Aujourd’hui, Eric raconte comment une publicité de Renault 16 TX, visionnée au cinéma en 1973, a transformé un rêve d’enfant en réalité.
Lecteur de cartes routières, ceinture de sécurité à enrouleur, lève-glace électrique, lave-glace, essuie-glace de lunette arrière, fermeture électromagnétique des portes, phares à iode : ce sont toutes les caractéristiques d’avant-garde que Renault mettait en scène en 1973 dans une publicité. «Si la Renault 16 TX vous offre tant d’équipement en série, c’est pour que vous puissiez profiter pleinement de ses qualités routières et de ses 5 vitesses.
Chez Renault, c’est comme cela que l’on conçoit une autoroutière », lançait la marque dans un spot qui appartient résolument à une autre époque.
Pour Éric, cette publicité est le souvenir de son enfance, d’une après-midi de cinéma où le jeune homme de 12 ans regardait Les Diamants sont éternels, l’iconique James Bond, incarné encore par Sean Connery. Le souvenir reste précis : « Ils commençaient à la diffuser à Montpellier au cinéma Odéon, qui est devenu une boîte de nuit dans les années 80. »
Cette publicité, « ça me fait frissonner ! Pour l’époque, c’était une voiture de luxe», exagère-t-il.
Il faut reconnaître que la naissance de Renault 16 marque une étape importante dans l’histoire de la firme au losange.
Il s’agissait alors de proposer à une clientèle exigeante une voiture haut de gamme se démarquant de la concurrence. « La Renault 16 , première voiture à hayon après la 4L. Grande, belle voiture ! », s’enthousiasme Éric. La TX, version haut de gamme produite entre 1973 et 1980, était particulièrement innovante : « Il y avait le lecteur de carte, l’éclairage pour que le passager avant puisse lire la carte - et d’ailleurs vous les verrez sur la pub -», raconte le passionné.
À 18 ans ...
Pour Éric, la R16 TX c’est d’abord une première occasion ratée. À 18 ans, son permis en poche, le collègue de son père vend une R16 TS verte avec les feux arrière en amande, le rêve du jeune adulte, si intime que son père ne le savait pas. L’occasion lui passe sous le nez, il ne le saura que trop tard. Il s’achète finalement une 204 coupée : ce sera sa première voiture. Les occasions manquées font œuvre de rumination, ce n’est qu’en 2007 qu’Éric va enfin concrétiser son rêve.
«Je me dis : il faut que je trouve une R16 !
À l’époque il n’y avait pas Le Bon coin. C’était sur Paru Vendu , il y avait une annonce dans une petite ville au-dessus de Mâcon, un agent Peugeot qui proposait la voiture».
La négociation fut laborieuse : « Je l’appelle...
Écoutez, ça a duré un mois pour la négo ! Le vendeur peu motivé hésitait avec cette vente, il n’était jamais dispo. L’annonce mentionnait un prix de 5000 euros. Finalement, j’ai surenchéri, on a fait affaire avec 500 euros de plus : 5500». Rendez-vous est pris à mi-chemin entre Macôn et Montpellier : à Valence.
L’acquisition est exceptionnelle, «elle avait 68 000 km d’origine, dans un super état, peinture d’origine, chromes rutilants...», expliquant pourquoi les TX sont si recherchées : « elles ont la particularité d’avoir les contours d’ailes chromés. De 1973 à 1976, ils ont gardé le maximum de fioritures.
Le ciel de toit est noir». Le modèle de l’année 1976, marquera la fin d’une époque, et la R16 TX récupère un ciel de toit blanc cassé comme toutes les voitures.
Eric n’est pas prêt à céder sa R16
Depuis l’acquisition, la voiture demande grand soin : «j’ai changé le démarreur, l’allumeur, le carburateur double corps à starter auto. Le maître-cylindre aussi, toute une liste, mais attention ça s’est fait sur des années...» Aujourd’hui, quand Éric sort sa Renault 16, l’effet est garanti : « Quand je sors dans la rue, les gens se retournent avec sympathie, encore plus que si j’avais une Ferrari !
Ce qui me plaît quand je la sors, c’est que les gens sont heureux ! ». Une dame de la même génération a même manqué de tomber en voyant le modèle dans la rue... «elle n’avait pas vu ça depuis 45 ans, qu’elle en était déconcertée et émue».
Aujourd’hui, la R16 TX est une voiture de collectionneur et vaut à la revente entre 15 et 22 000 euros, selon les estimations d’Éric (pour des véhicules déjà restaurés et en parfait état).
La rareté de ces modèles s’explique en partie par leur fragilité face à la corrosion : « Le problème, c’est de trouver une voiture saine car elles sont bouffées de l’intérieur.
Toutes celles qui ont roulé sur des routes salées», par exemple.
Mais ne parlez pas à Éric de se séparer de sa R16 : « Ça fait plaisir de voir sa valeur grimper mais on m’en donnerait 40 000 euros, je ne revendrais pas.
Peut-être 100 000 euros, j’hésiterais... » Car au-delà de la valeur marchande, c’est l’accomplissement d’un rêve d’enfant qui se raconte dans cette R16.
Source : lefigaro.fr - Clément GROS- Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...