dimanche 3 mars 2024

CLUB5A - LA SAGA DES MARQUES - LES AUTOMOBILES MATHIS .....UNE DES PLUS GRANDE MARQUE D'AUTOMOBILES FRANCAISES !!

  

Je suis tombé sur un tract du Mathis VA 333 d’après-guerre. Un beau concept qui n’est malheureusement pas entré en production grâce au ministre Français qui s’occupait de la distribution des matières après la guerre. C’est ainsi que l’une des plus grandes marques automobiles françaises d’avant-guerre (n°4 en taille) a été tuée de manière experte. Le VL 333 est très intéressant et a été développé pendant la guerre (1942, avec une carrosserie en aluminium autoportant profilée (!) fabriquée par Jean Andreau (!), avec suspension indépendante et un moteur flat-twin de 700 cc refroidi par eau. 


VL 333 signifiait Voiture Légère; 3 roues, 3 personnes, 3 litres par 100 km de consommation. Sur les 9 prototypes, il ne semble en rester que 1. Voilà pour l’histoire, ce qui est important pour ma question: Il y a donc un dépliant du VL 333. Et il me semble logique qu’il ne soit pas imprimé par dizaines de milliers. Je sais à quoi ressemble le dossier et je suis allé le chercher (voir la dernière photo) ? 

Les écarts avec l’exemple que je connais sont assez importants: la couleur bleue, l’absence des lettres VL et le texte et la typographie dans l’engrenage.

 Pourtant, ici aussi, tout semble être dessiné à la main. Est-ce maintenant un vrai vieux et y avait-il deux tracts différents? 

Ou est-ce l’une des nombreuses réimpressions ultérieures de brochures de voitures anciennes Français ? 

Émile Ernest Charles MATHIS est né à Strasbourg le 15 Mars 1880 au sein d’une famille bourgeoise d’hôteliers. Très attiré par l’automobile naissante et doué d’un sens très aigu des affaires, il crée une entreprise de vente, d’entretien et de réparation d’automobiles. En 1901 il est en relations d’affaires avec le constructeur d’automobiles “De Dietrich“ pour qui travaille un certain “Ettore Bugatti“.
 Au printemps 1904, Émile Mathis et Ettore Bugatti qui se sont liés d’amitié, s’associent dans le but de fabriquer une voiture. Moins d’une année plus tard ce sera chose faite. Durant 2 années, cette voiture type “Hermès” sera fabriquée en un nombre très restreint d’exemplaires. Mais dès 1906, les relations entre Émile Mathis et Ettore Bugatti se dégradent. Les deux jeunes gens mettent fin à leur association. Émile Mathis dirige son très grand garage "Auto-Mathis-Palace". Il vend plus de 500 châssis ou voitures complètes par an. Il détient le monopole des ventes pour l'Allemagne de plusieurs marques de voitures dont les deux plus importantes semblent être "Fiat" et "De Dietrich". 
N'oublions pas que jusqu'en 1918, Strasbourg fait partie intégrante de l'Allemagne. L'aviation naissante fascine Émile Mathis. Il passe son brevet de pilote et acquiert un aéroplane "Antoinette" équipé d’un moteur Levavasseur 8 cylindres en “V”. Il crée une école d'aviation sur le terrain du “Polygone“ au Sud de Strasbourg, et le 3 Mai 1910, son monoplan piloté par Eugène Wiencziers est le premier avion à survoler Strasbourg et sa cathédrale. Vers 1910 apparaissent les premières voitures portant l'inscription Mathis sur le haut du radiateur. 
Il semblerait qu'il s'agisse de châssis "Stoewer" ou "Fiat", carrossés à Strasbourg, puis vendus sous la marque Mathis. "Stoewer" était un constructeur d'automobiles installé dans la ville Allemande de Stettin (aujourd’hui en Pologne). En Mars 1911, commence la construction de la nouvelle usine au sud de Strasbourg. C'est au début de 1912 qu'est commercialisée la "Baby", de conception Mathis. Une année plus tard, suivra la "Babylette". Jusqu'en 1914, des voitures Mathis participent à de nombreuses courses. Il s'agit principalement de voitures de série équipées d’une carrosserie allégée. Elles démontrent leur fiabilité et sont remarquées entre autres au Grand Prix de l'A.C.F. à Dieppe en 1912 et au Grand Prix de France au Mans en 1913. 
 Lorsque la première guerre mondiale éclate, les Mathis ont déjà acquis une certaine notoriété en Allemagne et même dans le reste de l’Europe. Cette notoriété n’est pas uniquement due à la qualité des voitures, mais aussi au «marketing» imposé par Émile Mathis. Dès le début, il a su “vendre“ ses produits ! Le support publicitaire le plus employé à cette époque est la “carte postale“. Peu de temps après le début du 1er conflit mondial, Émile Mathis déserte de l’armée Allemande et s’engage dans l’armée Française. L’usine réquisitionnée fabrique principalement des camions militaires et des ambulances pour l’armée Allemande. La guerre se termine en 1918 et l’Allemagne restitue l’Alsace et la Lorraine à la France. Les usines Mathis désormais françaises, produisent dès l'été 1919 des modèles identiques (ou presque) à ceux fabriqués juste avant la guerre. 
Il s’agit de la 16 cv type “Z“, de la 12 cv type “OB“, de la 8 cv type “S“ et de l’utilitaire type “FB“. Mais les choses évoluent vite. André Citroën est le premier à présenter sa 10 cv type “A“ en été 1919. La première nouveauté Mathis, la 10 cv type “SB” est prête quelques jours plus tard, en août 1919. La clientèle désirant une voiture moins chère sans pour autant qu’elle soit étriquée, pourra s’offrir la petite Mathis 6 cv type “P“ dès la fin de 1921. En 1919, la publicité se sert des exploits accomplis par les voitures Mathis avant la guerre. Mais très vite, la “réclame“ se fait de façon différente. L’accent est mis sur la qualité de fabrication, sur la robustesse et sur l’économie des voitures. Un record mondial va tomber à pic. À la fin du mois d’octobre 1920, une 10 cv type “SB“ gagne le concours de consommation au Mans. 
Elle parcoure 100 km avec seulement 4,48 litres de carburant. En été 1922, la petite “P“ bat tous les records mondiaux. Cette 6 cv n’a besoin que de 2,38 litres d’essence pour couvrir 100 km. «Le poids, voilà l’ennemi» Ce slogan très connu apparaît à la fin de 1922. Il ne sera vraiment exploité au point de vu publicitaire qu’à partir de la deuxième moitié des années 1920. En attendant, la gamme des modèles s’élargit avec l’arrivée de la petite 5 cv type “T“ et de deux autres voitures motorisées par des moteurs 6 cylindres. La 9 cv (puis 10 cv) type “PS“ munie d’un moteur latéral, et la 10 cv type “L” qui est une sportive équipée d’un beau moteur à arbre à cames en tête. La 10 cv type “SB“ est remplacée par la “SBO“ plus spacieuse et une toute nouvelle voiture, la 4 cylindres type “M” est disponible dès l’été 1923. Cette auto a une puissance fiscale de 7 cv. La 11 cv type “G“ apparaît à la fin de 1924. 
Cette voiture à caractère “sportif“ est dotée d’un moteur 4 cylindres à soupapes en tête. Mais, dans la très grande majorité des cas, les voitures Mathis sont équipées de moteurs classiques à distribution latérale. Les mécaniques simples et fiables sont privilégiées pour les voitures de monsieur “tout le monde“. Les usines Mathis “tournent“ et les voitures se vendent bien. 400 agents représentent la marque au niveau national alors que la capacité de production des usines de Strasbourg est de 100 voitures par jour. Émile Mathis est désormais le quatrième constructeur Français derrière Citroën, Renault et Peugeot. La gamme des carrosseries proposées est de plus en plus étendue et le montage des pneus “ballon“ se généralise. Les carrosseries souples “brevets Weymann“ apparaissent. Elles seront très en vogue jusqu’en 1929. Charles Faroux, rédacteur en chef de la revue “La vie Automobile“, nous décrit les usines Mathis au début de 1925: «Concevez un immense rectangle. 
Le long de son grand côté, règne le hall des matières brutes ; les voies ferrées amènent là, convenablement répartis, les aciers, fontes, bois, cuirs, que l’usine va assimiler. Le long du côté opposé, c’est un grand hall d’une seule travée et de 700 mètres de long. Entre les deux halls, cinq grandes usines indépendantes et autonomes, dont chacune a son outillage, son matériel, ses cadres et ses ouvriers. La première en commençant par le Nord, établit le châssis et ses accessoires ; la seconde, les directions et essieux avant ; la troisième, les ponts arrière et leurs liaisons ; la quatrième, les embrayages et boîtes ; la cinquième, les moteurs. 
Dans le vaste hall, une chaîne sans fin poursuit son mouvement inexorable ; sur cette chaîne, la première usine a versé le cadre du châssis ; les premiers ouvriers assemblent ressorts, axes, jumelles ; la chaîne poursuit sa marche et ce squelette reçoit, à point nommé de la seconde usine, sa direction et l’essieu avant ; quelques mètres encore, la troisième usine livre son pont... quelques minutes et la voiture est terminée. La chaîne à son extrémité débite comme un beau fleuve qu’ont successivement et sans défaillance alimenté cinq affluents au cours régulier et parallèle. Le grand hall d’un seul tenant, et d’une longueur de 700 mètres avec une largeur de 25 mètres emplit le visiteur de respect ; c’est d’ailleurs le plus grand hall d’Europe, et il faut aller à Pittsburgh ou à Philadelphie pour trouver quelque chose de comparable. Après vingt ans de travail et d’expérience, Mathis sort les voitures d’une usine outillée à miracle, où on a poussé à un point suprême le souci du contrôle, de l’expérimentation et de la mise au point.
 Il faut voir l’atelier des bancs d’essai où 60 moteurs tournent constamment, il faut voir l’atelier des voitures terminées, fignolant leur mise au point sur rouleaux, il faut étudier la vérification de l’ensemble terminé par les équipes de contrôleurs spécialisés ....» Du début des années vingt jusqu’en 1925, des voitures de compétition “usine“ remportent de nombreuses victoires en course. Ces voitures sont équipées de moteurs 4 cylindres à arbre à cames en tête et système d’allumage double. Leurs succès sont immédiatement exploités par la publicité. En juillet 1923, au Grand Prix de Tourisme organisé par l’Automobile Club de France, les Mathis terminent aux deux premières places. En août 1924, toujours au Grand Prix de Tourisme de l’A.C.F., les trois Mathis 1500 cm³ type “RRB” terminent aux trois premières places. En juillet 1925, encore une fois au Grand Prix de tourisme de l’A.C.F., les trois Mathis 1500 cm³ type “RRC“ abandonnent sur ennui mécanique ! ...
 Cela met fin à la participation des voitures d’usine à des courses de vitesse. Désormais, des voitures Mathis de “série“ effectueront des raids d’endurance, et les (bons) résultats seront immédiatement exploités par la publicité. Monsieur Jean de Lascoumettes, journaliste, nous apprend que monsieur Emile Mathis, sûr de la fiabilité de ses voitures, leurs confie les transports urgents entre les usines de Strasbourg et l’annexe de Levallois-Perret. En 1925, un exemplaire de la toute récente type “GM“ est affecté à cette tâche. Cette 10 cv commercialisée depuis la fin de 1924 est une voiture robuste et endurante. Monsieur Emile Mathis, convaincu des qualités de cette voiture, décide de lancer un exemplaire strictement de série, pour un périple de 15.000 km à raison de 1000 km par jour. 
L’Automobile Club de France se charge du contrôle de l’épreuve qui se déroule sur un parcours journalier long de 1000 km. Le trajet choisi relie Paris à Strasbourg, puis, après une petite boucle au Sud de la capitale Alsacienne, le retour se fait sur Paris. Emile Mathis confie le volant de sa “GM“ à six jeunes gens. Cinq Alsaciens et un Lyonnais se relaieront par équipe de deux. Il y a les frères Michel et Victor Moessmer, Million, Heinrich, Deisenroth et Issenhuth. Le départ de l’épreuve est donné par Emile Mathis lui-même le 14 septembre 1925 au soir. Partie pour couvrir 15.000 km, la “GM“ roule durant trente jours consécutifs. Le 15 octobre au soir, son compteur affiche plus de 30.000 km. Cet exploit sans précédent fait grand bruit. La vaillante Mathis va de concessionnaire en agent de la marque, au travers de toute le France. En mars 1926, elle totalise plus de 43.000 km. Mais malgré sa renommée, elle termine ses jours comme la plupart de ses consœurs, sous le chalumeau d’un ferrailleur ..... ! C’est aussi au milieu des années vingt qu’apparaissent les “Huiles Mathis“.
 Comme nombre d’autres constructeurs d’automobiles de l’époque, Mathis préconise ses propres lubrifiants. À la fin de 1924, un document publicitaire vantant les qualités des huiles Mathis précise : «La couleur de notre l’huile est d’un beau vert léger, un peu plus clair même que les marques les plus réputées» .... ! Ce n’est qu’en juin 1932 que Mathis s’associe avec un grand “pétrolier“, la société Française “ANTAR“, qui raffine ses produits non loin de Strasbourg, à Pechelbronn dans le Bas-Rhin. A la fin de 1925, la première 8 cylindres Mathis fait une brève apparition au catalogue. Malgré sa belle mécanique, cette 12 cv type “LH“ n’a aucun succès ! En 1926, tous les espoirs sont mis dans une toute nouvelle voiture de taille moyenne qui est présentée officiellement au mois de juin. Cette 8 cv type “MY“ est une véritable “voiture à tout faire“. Elle est robuste, légère, économique et se vend très bien. C’est la première voiture Mathis dont la dénomination renferme la lettre «Y». Par la suite, ce «Y» se retrouvera très souvent dans d’autres dénominations de voitures de tourisme.
 Quant à savoir ce que signifie cette lettre «Y» ? En automne 1927, apparaît une six cylindres conçue dans le même esprit que la toute récente “MY“. Cette nouvelle voiture type “SMY“ est la première «EMYSIX» à voir le jour. Son radiateur s’orne d’un tout nouveau bouchon très caractéristique. Sa forme fait penser à la flamme du flambeau olympique porté par un coureur de marathon en pleine action. Ce bouchon, communément appelé «Flamme Mathis», sera monté sur presque toutes les voitures à compter de la fin de l’année 1928. Le nom commercial «EMYSIX», sera attribué à presque toutes les 6 cylindres Mathis fabriquées jusqu’en 1934. Les premières 10 cv “SMY“ sont des voitures légères et compactes. La gamme des «EMYSIX» va s’étoffer de versions plus spacieuses avec l’arrivée de la “SGM“ à la fin de 1927, et de la “FO“ en 1928. Ces voitures, initialement de 10 cv fiscaux, pourront être dotées de moteurs 11, 14, 17 et même 23 cv. 
Parallèlement à la production de voitures de tourisme, Mathis propose des véhicules purement “utilitaires“ à partir de l’automne 1927. Jusqu’à cette époque, les petits utilitaires du catalogue étaient fabriqués sur des châssis "tourisme". Le premier châssis exclusivement utilitaire fut le “1TGM“. Il sera remplacé par le “GMU“ dès le printemps 1929. Jusqu’en 1934, Mathis proposera toute une gamme de véhicules utilitaires allant de 350 kg à 4000 kg de charge utile. Dès la fin de 1929, les modèles commencent à se multiplier. La “GM” vieillissante est remplacée par la 9 cv type “QM” qui deviendra “QMN” l’année suivante avec l’adoption d’un nouveau châssis. 
Ce même châssis est utilisé pour la 7 cv type “MYN” qui remplace la “MY”. Les voitures 6 cylindres sont désormais disponibles sur deux châssis : Le “FON” qui est adapté aux voitures de grande taille et le “SMN” qui est destiné aux Emy6 de gabarit plus modeste.
Source : mathis-auto.com/Scènes d'automobiles avant guerre.-Koen Beekmann-
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