jeudi 17 juillet 2025

CLUB5A - VOITURE DE LEGENDE - Automobile Delage : la Béquet 1922.... une voiture unique !!

Remontons le temps pour découvrir un véhicule remplit d’histoires et surtout unique : une Delage 2LCV de 1922, renommée la Delage Becquet. 
Maurice Béquet.....Chauffeur de profession à la fin des années 1900, mécanicien de l'aviateur également havrais Marcel Paillette lors d'une tournée de démonstration aérienne en Amérique du Sud en fin d'année 1910, il devint alors militaire dans l'artillerie et il passa son brevet de pilote d'avion en 1913 avec l'Aéro-Club de France après un passage par l'école Deperdussin d'Étampes. 
Mécanicien pour l'escadrille N69 de la mi-1915 au début de l'année 1916, il travailla désormais en tant qu'agent détaché des armées comme pilote essayiste auprès de Louis Blériot à Suresnes en 1916-17 sur les SPAD S.VII HS 180CV 12L.V8 (premier pilote testeur du modèle, en avril) et versions dérivées S.XI à S.XIII de 40CV plus puissantes, au sein de la Société (anonyme) Pour l'Aviation et ses Dérivés (nouvelle SPAD), de Blériot, Alfred LeBlanc, Louis Béchereau, et Armand Deperdussin (créateur de la première SPAD). 
Il réceptionna ainsi tous les modèles S.VII, S.XI, S.XII et S.XIII jusqu'en avril 1917. Un temps directeur technique chez Repusseau & Cie une fois la Première Guerre mondiale terminée, il fut embauché par Hispano-Suiza à Bois-Colombes en 1922 (ou 1923) et il équipa alors un châssis d'Alda Grand Prix datant de 1914 (son 4,5 L. 4 cylindres étant rapidement défaillant) du moteur HS de 180CV, pour participer parfois à des course de côte et de sprint à titre privé. 
 Il acheta un SPAD S.52 en 1920 (participant ainsi au Grand Prix de l'Aéro-Club de l'Ouest), puis un S.34 en 1923. Avec le parfumeur Roland Coty (3e du Grand Prix automobile de La Baule -2e du kilomètre lancé local- et 2e de la côte de Gometz-le-Châtel en 1926), il acquit le châssis de la première Delage Spéciale 2LCV V12 de 1923 à l'automne 1925, véhicule qui courut encore équipé du moteur Hispano-Suiza de 180CV (échec qualificatif personnel notable sur la dite -alors- Béquet Spéciale HS au IIIe Grand Prix automobile de Saint-Sébastien et simple préinscription au IIe Grand Prix de Provence de Miramas le tout en 19262) jusqu'à la première moitié des années 1930, parfois pilotée aussi par Christian Dauvergne ou par B. de Latour désormais sous le nom de Coty Spéciale (depuis le 28 août 1926 à La Baule), avant d'être dépouillée de son moteur par le nouvel acquéreur Jean Salis en 19363. 
Cette voiture fut restaurée par l'anglais Nigel Arnold Forster à la fin des années 1970, en conservant une motorisation d'avion HS 180CV 12L.V8. Aujourd’hui, remontons le temps pour découvrir un véhicule remplit d’histoires et surtout unique : une Delage 2LCV de 1922, renommée la Delage Béquet. Tel un phoenix, cette voiture a su renaitre plusieurs fois de ses cendres. Focus sur une automobile d’exception. Et si cette Delage Béquet est devenue unique, ce n’est pas un hasard. A la base, la voiture est une 2LCV, conçue en 1922. 
Fabriquée en seulement trois mois, cette Delage est avant-gardiste. Elle dépasse les conceptions conformistes des autres constructeurs français comme Bugatti ou Voisin en disposant d’un V12 de 105ch. Elle fait ses débuts au Grand prix français de 1922 et très vite le succès est au rendez-vous. Pilotée par un as du volant : René Thomas, vainqueur au 500 miles d’Indianapolis 1914 et recordman de vitesse terrestre, l’association des deux ne pouvait être que prolifique. A l’époque, elle devient la seule à pouvoir rivaliser avec Alfa Romeo, le champion du monde des manufacturiers 1925. Mais la petite Delage et son moteur 2.0l sont vite dépassés par Fiat ou Sunbeam. Et la 2LCV passent aux oubliettes, laissée à l’abandon dans un coin de l’usine. 
Elle sera remplacée par la Delage 155B. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais c’était sans compter sur Maurice Béquet. Un aviateur de formation. Il récupère la Delage et remplace son moteur usé par un moteur d’avion (un SPAD) de la première Guerre Mondiale : un V8 Hispano Suiza de 10L ! Pour supporter un tel bloc, quelques modifications sont nécessaires, comme un nouveau châssis ou une boîte de vitesse adaptée pour gérer le couple et la puissance. Spectaculaire, la Delage Béquet devient une véritable machine de guerre des circuits ! Elle fait sensation au Grand Prix de La Baule en 1926. Ralentie sur la ligne de départ, elle prend quatre tours de retard… Finalement, elle impressionne tout le monde en terminant sur le podium, à la troisième place et à seulement une seconde du deuxième ! 
Pendant plusieurs années, la Delage Béquet a couru auprès des voitures les plus rapides du monde et s’est montrée très compétitive. Son dernier grand prix, elle le court en 1932 à Rome. L’abandon de son pilote à cause d’un problème technique lui est fatal… La seconde Guerre Mondiale aura eu raison d’elle. Retour à l’envoyeur : son nouvel acquéreur veut seulement récupérer son moteur pour restaurer un avion de chasse SPAD. Mais une aubaine pour elle, avec les modifications effectuées, impossible d’y placer une hélice. 
La voiture est donc laissée à l’abandon dans un champ. C’est seulement durant les années 70 que la petite Delage retrouve un propriétaire. La voiture, démunie de moteur, est confiée à Nigel Arnold-Forster, un fin connaisseur de Delage. Il retrouve le V8 Hispano Suiza de 200ch. La restauration terminée, il l’a cède à son actuel propriétaire. Maintenant, elle participe régulièrement à des courses historiques (Goodwood Revival). Et elle n’est pas en reste, elle bat, sans complexe, des autos bien plus jeunes qu’elle. Et malgré son nom, cette Delage n’a pas pris une ride et prouve qu’elle en a encore à revendre !  
Source : autotest