C’est à l’instigation de l’Automobile Club de France que cette épreuve a été lancée en 1906 afin de prendre le relais de la Coupe Gordon Bennett. Le format retenu pour cette grande première n’avait pas grand chose en commun avec le Grand Prix qui aura lieu dimanche prochain. Déjà, l’idée d’un circuit permanent dédié à la compétition n’a pas encore vu le jour. C’est donc sur route ouverte que se dispute ce premier Grand Prix. Long de 103 kilomètres, le tracé forme un triangle reliant les villes du Mans, de Saint Calais et de La Ferté Bernard.
Composées d’un aggloméré de pierres concassées et de sables, ces routes sont fraichement recouvertes de bitume avant le départ afin d’éviter trop de projection de poussière. Pour éviter les villes de Saint Calais et de Vibraye, des déviations sont même improvisées avec des planches posées au sol en guise de revêtement ! Trente-quatre voitures sont engagées par treize constructeurs différents. Nombre d’entre eux sont français mais quelques manufactures internationales répondent présentes comme Mercedes et Fiat.
Assez rustiques, les voitures ont encore des jantes en bois et sont mues par des moteurs à la cylindrée énorme (allant jusqu’à 18 litres !) mais au régime et au rendement très faible. Les moteurs ne tournent qu’à 1800 tr/min. C’est à six heures du matin que s’élance le premier concurrent le 26 juin. Il n’est alors pas question d’un départ en peloton. Les voitures sont tractées les unes après les autres sur la ligne de départ par un solide percheron. Chaque concurrent s’élance alors successivement pour une séquence chronométrée de six tours le mardi. Et rebelotte le lendemain, soit un total de 1238 km : la distance de quatre Grands Prix actuels ! Autant dire, une aventure pour l’époque…
D’ailleurs chaque pilote embarque à son bord un mécanicien. A mesure que le soleil monte, les thermomètres s’affolent… et le bitume fond, soumettant les pneus à la torture. Pire : Edmond, l’un des pilotes de l’équipe Renault, se prend des projections de goudron dans les yeux qui le font souffrir le martyr. L’injection de cocaïne ne suffira pas à calmer la douleur…
Après une courte nuit de repos, les concurrents repartent le lendemain en fonction de leur temps de course de la veille. Malgré les efforts de la concurrence, Ferenc Szisz confirme sa bonne forme de la veille et remporte sur Renault AK le premier Grand Prix de l’histoire. Il faudra attendre les années 20 pour que d’autres nations telles que l’Italie, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne organisent à leur tour un Grand Prix et donnent forme à ce qui deviendra en 1950 le Championnat du monde de Formule 1.
Source : gpfrance.com