vendredi 10 mai 2024

CLUB5A - REPORTAGE AUTOS - Automobile : ce que gagnent vraiment les constructeurs sur chaque voiture vendue...

AUTOMOBILE « Pricing power ». L’expression est devenue incontournable lors de chaque présen­tation de résultats de Carlos Tavares, président du directoire de PSA. Depuis sa prise de fonction, il ne cesse de vouloir s’extraire de la stratégie des rabais et promotions qui touche la plupart des constructeurs en Europe depuis la crise. 
Son objectif est de faire remonter le prix de vente moyen des véhicules vendus par le groupe afin de reconstituer sa marge bénéficiaire. Avec un succès certain, puisque PSA est non seulement redevenu bénéficiaire, mais affiche aujourd’hui les marges les plus importantes de son histoire. En étudiant les données publiques des grands constructeurs, Le Figaro a calculé le chiffre d’affaires et le bénéfice réalisés en moyenne pour chaque véhicule vendu. Nous avons pris en compte le chiffre d’affaires et le résultat liés à la branche automobile de chaque groupe, mais également en tenant compte des activités de financement, qui font partie du modèle économique. 

 L’an dernier, le groupe PSA s’est hissé à la première place parmi les marques ou groupe automobiles généralistes disposant d’une position forte en Europe. Il dégage ainsi en mo­yenne 1 405 euros pour chaque voiture écoulée l’an dernier. C’est mieux que la seule marque Volks­wagen (1 400 euros), Fiat Chrysler (1 351 euros), Renault (1 053 euros) ou Ford Europe (663 euros).
 L’effort du constructeur de Sochaux sur ses marges est d’autant plus marquant que le prix de vente de ses voitures n’est pas aussi élevé que celui de la plupart de ses concurrents. D’une manière générale, il y a cependant une forte corrélation entre le prix de vente et le bénéfice par véhicule. 
Ce qui semble logique : il est plus facile de dégager des marges élevées sur un prix de vente important. Porsche occupe ainsi le premier rang du classement aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de résultat. Les trois marques premium allemandes (Audi, BMW et Mercedes-Benz) suivent. Sur chaque voiture vendue, elles parviennent à gagner en moyenne entre 4 000 et 5 000 euros. C’est considérable. D’autant que ces trois marques sont parvenues à faire croître le nombre de modèles proposé et leurs ventes mondiales ces dernières années. Cette capacité à vendre cher explique que toutes les nouveautés technologiques se retrouvent d’abord dans ce type de véhicule. Les activités en Amérique du Nord, c’est-à-dire au Canada, aux États-Unis et au Mexique, selon leur nomenclature, de Général Motors et Ford viennent après le premium allemand. Ils tirent profit de l’attrait des consommateurs pour les pick-up et autres gros SUV, des modèles au prix de vente élevé. 
En revanche, les deux géants américains perdent quelques places, au profit notamment des japonais Toyota et ­Honda, pourtant pénalisés par le yen, en intégrant toutes les zones géographiques. Leurs branches européennes sont en queue de classement. General Motors a d’ailleurs vendu l’essentiel de son activité européenne (c’est-à-dire les marques Opel et Vauxhall) à PSA cette année, après y avoir perdu de l’argent pendant seize ans. Pour les acteurs européens, la situation est contrastée. Le ­groupe Volkswagen dégage une rentabilité moyenne de 2 251 euros par véhicule vendu, profitant à plein de ses marques haut de gamme (Porsche et Audi, notamment). 
En revanche, la seule marque ­Volkswagen doit se contenter de 1 400 euros. Au global, les constructeurs et marques européennes se retrouvent dans le bas de ce classement. Cela s’explique par un marché qui ­reste très concurrentiel et où le consommateur est plutôt attiré par les petites voitures. Les évolutions actuelles du monde automobile justifient cette volonté de plus en plus généralisée des constructeurs de maximiser le gain par véhicule. 
Les investissements y sont de plus en plus importants, pour développer la voiture autonome ou mettre au point des systèmes antipollution de plus en plus complexes. Or ce sont bien les bénéfices dégagés qui financent ces dépenses. 
 Source : Par Emmanuel Egloff lefigaro.fr-Test Achats - Le Défenseur des Consommateurs