvre des dommages inattendus, des dépassements de budget et des erreurs pures et simples, qu’il est parfois difficile d’admettre (par amour propre). Même si vos propres erreurs vous en apprennent probablement davantage, apprendre de celles des autres coûte généralement moins cher. Avant de vous lancer, prenez le temps d’étudier ces neuf erreurs courantes de la restauration des anciennes…
1 – Commencer avec la mauvaise voiture
Démarrer avec une voiture à reconstruire de fond en comble n’est sans doute pas la meilleure idée. Restaurer n’est pas entretenir. La « bonne voiture » sera presque toujours celle dans le « moins mauvais état » que vous puissiez trouver. La rouille, les pièces manquantes, les dommages causés par une collision ou l’usure extrême rendent une voiture moins chère à l’achat mais généralement beaucoup plus coûteuse à restaurer. Rechercher soigneusement un bon exemple accélérera votre restauration et préservera votre budget.
2 – Ne pas en avoir conduit une autre avant
La plupart des restaurations commencent par un rêve : une vision idéalisée de ce que sera la voiture au final. Le problème est que la plupart des restaurations, aussi bien exécutées soient-elles, ne concernent encore que de vieilles voitures une fois terminées.
La plupart des voitures anciennes n’ont rien à voir avec les voitures contemporaines. Elles démarrent moins bien, ne freinent pas aussi bien, n’éclairent pas aussi bien, ne se conduisent pas aussi bien ou ne disposent pas des commodités que nous avons oubliées tellement nous les aimons.
Essayez de conduire un modèle similaire déjà restauré, avant de vous lancer dans votre projet.
Découvrez si vous avez le feeling … ou pas au volant. Performances, tenue de route, confort, freinage, … encore une fois, même restaurée à neuf, une voiture des années 50 ne sera jamais une voiture des années 2000. Quoi qu’il en soit, ce serait dommage d’attendre la fin de la restauration pour découvrir que vous n’aimez pas tant que ça conduire votre voiture…
3 – Refaire le moteur trop tôt
La règle est simple : ne reconstruisez pas le moteur avant qu’il soit temps de le remettre en place. Le risque est de « cramer » le budget et de se retrouver avec un moteur rutilant mais sans le budget pour travailler correctement la carrosserie, la sellerie et le châssis qui sont au final les postes de restauration les plus importants.
On peut toujours repeindre un moteur usagé, changer quelques joints, le remettre en place, rouler (quitte à remettre un peu d’huile périodiquement) pour le re-déposer et le reconstruire plus tard.
4 – Lésiner sur la carrosserie et la peinture
Nous venons de le dire au point 3. Vous pouvez refaire à peu près n’importe quel travail mécanique avec un peu de temps et un peu d’argent, mais refaire une carrosserie à la va-vite, c’est mettre un pansement sur une jambe de bois.
La carrosserie est généralement la partie la plus coûteuse de la restauration, et trop de gens tentent de réduire les coûts en rognant sur les bonnes pratiques. On peut toujours recouvrir à la pelle à tarte un bas de caisse pourri avec du mastic et une belle peinture brillante. Mais dans 2 ans, tout sera cloqué et sera à refaire. C’est une fausse économie : la seule façon d’économiser sur la carrosserie et la peinture est de trouver une voiture saine et surtout de s’assurer que les travaux seront faits dans les règles de l’art
5 – Ne pas vérifier les références des professionnels
Que vous confiiez la restauration complète à un professionnel ou juste quelques éléments, il est essentiel de vérifier ses références. Notez le pluriel, car une seule référence ne suffit pas.
Les rassemblements d’anciennes vous permettront surement de croiser d’anciens client de votre futur atelier. Il y a trois choses à leur demander : L’atelier a-t-il effectué un travail de qualité ? Était-ce dans le budget ? Était-ce à l’heure ? La prise d’information est un sujet difficile. Un client déçu dira-t-il « Je me suis fait avoir, j’ai choisi Untel et il n’a pas fait un bon boulot » ?
Si ce n’était pas un travail de qualité, éloignez-vous. Si ce n’était pas dans les délais ou dans le budget, cela peut être acceptable – la qualité coûte du temps et de l’argent, après tout – mais vous devrez planifier en fonction de ces éléments. Et suivre le chantier régulièrement.
Pour la carrosserie et la peinture, vous ne devez pas seulement parler aux derniers clients, mais aussi essayer de voir des voitures qui ont été restaurées il y a 2, 3 ou 5 ans. Ca peut parfois être mal perçu, mais le client est roi et on est sur des budgets conséquents qui méritent de prendre des garanties.
Dans le « monde des Anciennes » on est trop souvent dans l’affect, dans le monde des copains… Devis verbal à la louche (effet Vintage Mecanic), prix dit « d’ami », liste approximative des travaux prévus … on s’accommode de pratiques que l’on accepterai pas pour l’achat d’un canapé. Sans être trop procédurier, il faut trouver le bon compromis. De toute façon, c’est réglementaire …
6 – Acheter des pièces trop tôt
C’est un corollaire de nos conseils moteur. Trop de gens s’approvisionnent en pièces détachées pour des milliers d’euros bien avant d’en avoir besoin.
Ces pièces peuvent être endommagées lors du stockage, égarées, être les mauvaises et ne plus pouvoir être échangées et, encore une fois, elles accaparent une part importante du budget.
Ne vous laissez pas embobiner par un vendeur qui assure que c’est son dernier lot. Vous seriez surpris de constater le nombre de pièces que l’on trouve actuellement sur le marché et qui étaient pourtant réputées « introuvables » il y a 30 ans ! Si vous laissez passer une vente, il y en aura probablement une autre dans 3 mois. Achetez vos pièces en temps et heure mais n’achetez pas de pièces que vous n’êtes pas _absolument_ prêt à utiliser.
7 – Oublier vos objectifs de départ
Sans objectifs, les restaurations échouent. J’espère que votre premier objectif est de vous amuser. Au-delà de cela, vous voudrez peut-être recevoir des prix, faire de belles balades, dire que vous l’avez fait vous-même ou rencontrer des personnes partageant les mêmes idées.
Mais si vous occultez l’aspect émotionnel et êtes trop préoccupé par les plannings, les budgets, les problèmes ou autres distractions, votre restauration risquera un échec majeur. Gardez cet objectif émotionnel à l’avant-plan de votre esprit et ajustez les choses rapidement si vous vous en éloignez.
Notez bien que nous n’avons pas mentionné « faire une plus-value ». Là encore, les émissions de télé où l’on ne comptabilise pas les heures de main d’oeuvre, où tous les outils tombent gratuitement du ciel, où les « prix d’amis » sont généralisés, où les voitures se vendent en 30 secondes … restent des fictions à finalité de divertissement. Pas la vraie vie.
8 – Vouloir finir trop vite
Nous pensons que la plupart des voitures présentées comme « restaurées » sont en réalité à encore 50 à 100 heures de leur finition. Bien sûr, elles sont jolies et se conduisent plutôt bien, mais sont-elles vraiment terminées ?
Une bonne restauration se termine par de nombreux essais de conduite et par l’établissement de listes. Les listes indiqueront les irritants, les choses qui ne vont pas tout à fait bien, les pièces qui ne s’ajustent pas si bien que ça et tous les points qui nécessitent une attention particulière. Ils peuvent même inclure un gros travail, comme retirer la transmission pour modifier quelque chose.
Vous n’avez peut-être plus d’argent, vous en avez marre de travailler sur votre voiture, après tout le temps passé et vous voulez avant tout rouler avec. Mais le contrôle objectif du « reste à faire » et sa planification transformera une restauration correcte en une excellente restauration voire exceptionnelle.
9 – Ne pas admettre ses erreurs
Voilà, le plus important : si vous avez commis des erreurs dans votre restauration, admettez-les et posez vous la question de savoir pourquoi vous les avez commises :
J’essayais de gagner du temps
J’essayais d’économiser de l’argent
Je pensais que c’était OK
Je n’ai pas réfléchi à la prochaine étape
Mon pote pensait que ça avait l’air bien
Le gars du (magasin/piste/meeting) a dit que ça marcherait
Je ne voulais pas attendre la bonne pièce/outil/aide
J’ai vu quelqu’un d’autre le faire
…
Le sujet est vaste. La restauration d’un véhicule ancien est une expérience incroyable, mais à condition d’en mesurer toutes les arcanes et d’avoir du temps, de l’énergie et de l’argent à y consacrer.
Source : autocollec.com