Après une embellie le marché des anciennes et des voitures de collection poursuit son lent repli. Comment analyser le phénomène ?
Quelles en sont les causes ? On essaye d’y voir un peu plus clair.
LES OBSERVATIONS
De nombreuses voitures de collection s’éternisent des semaines, voire des mois en annonces, sans trouver acquéreur. L’adage « une voiture proposée au juste prix se vend rapidement » prend toute sa valeur.
La baisse continue du marché s’observe également dans les résultats des enchères mesurés par rapport aux estimations. Lors des ventes du premier trimestre, 68 % des lots ont été adjugés en dessous de leurs estimations basses, alors que l’on était à 60% sur la même période. C’est vraiment significatif, à fortiori dans un contexte d’inflation générale.
Comme pour l’immobilier, le fossé se creuse entre les exigences des vendeurs et ce que souhaitent (ou peuvent) mettre les acheteurs.
On arrive donc à un marché qui ralentit et des volumes de transactions qui se réduisent.
Avant de repartir ? Pas certain … car il y a d’autres phénomènes, plus structurels, qui peuvent expliquer ce repli du marché des anciennes constaté sur tous les continents.
EVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
Le vieillissement de la population
… qui influe sur le marché des voitures anciennes..
Les baby-boomers (1943-1963) retraités en sont pour beaucoup à leurs dernières voitures. Tous les nostalgiques des « 30 glorieuses », tous ces passionnés revivant leurs belles années avec les voitures de l’époque , avec l’âge qui avance, ne sont plus aussi actifs sur le marché qu’il y a une dizaine d’années.
La génération Y (1979-1994) s’intéressé aux Youngtimers et a très peu d’affinités pour les voitures datant d’avant 1980. Quant à la génération Z (1995 et + …), les voitures ne les intéressent tout simplement pas du tout …
L’essentiel du marché des anciennes repose donc sur la génération X (1964-1978) qui pour l’essentiel est encore dans la vie active, et qui accèdera plus tardivement à la retraite que les Boomers. Leurs préoccupations quotidiennes repoussent aussi parfois au second plan l’acquisition et/ou l’entretien/restauration d’une ancienne.
CONTEXTE ÉCONOMIQUE
L’inflation qui a frappé toute l’Europe depuis 2 ans a conduit de nombreuses familles à ré-arbitrer leurs dépenses et renoncer à investir dans des biens non-essentiels. De plus, avec l’inflation, les coûts d’entretien / restauration des voitures anciennes ont également augmenté et contribuent à rendre l’investissement moins attractif.
Au final, la progression de valeur annuelle (autour de 5%) que l’on observait sur la plupart des anciennes a été rabotée par cette augmentation des coûts d’entretien.
En parallèle, les rendements des livrets d’épargne populaires (Livrets A ou LDD) est passé de 0,5% (insignifiant) en 2021 à 3% en 2023 (significatif), limitant d’autant l’attrait pour le marché des anciennes de ceux qui y voyaient aussi un moyen de placer intelligemment leur argent.
ACCESSIBILITÉ FINANCIÈRE
Le « ticket d’entrée » pour accéder aux modèles « populaires » faciles d’accès (2CV Citroen, VW Coccinelle, Austin Mini …) dépasse désormais les 10.000 euros pour un modèle en état correct, ce qui les rend inaccessibles pour de nombreux acheteurs potentiels, en particulier les plus jeunes générations.
Les bulles spéculatives qui ont frappé de nombreux modèles les rendent également difficilement accessibles aux petits et moyens budgets, même si ça a permis de restaurer la majorité du parc.
Même si il reste quelques opportunités et voitures de valeur méconnues, globalement le gisement de voitures accessibles aux petits budget a tendance à se réduire comme peau de chagrin.
RÉGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE
Les normes environnementales de plus en plus strictes peuvent rendre les voitures anciennes moins attrayantes, même si pour la plupart n’est pas concernées par les zones d’exclusion. Mais dans l’inconscient collectif, la question « est-ce que je vais pouvoir continuer à rouler avec une Ancienne ? Est-ce qu’elle ne sera pas invendable dans quelques années ? » reste prégnante. Même chose avec les jeunes générations nourries à force de slogans écologistes « l’essence c’est mal« .
Dans un monde où l’inquiétude a succédé à l’insouciance, où les modes de transports sont remis en cause, le marché des anciennes a probablement passé son âge d’or. La bonne nouvelle c’est que ce reflux n’est pas violent et ne va donc pas générer de réactions irrationnelles.
Source : autocollec.com/
Direct Auto