On a du mal à imaginer que cette voiture date des années 50.
Sa poupe longue et pointue, son pavillon tout en rondeurs et ses marchepieds évoquent plutôt une berline d’avant-guerre. Cette Fiat 1100 E, dernière de la lignée avant l’arrivée de la 1100/103 à coque autoporteuse et ligne ponton, constituait un modèle de transition qui devait prolonger la vie de l’ancienne 1100, les ingénieurs de Mirafiori ayant d’autres priorités que son remplacement. Même si, lors de son apparition, en 1937, elle s’appelait officiellement 508 C, officieusement, elle est vite devenue la Nuova Balilla 1100.
Du point de vue industriel, cette nouvelle série voit sa production passer du Lingotto à la toute nouvelle usine de Mirafiori . Mais pas pour longtemps : le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, quelques mois plus tard, bloque l’industrie civile. Un remaniement esthétique Le montage de la 1100 reprend en 1946, sans la moindre modification. Il faut attendre 1948 pour voir arriver la 1100 B, dont les évolutions plus que timides se limitent à déplacer les volets d’aération des flancs à la base du pare-brise et à gagner trois petits chevaux supplémentaires, soit 35 au total, notamment grâce à un nouveau collecteur d’admission.
Dans l’habitacle, on relève un combiné beige au lieu de noir et un volant à deux branches (et non plus trois) arborant une couronne un peu plus épaisse. La B ne reste au catalogue qu’un millésime. En 1949, un restylage plus important donne naissance à la 1100 E. La nouveauté la plus notable est l’adoption d’un coffre de malle (jusque-là, l’accès aux bagages se faisait depuis l’habitacle, en rabattant la banquette arrière) allant de pair avec l’installation de la roue de secours non plus à l’extérieur, mais dans le coffre.
Cette modification s’applique également à la 1500 dont la partie arrière de la carrosserie a été entièrement redessinée, contrairement à la 1100 E qui, par souci d’économie, n’a eu droit qu’à la pose d’un coffre en forme de boule au dessin peu convaincant donnant à la nouvelle venue des faux airs de voiture britannique. Ce n’est cependant pas le seul remaniement esthétique de cette dernière série, puisqu’on note également l’apparition de pare-chocs plus robustes et plus gros (+ 5 cm en longueur, + 3 cm en largeur) et un traitement différent de la grille à la base du capot moteur. La E est aussi plus lourde de 35 kg par rapport à la B.
Si le moteur est quasiment similaire, son alimentation évolue avec le montage d’un carburateur de 32 en lieu et place du 30, faisant ainsi grimper le couple de 6,1 mkg à 3 000 tr/mn à 6,3 mkg à 2 800 tr/mn. La vitesse reste plafonnée à 110 km/h, mais la pente maxi franchissable (donnée précieuse à l’époque) augmente de 23 à 24 %. Néanmoins, l’amélioration mécanique majeure de la E réside dans sa boîte de vitesses, et elle est double : non seulement, la commande migre du plancher au volant, suivant ainsi la mode américaine, mais elle propose surtout trois vitesses synchronisées (2e, 3e et 4e) au lieu de deux (3e et 4e). Dans les deux cas, c’est une première pour une Fiat.
La gamme de la 1100 E reste au catalogue jusqu’à la sortie, en mars 1953, de la 1100/103 qui démocratise la voiture de classe moyenne en s’affichant à 945 000 lires, c’est-à-dire 14 % moins chère qu’une 1100 E. Bien qu’entièrement inédite, elle conserve la mécanique de sa devancière : c’est pour cette raison que dans l’encadré “Lire aussi” (page 29), nous avons indiqué tous les sujets que nous avons consacrés aux 1100, jusqu’à la R de 1966. Un espace un peu compté Cette 1100 est une auto qui semble davantage se soucier des passagers arrière que du conducteur. La banquette arrière est plus spacieuse, car le plancher n’est pas tronqué par les passages de roues, et l’accès à bord est aisé grâce aux portes antagonistes et aux dossiers avant escamotables.
Pour prendre place au volant, il faut par contre franchir le large marchepied et se glisser entre le siège et la colonne de direction, dans un espace un peu compté. Mon coude frotte la contre-porte et la position de conduite s’avère “recueillie”, proche du pare-brise et dominée par un volant au diamètre surdimensionné. Les commandes sont très soigneusement concentrées au centre du tableau de bord, autour du combiné d’instruments. S’il est vrai que celles qui s’avèrent essentielles sont doublées par rapport à une « vraie » voiture des années 50 – ici, on a encore le démarrage séparé du Neiman, tout comme le réglage de l’avance –, il faut bien avouer que l’on ne trouve pas grand-chose d’autres que les fonctions de base (on n’a pas droit au chauffage intérieur non plus !). Il est donc difficile de se tromper.
Source : GAZOLINE - Marco Visani - FIAT 1100 E