
Issue d’un projet italo-français, cette citadine lilliputienne arrivée 30 ans avant notre “city car” actuelle mêle, sous une carrosserie aux faux airs de Jeep, des éléments basiques (un bicylindre deux-temps de 250 cm3) et d’autres plus raffinés (boîte à quatre rapports, direction à crémaillère). Aussi méconnue en collection qu’à son époque, elle mérite toutefois une petite prise en main.
Avec modération, son comportement s’avérant bien… modeste ! Il faut se rendre à l’évidence : nouvelles technologies mises à part, rien (ou presque) n’a été inventé en terme de concept automobile ces dernières années. On a vu des SUV avant la lettre (la Matra-Simca Rancho, par exemple), des monospaces conçus dans les années 50 (la Fiat 600 Multipla) et même une Smart avant la Smart avec la Lawil Varzina, un engin plus proche d’une grande miniature que d’une petite voiture. Un modèle peu aimé en son temps, négligé en collection, mais qui mérite pourtant d’être redécouvert car son histoire n’est pas banale.
C’est ici qui vit et œuvre Carlo Lavezzari, un ingénieur ayant fait fortune grâce à la Zincor, une entreprise sidérurgique qui travaille l’acier récupéré des débris de la guerre et qui agit comme sous-traitant de tôlerie pour l’industrie automobile. Dans l’existence de Lavezzari, né en 1924, aventure et fréquentation du pouvoir politique s’entremêlent. Le 26 février 1945, victime de représailles de partisans qui s’acharnent contre sa famille, il parvient à survivre, bien que grièvement blessé, en faisant le mort sous les cadavres de sa mère et de trois de ses frères.
En 1978, il est enlevé par une bande de gangsters et libéré 18 jours plus tard par la police sans qu’aucune rançon n’ait été payée. L’année suivante, il est élu sénateur pour le parti majoritaire de l’époque, la Démocratie chrétienne, et en plus d’être membre de la commission de l’industrie du Sénat et président de la société publique Iritecna, il devient collaborateur du premier ministre Giulio Andreotti. Lavezzari est du genre à profiter largement de son réseau pour renforcer son business. Ainsi, pour permettre un transport plus aisé des matériaux, par exemple, la ligne ferroviaire entre Pavie et Varzi a son terminus… dans la cour de son usine !
Cette structure sommaire intègre tout de même quelques bonnes surprises, à l’image d’une boîte à quatre rapports, une direction à crémaillère ou une suspension avant à roues indépendantes avec ressort à lames transversal repris sur la Fiat 500. Le style, que l’on doit au carrossier Scattolini, va à l’essentiel : des lignes tendues, pour simplifier l’emboutissage, qui ne sont pas sans rappeler les Jeep américaines. A la Porte de Versailles, Lavezzari, venu accompagner sa curieuse création, est approché par Henri Willame, importateur français Lambretta à Levallois.
Du coup, l’idée devient une véritable affaire : les deux signent un contrat qui prévoit de produire la voiturette en Italie, dans une petite usine située à Peschiera del Garda, en province de Brescia, et de la destiner uniquement au marché français. Contraction des noms Lavezzari et Willame, l’entreprise s’appelle Lawil Costruzioni Meccaniche e Automobilistiche SpA. Si, à ses débuts, en 1967, la dénommée Farmer n’est qu’une petite découvrable mue par les monocylindres Lambretta de 125 ou 175 cm3, cette carrosserie est vite épaulée par une berlinette : la City.
Source : FAZOLINE / Marco Visani - riccardo delli colli