Malgré la mort de son frère Charles lors d'un accident d'automobile le 12 septembre 1912 avec la baronne de Laroche, il poursuivit jusqu'en 1914 la construction d'avions d'abord pour les gentlemen-pilotes de l'époque puis pour l'aviation militaire.
En 1918, la guerre terminée, il se détourna de l'aviation et se lança dans la construction d'automobiles, domaine qui lui paraissait constituer un marché plus prometteur.
la C-1 ; il sera construit à près de cent exemplaires jusqu'en 1920. Après quelques tentatives dans les voiturettes et les motocyclettes, il se consacra à des modèles très étudiés : d'abord la C-1 à quatre cylindres puis la C-2 à douze cylindres en V. Vinrent rapidement la C-4 d'entrée de gamme et les C-S à tendance sportive. Il produisit près de mille voitures par an et remplaça son modèle à succès, la C-4, par la C-7 à partir de 1925.
Un an plus tard, il livra ses voitures entièrement carrossées, contrairement aux usages de l'époque où les constructeurs fournissaient des châssis nus aux carrossiers. Au niveau sportif, il tenta, en 1923, d'appliquer de façon approfondie la technique aéronautique au prototype Voisin Laboratoire : optimisation du poids, carrosserie profilée en aluminium, pompe à hélice, absence de différentiel. Malheureusement, le manque de puissance des moteurs ne permit pas de grands résultats.
Il lança ensuite la C-11, une six cylindres livrable avec une carrosserie en aluminium largement vitrée dite « lumineuse », évoluant en C-14 jusqu'en 1932. De 1920 à 1930, la marque Voisin fournira les voitures présidentielles de Paul Deschanel, d'Alexandre Millerand puis de Gaston Doumergue.
De façon anecdotique, le français René Stapp développa entre 1930 et 1932 son "Jupiter", équipé de trois moteurs Bristol Jupiter 24L. de près de 400CV chacun, montés sur un châssis Voisin renforcé, mais après des essais à Daytona Beach en vue de battre les records mondiaux de Campbell, l'engin fut détruit dans un incendie sur la plage de La Baule-Escoublac.
L'inventivité de Voisin, son tempérament exigeant et son intransigeance, le conduisirent rapidement à produire essentiellement des véhicules haut de gamme : C-12, C-16, C-18, C-20, C-22 et C-24. L'incendie de son usine, mal assurée, puis la crise économique de 1929 entraînant la morosité du marché automobile dans les années 1930 l'obligèrent à laisser le contrôle de ses usines à des financiers4. Reflétant son passé aéronautique, Voisin présenta la C25 Aérodyne au Salon de Paris de 1934 puis, en 1935, l'Aérosport C-28 « ponton » sans ailes séparées. Plusieurs projets restèrent à l'état de prototype tel la C-26, présentée en 1934, ou au stade d'exemplaire unique comme le coupé C-27 Aérosport avec son toit coulissant dans la malle arrière.
En 1938, Gabriel Voisin produisit quelques exemplaires de la C-30 équipée d'un moteur Graham-Paige dont le châssis inspirera André Lefèbvre pour certains éléments de la Citroën DS et qui sera la dernière Voisin5. Sa longue fidélité aux moteurs sans soupape, à chemises mobiles, du type Knight, qui fut un avantage aux débuts des années 1920, où les ressorts des soupapes avaient une faible durée de vie, devint un inconvénient et l'empêcha de présenter des moteurs performants et fiables. Ils permirent néanmoins à Voisin de détenir de nombreux records de vitesse sur de longues distances, entre 1925 et 1930 : dix mille kilomètres à 147 km/h de moyenne, puis trente mille kilomètres à 133 km/h de moyenne et, enfin, les cinquante mille kilomètres à 120 km/h de moyenne en 1930.
Source : Jean-Noel Rossignol