Entre 1895 et 1910, de nombreux inventeurs tentent de mettre au point leur propre modèle de carburateur. Un exemple parmi d’autres: la Maison Eldin de Lyon développe entre 1899 et 1900 un modèle à pulvérisation de carburant avec réglage du débit d’essence par vis à pointeau.
En 1905, le constructeur lyonnais Luc Court améliore le carburateur, par l’emploi de deux puis trois gicleurs, lesquels se mettent successivement à débiter en fonction de la dépression.
Le carburateur Lacharnay, fabriqué à Lyon à partir de 1916 sera lui utilisé jusque dans les années vingt. En 1904, Marius Berliet dépose le brevet d’un carburateur à dosage constant qui se révèle particulièrement économique.
Il bat tous les records en affichant une consommation de 9 litres sur un parcours de 100km à 74km/h de moyenne. Ce chiffre paraît alors tellement incroyable qu’on l’accuse de supercherie! Cela n’empêchera pourtant pas Berliet de monter ce carburateur sur ses modèles jusqu’en 1914.
Mais c’est un autre modèle lyonnais qui va éclipser tous les autres: le carburateur Zénith, mis au point par François Baverey en 1907. Sur ce modèle, l’arrivée d’essence est régulée, notamment à grande vitesse, par un gicleur à débit constant, indépendant de la dépression.
Sa réalisation simple et sa grande efficacité donnent au carburateur Zénith une audience extraordinaire dans le monde entier. Les premiers constructeurs qui l’adoptent sont Rochet-Schneider — dès son invention — et Cottin & Desgouttes en 1909. La publicité va jouer un grand rôle dans la fulgurante ascension de Zénith.
La firme lyonnaise mène une politique marketing très agressive, en proposant ses modèles aux différents constructeurs et artisans, ainsi qu’aux particuliers, désireux d’améliorer la carburation de leur véhicule… Avant la Première Guerre mondiale, la Société du Carburateur Zénith a construit des usines en Grande-Bretagne, en Allemagne (1910), aux Etats-Unis (1911), et en Italie (1912). En 1928, la seule usine de Lyon produit 110000 carburateurs par mois et celle de Detroit à peu près autant.
En 1963, Zénith vend son usine de Lyon à la société A.M. Berliet et s’installe dans la région de Troyes via sa filiale S.T.A.M., la Société Troyenne des Applications Mécaniques. L’activité automobile est transférée dans cette nouvelle usine.
Et en 1971, une usine construite à Roche-la-Molière près de Saint-Etienne (Loire) accueille les activités liées à l’aviation. Cette exceptionnelle réussite, liée à l’invention de François Baverey en 1907, illustre la portée d’une innovation technologique sur le tissu industriel d’une région et, plus généralement, sur l’histoire de l’automobile.
Source : memoires-industrielles.fr