lundi 21 avril 2025

CLUB5A - VOITURE DE LÉGENDE - la Mini...brillante cure de modestie !!

L’histoire de l’automobile s’est écrite avec celle des crises des XXe et XXIe siècles. Fin 1956, la crise de Suez fait réapparaître les tickets d’essence. Et le souci chez les constructeurs de développer des petits moteurs. Réponse outre-Manche avec la Mini, une citadine au chic anglais qui se vendra à plus de 5 millions d’unités. Un coup de tonnerre dans un ciel serein. Fin 1956, alors que semblait définitivement écarté le spectre du rationnement, le fiasco de l’expédition franco-britannique contre l’Egypte de Nasser va brusquement réveiller de vieux démons. 
Non seulement les deux pays, contraints par l’Union soviétique et les Etats-Unis, ne pourront s’opposer à la nationalisation du canal de Suez décidée par le président égyptien, mais ils vont déclencher une brève mais sévère crise pétrolière. Fin novembre 1956, les automobilistes français voient réapparaître avec effroi les tickets d’essence. La crise de Suez engendre une pénurie qui ne prendra fin qu’en juillet suivant, accompagnée d’une forte hausse du prix à la pompe. 
 Chez les constructeurs, on comprend vite que l’heure est aux petits moteurs. D’autant que, mi-1956, a été instituée la fameuse vignette automobile destinée – en principe – à financer la création du minimum vieillesse. Chez Simca, cette nouvelle donne inspire l’Ariane, dérivée de la luxueuse Trianon mais avec la modeste mécanique de l’Aronde.
 Lourde, cette familiale aux faux airs d’Américaine se traîne dans les montées mais elle se vendra plutôt bien. De l’autre côté de la Manche, le sentiment qu’il faut opter pour une forme d’humilité automobile est tout aussi prégnant. Père de la Morris Minor (1948), qui fut aux Britanniques ce que la 4CV fut aux Français, Alec Issigonis (1906-1988) est chargé en mars 1957 par la direction de la British Motor Corporation (BMC, constructeur né de la fusion d’Austin et de Morris) d’imaginer un petit modèle adapté au nouveau contexte. 
Anglais d’origine grecque, cet ingénieur qui sera anobli par la reine va faire preuve d’une rare audace. Présentée en 1959, sa création porte un nom qui résume parfaitement l’enjeu : Mini. Elle se faufile et se gare partout Cette voiture au style merveilleusement équilibré qui la rendra intemporelle présente un rapport habitabilité/encombrement jamais vu. 
Elle ne mesure que 3,05 m (40 cm de moins qu’une Renault 4CV !) mais peut recevoir quatre passagers (certes un peu serrés, à l’arrière…) et quelques bagages. Ses roues fichées aux quatre coins de sa carrosserie comme ses suspensions articulées sur des supports en caoutchouc lui procurent une tenue de route impeccable et la rendent très amusante à conduire. Comble de l’originalité, le moteur a été logé en position transversale avec la boîte de vitesse juste en dessous. L’ensemble est léger, la consommation est réduite. 
Ces choix permettent de s’affranchir du sacro-saint principe, synonyme de médiocre comportement routier, consistant à loger la mécanique sur l’essieu arrière comme le pratiquent les petites Renault et Fiat. La création de Sir Alec rompt avec le conservatisme dans lequel la production automobile britannique s’était retranchée. Elle élargit le spectre de la production automobile en apportant la démonstration qu’une petite voiture peut être prise au sérieux.
 La Mini incarne le chic anglais en à peine plus de trois mètres de long, tout en demeurant un objet accessible réalisé avec une économie de moyens. Cette petite merveille sonne l’heure de la voiture à vocation urbaine. Alors que les villes poussent comme des champignons et commencent à connaître des problèmes de surpopulation automobile, la Mini se faufile et se gare partout. Indéboulonnable, ce modèle produit à 5,3 millions d’unités jusqu’en 2000 résistera aux diverses tentatives (Mini Clubman, Austin Metro) destinées à lui succéder. La Mini se trouvera finalement une descendance en 2001, lorsque BMW décidera non pas de la remplacer mais de la réincarner en bonne et due forme. 
 Source : Les crises dans le rétro-Jean-Michel Normand-Lunaris2142