Un ouvrage à la fois historique et romancé (par l'ajout de quelques personnages de fiction), issu d'un long travail de recherche et de compilation de documents d'époques (affiches, coupures de presse… etc.). Ce travail, Charles Camberoque l'a commencé au début des années 2000. "Quand j'avais 16 ou 17 ans, j'étais très attiré par la moto. Mon père ne cessait de vouloir m'en dissuader en me racontant qu'il avait assisté à des courses, à Carcassonne, au cours desquelles il avait vu quelqu'un perdre la vie".
L'anecdote ressurgit donc, lançant celui plus connu pour ses photographies que pour sa passion des deux-roues, sur la piste du "circuit oublié". Des pointes à 180 km/h Près de trois années de travail plus tard et la recherche d'un éditeur, l'histoire des grands prix de motos carcassonnais refait surface. "Le circuit était situé au niveau de l'actuel aéroport de Salvaza, et empruntait les routes, il n'était pas permanent". Ainsi, pendant 3 à 4 jours de l'année, les routes étaient fermées, pour laisser place à 4 courses, sur un circuit long d'un peu plus de 9 kilomètres. "C'était un circuit plutôt rapide, avec des moyennes avoisinant les 130 km/h au tour, et des pointes à 180 km/h dans la ligne droite", précise Charles Camberoque. Et si les courses de motos ont disparu du paysage, ce n'est certes pas à cause de leur manque de notoriété.
"L'événement était nommé le 'Great Event ', à l'anglaise. Il faut comprendre que des gens venaient de toute l'Europe pour concourir, et que les prix étaient particulièrement bien dotés. A titre d'exemple, le vainqueur remportait l'équivalent du prix d'une belle moto. "A son apogée, le grand prix rassemblait, en 1934, pas moins de 30 000 spectateurs. La municipalité, sous l'égide d'Albert Tomey, avait même fait construire des gradins temporaires". Le grand prix de Carcassonne, grâce aux passionnés qui le mirent en place, faillit même devenir le Grand prix de France. Une grande et belle aventure humaine et sportive donc, débutée dans les années trente, et qui aura perduré jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, avant de tomber peu à peu dans l'oubli, notamment à cause de deux décès sur le circuit, et l'abandon progressif de l'événement par la municipalité à partir de 1935.
Une histoire transcrite avec passion par Charles Camberoque : "J'essaie de raconter ce projet audacieux, mais aussi comment des politiques peuvent se saisir d'un événement et le promouvoir, avant de reculer et de l'abandonner", conclut celui qui reste, aujourd'hui encore, féru de motos, qui les collectionne, les aime, à tel point qu'il "vient de restaurer la moto de 17 ans". Le circuit oublié paraîtra en mai 2013. Une souscription sous forme de réservation est mise en place. Rens. Jipé éditions au 04 34 26 04 85.Fils du célèbre peintre et intellectuel audois Jean Camberoque, Charles Camberoque collectionne les passions, au premier rang desquelles, la photographie, dont il a fait son métier, sa passion, "à la recherche de l'homme et de ses identités, de l'universel dans le particulier".
Révélé au grand public pour ses photoreportages sur la Chine, les lévriers des Baléares et les traditions populaires (Carnaval de Limoux, Fête des paillasses de Cournonterral), il s'intéresse également à l'ethnologie, ainsi qu'aux deux-roues motorisés depuis son plus jeune âge. Charles Camberoque fait partie des rares photographes français à avoir été mis à l'honneur par les "Cahiers de la photographie", qui consacraient il y a quelques années un numéro entier autour de son œuvre. Parmi ses reportages à l'étranger, on trouve également des travaux sur la Grèce, le Zimbabwé, les Etats-Unis, la Syrie et la Cisjordanie. Egalement l'auteur de plusieurs livres, films et vidéos, Charles Camberoque fait aujourd'hui partager sa passion de l'image aux élèves de l'école des beaux-arts de Montpellier, ville où il réside actuellement, bien qu'originaire de Carcassonne. Il a également été chargé de cours à l'université Paul-Valéry Montpellier III en 1985, à l'université de Paris VII en de 1982 à 1983, mais également photographe au ministère de la Coopération et à la Documentation Française au début des années 70.Charles Camberoque Reproduction d'une affiche du grand prix.
Source : L'INDEPENDANT / par Benjamin Seyer/Charles Camberoque