mercredi 15 octobre 2025

CLUB5A - REVUE DE PRESSE - «Une hausse de 40 à 50 centimes d’euros par litre» : pourquoi le budget 2026 pourrait provoquer l’envolée des prix des biocarburants E85 et B100

Le projet de loi de finances 2026 déposé ce mardi prévoit la révision de certaines mesures fiscales, dont la réduction des avantages fiscaux jusqu’alors accordés à l’E85. Le tarif de ce dernier pourrait exploser d’ici trois ans.Le projet de budget pour 2026 présenté mardi par le gouvernement Lecornu a fait quelques satisfaits, dont l’alliance syndicale FNSEA-JA, qui réclamait plusieurs mesures fiscales pour les agriculteurs et qui a obtenu gain de cause. En revanche, la suppression d’avantages fiscaux pour les agrocarburants présentée par le nouveau gouvernement a fait grincer les dents chez les automobilistes. Le gros point irritant du projet de budget réside dans «la suppression du tarif particulier pour le carburant B100» (biogazole à base de colza), surtout utilisé par les transporteurs, et «la réduction progressive de l’avantage fiscal pour le carburant E85» (éthanol), produit notamment à partir de betteraves en France. 
Ces agrocarburants peuvent constituer une source de revenus importante pour les agriculteurs, qui redoutent une concurrence accrue pour l’éthanol si l’accord entre l’UE et des pays du Mercosur entrait en vigueur. La FNSEA a déjà prévu d’œuvrer pour promouvoir des amendements sur ce point. «Double peine» La défiscalisation de ces deux biocarburants, commercialisés à des tarifs inférieurs à d’autres carburants largement répandus comme le diesel ou l’essence sans plomb (SP98), a provoqué l’ire de l’association 40 millions d’automobilistes. «En pleine période de crise économique et de flambée des prix de l’énergie, une telle décision serait à la fois injuste, contre-productive et inacceptable pour ceux qui cherchent à préserver leur mobilité et à adopter une consommation plus vertueuse», s’insurge l’association dans un communiqué, à propos de l’E85. 
 40 millions d’automobilistes a sorti les calculettes, et estime, au terme de la réduction progressive sur trois ans de l’avantage fiscal conférant au biocarburant son prix actuel attractif (0,71 €/L en moyenne), que la hausse finale pourrait être comprise entre «40 à 50 centimes d’euros par litre». Une «double peine» pour les consommateurs : «Non seulement le carburant devient plus cher, mais l’incitation à adopter une alternative plus écologique est affaiblie», pointe l’association. «Une telle mesure pèserait injustement sur les ménages qui ont fait le choix, souvent contraints, de rouler au bioéthanol dans l’espoir de faire des économies. 
De plus, la hausse du prix de l’E85 risquerait de détourner les automobilistes vers des carburants plus polluants», alerte Pierre Chasseray délégué général de 40 millions d’automobilistes. «Préserver le pouvoir d’achat des automobilistes» Deux fois moins cher que l’essence à la pompe, mais occasionnant une consommation supérieure, l’E85 a séduit de plus en plus de Français face à la flambée du prix des carburants ces dernières années. Alors que l’Europe se convertit à l’électrique et l’hybride, les promoteurs de l’E85, soit des agriculteurs, pétroliers et constructeurs, le présentent comme un «moyen d’accompagner les Français dans la transition» et un levier d’«indépendance énergétique» pour l’Hexagone. Philippe Nozière, président de 40 millions d’automobilistes, soutient que l’E85 «permet des gains environnementaux tout en préservant le pouvoir d’achat des automobilistes», alors que plus d’un million de Français l’utilisent déjà pour leur véhicule. 
 Ces motorisations, qui rejettent entre 30 à 50% de gaz à effet de serre en moins qu’en roulant à l’essence, permettent aux particuliers d’éviter le malus écologique, et les professionnels profitent aussi d’un abattement sur leurs taxes. Produit à partir de betterave, de blé, de maïs, et de résidus sucriers et amidonniers, surtout dans l’est et le nord de la France, le bioéthanol occupe 0,6% de la surface agricole utile en France, selon le syndicat national des producteurs d’alcool agricole. Mais son bilan environnemental reste contesté. 
La production de bioéthanol renforce les effets néfastes de l’agriculture industrielle sur les sols, l’eau et l’air (engrais chimiques, pesticides de synthèse comme les néonicotinoïdes), prévient par exemple l’association Inspire dans son «éco-guide de l’automobile». La France est par ailleurs le seul pays européen, avec la Suède, à défendre l’éthanol, et «l’échafaudage fiscal» qui le rend attractif pourrait s’écrouler, selon Sylvain Angerand, de l’association écologiste Canopée, qui a publié un rapport fin 2021 sur la question. 
Source : lefigaro.fr