Cette année, la chaîne d’hôtels Peninsula a attribué le Best of the Best Award à une Ferrari 335 Sport de 1958.
Les belles italiennes ont la cote auprès du jury du Peninsula Classics Best of the Best Award. Un après la victoire de la berlinette Alfa Romeo 8C 2900B carrossée par Touring en 1937 et appartenant aux époux Sydorick, c’est une autre machine italienne qui vient d’avoir les honneurs de l’un des trophées parmi les convoités des collectionneurs. Lors d’une soirée de gala organisée en marge du salon Rétromobile début février, dans les salons privés de l’hôtel Peninsula de Paris, c’est la Ferrari 335 Sport de 1958 numéro de châssis 0764 qui a été préférée parmi les huit véhicules en lice.
C’est la première fois que le Peninsula Classics récompense une voiture d’après-guerre. Créé en 2015 par Sir Michael Kadoorie, président de la chaîne «The Hongkong and Shanghai Hotels», avec les collectionneurs William E. Connor, Bruce Meyer et Christian Philippsen, ce trophée honore l’un des véhicules vainqueurs d’un concours d’élégance international. Mieux qu’un Best of Show, le Best of the Best Award est en quelque sorte la superfinale des plus grands concours internationaux. La Ferrari 335 Sport carrossée par Scaglietti est une redoublante. Elle a remporté le Best of Show du concours d’élégance de la Villa d’Este en 2018 et le Best of Show du Cavallino Classic en 2019.
Dans la nomenclature des Ferrari de compétition, si la 335 Sport revêt une dimension particulière, c’est aussi parce qu’elle marque l’apogée d’une époque.
Elle ne représenta la bannière de l’usine que l’espace d’une seule saison avant d’être condamnée. L’année 1958 fut marquée par l’entrée en vigueur de la limitation de la cylindrée à 3 litres et l’avènement de la 250 Testa Rossa. Fruit d’un raffinement technique et du marteau de Sergio Scaglietti alors au sommet de son art, la 335 S colle assez bien à l’idée que l’on se fait d’une beauté virile.
Cette sport biplace représente un jalon important dans l’histoire de la firme de Maranello, alors âgée de seulement dix ans. Alors qu’il a ouvert le score au championnat du monde des Marques en 1953, l’artisan italien doit bientôt subir la loi des Mercedes mais également des Maserati et des Jaguar. Pour se relancer, Ferrari doit développer de nouvelles voitures. La trésorerie exsangue n’est pas de nature à espérer un miracle. A moins que… Le 26 juillet 1955, la providence frappe à la porte de la jeune firme de Maranello. Elle récupère le matériel de la Scuderia Lancia qui a décidé de stopper la compétition suite à l’accident mortel d’Alberto Ascari à Monza. Le legs comprend six monoplaces D50, une prime conséquente versée par Fiat et l’assistance des ingénieurs Vittorio Jano et Alberto Massimino. C’est ainsi que Fangio ramène le titre F1 chez Ferrari dès 1956 au volant d’une D50 remaniée et qu’en Sport, la 290 MM fait de même. L’objectif de l’Ingeniere est désormais de conserver les trophées à Maranello.
A l’orée de la saison d’endurance de 1957, pour ne pas subir la loi des imposantes Maserati 450 S, Ferrari met en chantier cinq barquettes qui témoignent de la course à la puissance. La 290 MM prête toujours sa structure mais le bloc 12 cylindres en V à 60 degrés Tipo 130 couvé par Vittorio Jano et son équipe dispose désormais d’une distribution à quatre arbres à cames en tête, deux par banc de cylindres. Le régime moteur en profite pour bondir de 7 300 à 7 800 tr/min. Quant à la puissance, suivant la cylindrée qui oscille entre 3,5 litres (290 S), 3,8 litres (315 S) et 4 litres (335 S) durant la saison 1957, elle atteint respectivement 330, 360 et 390 chevaux.
Pour brouiller les pistes à dessein, Ferrari a maintenu le mystère sur l’affectation des trois types de V12 suivant les cinq châssis (0656, 0674, 0676, 0684 et 0700) et les manches du championnat. Au Mans, les nouvelles Sport de Ferrari passent pour la première fois le mur des 200 km/h de moyenne! A la fin de la saison 1957, les 315 S et les 335 S peuvent passer le flambeau à la 250 TR avec le sentiment du devoir accompli.
Source lefigaro.fr- .