Stoewer, le constructeur allemand qui réalisa une traction équipée d’un V8..
André Citroën en avait rêvé, la firme prussienne Stoewer l’a réalisée : une traction équipée d’un V8. Dans les années 1930, cinq constructeurs se disputèrent le marché intérieur allemand des voitures de tourisme équipées de la transmission aux roues avant. Les uns face aux autres, il y avait Citroën avec son usine de Cologne et sa fameuse Citroën Traction Avant, Adler avec ses célèbres Adler Trumpf, Adler Trumpf Junior et Adler 2 Liter, Audi, DKW – tous deux membres du groupe Auto-Union – et Stoewer.
A l’occasion des 120 ans de la première voiture thermique de cette fameuse marque allemande, ABSOLUTELY CARS vous invite à redécouvrir l’histoire de la marque Stoewer.
Les débuts de Stoewer jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale
Les prémisses de Stoewer
La société Stoewer-Werke AG fut fondée en 1916, il y a 105 ans. Toutefois, cette aventure humaine et industrielle débuta bien avant, en 1858. Cette année-là, à Stettin, en Poméranie occidentale, en Prusse, Bernhard Stoewer (1834-1908) ouvrit un atelier de réparation spécialisé dans la mécanique de précision et une unité de production dédiée aux machines à coudre. En 1893, s’ajouta la fabrication des bicyclettes. En 1903, se greffa l’assemblage des machines à écrire.
En 1896, ses deux fils, Emil Stoewer (1873-1942) et Bernhard Junior Stoewer (1875-1937), créèrent une unité de production dédiée aux poêles en fonte.
En 1899, ils la rebaptisèrent « Gebrüder Stoewer, Fabrik für Motorfahrzeuge », puis en 1916 « Stoewer-Werke AG ». De 1899 à 1905, ils fabriquèrent des voitures, des utilitaires, des camions de pompiers, des petits autobus équipés de batteries et de moteurs électriques. Vingt-deux modèles différents furent proposés. Entre 1897 et 1899, ils assemblèrent également un tricycle muni d’une unique roue avant basé sur le modèle De Dion-Bouton. Son monocylindre de 240cm³ (66×70), muni de soupapes latérales, développait 1,75 cheval. Il ne fut réalisé qu’à dix exemplaires.
En 1899, ils construisirent deux prototypes : un équipé d’un monocylindre et un autre muni d’un bicylindre de 2,1 litres (6,5 chevaux) accouplé à une boîte à vitesses 3 rapports.
Néanmoins, ce dernier fut assemblé à quatre exemplaires, sa vitesse maximale étant de 17km/h. Entre 1900 et 1903, furent réalisés des petits autobus équipés d’un bicylindre de 1527cm³ (90×120) muni également de soupapes latérales développant 10 chevaux. Ce bicylindre fut monté à l’avant d’une voiture de tourisme de 1901 à 1905. Entre 1906 et 1907, la Stoewer P2 avait un bicylindre de 2281cm³ développant 16ch à 1300tr/mn. L’ensemble de la production des bicylindres représenta quelque 60 voitures de tourisme.
Stoewer, constructeur de voitures
De 1903 à 1919, Stoewer fabriqua essentiellement des voitures de tourisme équipées d’un 4 cylindres muni de soupapes latérales. Les utilitaires en furent équipés à partir de 1905.
Entre 1907 et 1910, la boîte à vitesses 3 rapports fut remplacée par une disposant de 4 rapports. Entre 1913 et 1914, la Stoewer F4 fut la seule voiture de la marque à être équipée d’un 4 cylindres muni d’un arbre à cames en tête. Elle ne fut produite qu’en cinq exemplaires. Le but était d’essayer un moteur d’avion tout en proposant cette automobile à la vente. Finalement, pendant le conflit, la firme assembla des moteurs d’avions de marque Argus. En 16 ans, 4 400 voitures de tourisme équipées d’un 4 cylindres furent assemblées à Stettin.
A noter que les moteurs Stoewer équipèrent d’autres voitures. La Mathis Standard (1910-1911) exploitait un 4 cylindres Stoewer. Son alésage était de 75mm, sa course de 118mm. La Mathis Sihtam (1910-194) exploitait également un 4 cylindres Stoewer. Son alésage était de 78mm, sa course de 118mm.
Ce moteur allait également équiper la Stoewer B2 (1911-1912), son alésage étant de 78mm, sa course de 118mm. Le talent de négociateur d’Émile Mathis pour obtenir ce moteur, ne peut être mis en doute.
Entre 1906 et 1909, puis entre 1913 et 1914, Stoewer réalisa des 6 cylindres. Ils furent installés sur la Stoewer P6, assemblée à 10 exemplaires et sur la Stoewer C3, construite à 5 exemplaires.
La période de l’Entre-Deux-guerres : l’apogée de Stoewer
Les 4 cylindres Stoewer
Après la Première Guerre mondiale, Stoewer reconvertit un tracteur d’artillerie en tracteur agricole. Ce modèle, dénommé Stoewer 3S17, était équipé d’un 4 cylindres de 7363cm³ (125×150) muni de soupapes latérales délivrant 38ch à 800tr/mn. Il fut réalisé à 160 exemplaires de 1917 à 1926.
En parallèle, la firme fabriqua des 4 cylindres relativement classiques, entre 1919 et 1928, leurs moteurs étant accouplés à une boîte à vitesses 4 rapports. En 1925, ces voitures furent équipées de freins sur les 4 roues. Cette première série représenta un volume de vente de 4 450 unités.
En 1931, débuta la production de voitures révolutionnaires : les fameuses Stoewer V5 et Stoewer V5 Sport équipées d’un châssis séparé, de 4 roues indépendantes, d’une boîte à vitesses 3 rapports et d’une transmission sur les roues avant ainsi que d’un 4 cylindres en V de 1191cm³ muni de soupapes latérales. Ce dernier n’était pas au point et il engendrait de fortes vibrations. 2000 modèles V5 et 100 variantes V5 Sport furent assemblés.
La nouvelle gamme Stoewer R140 / R150 / R180 ré-adoptèrent un 4 cylindres en ligne accouplé à une boîte à vitesses 4 rapports.
Le moteur de la Stoewer R180 fut équipé de soupapes en tête et ses freins étaient assistés hydrauliquement. Cette troisième série représenta un volume de vente de 3 760 unités. Pour diminuer les coûts de production, Stoewer acheta la licence de fabrication Tatra et les machines-outils à la firme germano-helvétique Röhr alors en difficulté. Ils purent produire la Stoewer Greif Junior, une propulsion équipée de 4 roues indépendantes. Elle fut assemblée à 4 000 exemplaires entre 1936 et 1939. Enfin, Stoewer assembla le somptueux modèle Stoewer Sedina, une propulsion équipée d’un 4 cylindres de 2406cm³ muni de soupapes en tête, d’une boîte à vitesses 4 rapports ZF, de roues avant indépendantes. Elle fut assemblée à 980 exemplaires entre 1937 et 1940.
Les 6 cylindres et 8 cylindres Stoewer
Entre 1920 et 1928, puis entre 1937 et 1940, Stoewer fabriqua des six cylindres relativement classiques.
La Stoewer Arkona était équipée de roues avant indépendantes et représentait 9,4% du volume de vente des 2230 six cylindres. Entre temps, entre 1928 et 1937, Stoewer réalisa des huit cylindres. La fabuleuse Stoewer Greif V8 représentait 26,6% du volume de vente des 3100 huit cylindres. Elle rassemblait un fort contenu technologique : huit cylindres en V en alliage d’aluminium muni de chemises en fonte, traction, 4 roues indépendantes… Toutes ces voitures de tourisme furent équipées d’une boîte à vitesse 4 rapports, de marque ZF pour la Stoewer Arkona.
Stoewer, fournisseur de voitures militaires
A partir des années 1930, le constructeur se distingua avec ses voitures au fort contenu technologique.
L’armée allemande sollicita la firme de Stettin pour produire des véhicules militaires :
de 1935 à 1936, le Stoewer M12 RW équipé du 8 cylindres en ligne de la Marschall Typ M12, d’un blocage de différentiel, réalisé à 900 exemplaires,
de 1936 à 1938, le Stoewer R180 Spezial équipé du 4 cylindres en ligne de la R180, de 4 roues motrices et directrices, construit à 1000 unités,
de 1938 à 1940, le Stoewer R200 Spezial similaire à la génération précédente, avec une cylindrée plus généreuse de 1997cm³ (85×88), produit à 2000 exemplaires,
de 1940 à 1944, le Stoewer Typ 40 similaire à la génération précédente, mais dépourvu des quatre roues directrices, fabriqué à 4700 unités.
L’usine assembla également des moteurs d’avions EnBau à partir de 1937, puis des chars Panzerkampfwagen I et Flakpanzer I, dès 1941 et pour finir des moto-chenilles NSU Kettenkrad ,à partir de 1943. Elle fut la cible des bombardements alliés et la ville fut détruite à 65%.
En 1945, Stettin fut donnée à la Pologne et rebaptisée Szczecin. Les fondateurs étant décédés, l’activité de l’usine s’arrêta à tout jamais. Aujourd’hui, sur 25 100 voitures de tourisme thermiques fabriquées, il n’en reste que 100 survivantes environ.
Source : absolutelycars.fr - Automobile Classics