« Cette voiture, c’est le dernier souvenir que j’ai avec mon père » : les sacrifices de Dominique, 61 ans, pour s’acheter une Peugeot 203 de 1954 Dominique, 61 ans, nous raconte comment il s’est offert une Peugeot 203 de 1954, la même que conduisait son père dans les années 70. «Mon père avait une 203 », confie Dominique, les yeux brillants de celui qui vient enfin de réaliser le rêve de toute une vie.
Dans sa mémoire, cette voiture occupe une place particulière : «J’ai une photo avec mes frères et sœurs sur le capot de la voiture, j’ai toujours gardé le lien avec cette voiture ». Voilà comment cette image d’enfance, figée dans le temps, est devenue une quête qui a guidé sa vie pendant la dernière décennie. «Cette voiture, c’est le dernier souvenir que j’ai avec mon père : un jour il m’a emmené à son travail et il conduisait, il y avait une odeur que je sens encore d’ici». Aujourd’hui, chaque fois qu’il s’installe au volant de sa 203, c’est «cette odeur particulière, cette odeur du passé» qui l’enveloppe et le ramène instantanément à son enfance. «On sent qu’elles ont vécu et étonnamment elles ont emmené le parfum des années 60», raconte-t-il.
«Quand vous rentrez dans une voiture comme ça, vous voyagez dans le temps, vous savez que vous n’êtes plus en 2025», explique cet agent hospitalier de 61 ans.
Pour Dominique, cette 203 n’est pas seulement la concrétisation d’un rêve automobile : c’est la reconstitution d’un lien perdu, le moyen de retrouver cette complicité père-fils qu’il n’a jamais oubliée. Un imaginaire faisant de chaque trajet une madeleine de Proust sur quatre roues.
Un modèle difficile à dénicher
Trouver la bonne 203 n’a pas été une mince affaire. Dominique a cherché pendant quatre longues années, confronté à un marché parfois délirant. «Pas facile de trouver, il y a tellement d’annonces et tellement de personnes qui veulent vendre à des prix exorbitants, témoigne-t-il. J’ai vu des 203 entre 15.000 et 19.000 euros, ça dépasse l’entendement». Finalement, malgré quelques péripéties, il déniche - il y a un peu plus d’un an - sa perle rare pour 8500 euros.
«La fille du propriétaire décédé a récupéré le véhicule, ça a été compliqué, elle n’a pas voulu donner les papiers sur l’entretien», se souvient-il. Qu’importe, le coup de foudre était là.
Avec son salaire modeste d’agent hospitalier, Dominique a dû faire de nombreux sacrifices pour s’offrir la voiture de ses rêves. « Je n’ai pas de gros moyens, je fais avec », confie-t-il sans regrets. Pour réunir les 8500 euros nécessaires, il a travaillé de nuit, accepté des gardes supplémentaires, et il admet : « j’ai un peu mis ma vie personnelle de côté».
Cette abnégation n’était pas vécue comme une punition, mais comme un investissement dans son bonheur futur. «Je n’étais pas sûr que j’y arriverais, quand on arrive on est heureux, confie-t-il, je l’expérimente comme une revanche sur la vie».
Un véhicule à l’abandon
Dominique se plaît également à nous raconter les moindres détails de l’histoire de sa 203. Abandonnée pendant une vingtaine d’années en Côte d’Or, «dans un état pitoyable», elle avait été sauvée par un retraité d’EDF qui l’avait entièrement restaurée : «intérieur refait, siège, toit, moquette, repeinte totalement».
«Il m’a expliqué que lorsqu’il a acheté sa maison, la voiture était dans la grange comme une vieille traction qui est en train de périr», raconte Dominique.
C’est le charme des découvertes automobiles en France : « on a beaucoup de vieux véhicules abandonnés qu’on retrouve un peu par hasard. Des Rosalies, des tractions... » L’inconvénient reste qu’après l’avoir acheté : douze mois lui ont été nécessaires pour la remettre complètement en état. «J’ai refait frein, circuit liquide de refroidissement, clignotant ».
La saveur de chaque instant
Dominique savoure surtout chaque instant passé avec sa 203, quand bien même elle demande une attention constante. « En ce moment j’ai une fuite d’huile, c’est le charme des vieilles voitures, on passe notre temps à faire des choses », sourit-il. Sur les routes, il ne passe jamais inaperçu.
« On me klaxonne, je leur réponds avec mon klaxon d’époque, et voilà les gens sont heureux », raconte-t-il fièrement. Les réactions du public le touchent profondément : « On me dit souvent : heureusement qu’il y a des gens comme vous. En y réfléchissant, ma voiture, est un patrimoine ».
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Et le sexagénaire ne compte pas ralentir. « Dans 4-5 ans, si tout va bien, j’espère pouvoir en profiter davantage, faire de petits défilés, des rassemblements », projette-t-il déjà. Avant de conclure : « ça vous change la vie, ça m’a transformé, j’ai définitivement trouvé mon équilibre grâce à cela ».
Source : lefigaro.fr-Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...