Un généreux plateau d'automobiles venues d'horizons aussi lointains que variés une organisation bien rodée, le Tour de l’Aude cultive ses différences et soigne ses participants.
Tirer vers le haut sans se pousser du col. Quelques mots qui pour résumer l'esprit d'un Tour de l’Aude où le faste du plateau ne rime pas avec étalage. Le meilleur de la production internationale d'avant 1950 se donne ainsi rendez- vous tous les ans à Carcassonne, le 14 juillet. Buick et Ford A américaines toutes les deux, mais le première est bien plus luxueuse et accessoirisée que la seconde.
Pour trois jours, et cette année 500 km sur les routes du pays cathare, à la découverte de la façade méditerranéenne, des Corbières et de la Montagne noire. « Nous sommes très attachés à réserver la manifestation aux véhicules d'avant 1950 », insiste Régis Arnaud, président du 5A. Autant par fidélité à l'histoire de cette manifestation, née dans les années 1970 et relancée en 2002, que par évidence.
Fiable et facile entretenir, la Ford A est un choix pragmatique. Sa polyvalence fait des merveilles autant que la sympathie qu'elle engendre.
Les rallyes ouverts aux plus récentes finissent trop souvent par être dissolus par les dernières arrivées. Dans ces conditions, il pourrait sembler difficile de réunir près de 70 véhicules au cœur de l’été. Ce n’est pas le cas. Le Tour de l’Aude, qui rime avec fidélité, affiche complet pour cette édition 2016. Ce qui n’interdit pas l'arrivée de douze nouveaux participants, parfois venus de loin 22 équipages belges et 5 suisses sont de l'aventure.
La montée à 12%vers le gouffre de Cabrespine n'est pas de nature à inquiéter le cabriolet Bentley de Michel Calvet.
<< Le Royal Vétéran Car Club Belgium, section Mons, est présent depuis plus de 40 ans », avance Emilio Borgno au volant de son tourer Bentley. « Dans les années 1970, les Belges venaient au Tour de l’Aude avant de filer dans les Alpes », confirme Roger Debien, trésorier des 5A : déjà dans l’organisation à cette époque. Les liens d’amitié sont restés. « Plusieurs membres de l'association Audoise participent au Rallye des lacs à Mons chaque années » précise Régis Arnaud.
Le roadster Chrysler 1931 de Robert Vallée est l'archétype de ces américaines glamour, bien plus aguichantes que les européennes contemporaines.
Et la présence d’équipages d’outre Quiévrain amène humour Belge et glamour à l’américaine. Les Ford A sont nombreuses et accompagnent Buick, Chevrolet, Chrysler ou Essex contemporaines, souvent méconnues dans l'Hexagone.
Avec son puissant 6 cylindres en ligne de 100 ch l'Alvis Speed 20 s'est joué des difficulté du relief.
Les grandes marques se mélangent aux petites sportives : Amilcar CGSs, Rally ou MG TA aux mains de Patrick Decoux, Dominique Zeller ou Dominique Spinoso sont à l’aise sur des routes au gabarit des années 1930.
Menée avec entrain par Patrick Decoux, l'Amilcar CGSs est à son aise sur Ies routes accidentées de la Montagne noire.
Et quelques populaires sont 1à, à l’image du torpédo B 2 de Serge Desclaux. « j’envisage de troquer la Citroën pour un cabriolet Peugeot 202 plus adapté », avance-t-il. Les défaillances sont rares. Crevaison pour l’Amilcar de Michel Marpinard ou surchauffe pour le torpédo-C 4 de Gerry Ninove sont à mettre sur le compte des conditions estivales.
Chez Ies Malpinard, on pratique l‘auto ancienne avec dévotion. « j'étais des premiers Tours de l’Aude dans les années 1970. En culottes courtes et sur la banquette arrière », s'amuse Michel.
L’organisation, elle, ne connaît pas de pannes, à l'image de Nicolas Blin qui dirige les concurrents en Terrot 350. Alternant périples autour de Carcassonne et expéditions plus lointaines, le Tour de l’Aude devait franchir les frontières l’an prochain.
Rendez-vous le 14 juillet prochain pour un départ qui devait être donné, comme cette année, au pied de la citadelle avec la bénédiction de la municipalité.
Doyenne la manifestation la puissante Renault AS de Pascal Gorgue n'a aucun mal à suivre le rythme.
Majestueuse Delage D 8 de Jacques Dieu, sur des routes pourtant peu adaptées à un tel gabarit !
De g. à d. Régis Arnaud Jean Guilhaumon et Roger Debien, les chevilles ouvrières de ce rallye des 5A.
LA VIE DE l’AUTO N°1727 du 4 Aout 2016/ Bernard FOURNOL