J’y suis allée, je vous raconte ?
En résumé : ça s'est très bien passé, même si pas du tout comme j’imaginais…
Montée au plateau des 1000 vaches 2017 Mercredi 6 décembre, retour du travail, youpi c’est les vacances !
On va au garage préparer la bestiole (pression des pneus, niveau d’huile, plein d’essence, tension de la chaîne, positionner le porte-bagages et charger… Tout est prêt, 22h ! Par acquit de conscience on tente un petit démarrage et …
RIEN : ma jolie 125 CBS n’a pas supporté le test « route de nuit » du WE précédent : mes phares ont vidé la batterie, et quelque chose a dû cramer… Bref pas même un petit prout et voyant de point mort bien mort.
Mon œil se pose sur ma sage 125 CG à côté, le coup de kick s’avérant positif je la prépare avec amour, je charge, et dodo minuit au lieu de 22h, pas grave, on le savait que le WE serait fatigant ! Jeudi 7 décembre, première partie du trajet toute seule, jusque Bouloc au nord-est de Toulouse. C’est beau. Mais punaise qu’il fait froid…
Vendredi 8 décembre après une nuit confortable et au chaud, plein d’essence avec sur le parking du supermarché une pause-café organisée par le club Meymacois, on entre dans l’ambiance ! Pique-nique après Tulle et deux arrêts-mécanique (… !), et à 14h arrêt définitif de la petite Kawasaki à Egletons : elle ne redémarrera pas du WE.
Au bout d’une heure et demie on la laisse chez un couple très gentil, on charge les 3 bestioles de reste, et je propose ma CG à Jean, étant moins volumineuse pour monter sur la moto de Michel. Il est tout content, ça lui remonte le moral. On arrive enfin à Meymac où on retrouve Stéphane. On prend les badges et on rejoint Jérémie et Laurent qui nous attendent pour pénétrer ensemble sur le domaine de la concentr’ , il est 16 ou 17h Séjour sur le plateau des 1000 vaches 2017
Nous nous installons côté soleil levant, la vue est superbe, et seul notre feu nous dérangera par sa fumée. Il faut monter les tentes avant de faire la fête, ranger les bestioles, planter le drapeau, faire le feu et stocker du bois pour la nuit. Les jumeaux se montrent super sociables comme toujours, et nous ramènent Virginie et Jérôme les voisins sympa. Eh oui, de l’autre côté il y a les « pas sympa », qui ont déroulé une bande rouge et blanche entre eux et nous (caché des bombes dessous, installé un mirador, son guetteur, sa mitraillette) avant de chanter toutes les chansons de Johnny sur fond de baffles diffusant plein pot.
Nous avons surenchéri : ils ont entendu Petit Poney à tue-tête quand leurs baffles ont rendu l’âme...
- Arrivée des petits derniers Baptiste et Laurent2 vers 21h il fait nuit depuis longtemps. La garbure de Madame Michel a été raclée jusqu’au collé au fond de la cocotte ; les saucisson, saucisse sèche, pâtés, cacahuètes ont accompagné la bière et le vin, puis ont succédé les magrets l’entrecôte…
Je ne sais pas pourquoi ni comment, certains ont réussi à tomber de leur trépied !!!
On a quand même eu soif de boire un verre sous le barnum. Et là j’ai bien rigolé : un, puis deux messieurs viennent me poser des questions super indiscrètes genre "ça finit à quelle heure dimanche ?", ou encore "c’est où qu’on achète les vaches ? " Je réalise que mon super blouson fluo est pris pour une tenue d’organisatrice.
Je comprends mieux les détours respectueux opérés par des avinés croisés lors de ma balade pré-apéritive !!! Après avoir bavardé tout notre saoul au vin chaud, retour aux tentes au compte-gouttes, pour se coucher ou bavarder encore près du feu... Mais tout à une fin, hop au lit. C’est là que j’ai commencé à mourir…
Tu entres dans la tente, dans le duvet, tu enlèves tes habits, tu attends que « ça chauffe » mais rien ; tu attrapes les chaufferettes, tu lis la notice en claquant des dents, tu en mets une à tes pieds une dans ta main et tu attends de t’endormir, ça ne vient pas. (Les chaufferettes je n’aime pas. Il faut qu’elles soient à proximité de ce qu’elles doivent chauffer, mais pas en contact. En gros tu la poses près de ta main et vu le -7 ou -8° annoncé, tu ne sens absolument rien… Si par hasard tu y arrives enfin, tu sens la chaleur, et du coup tout le reste de ton corps te semble gelé.)
Je m’endormais un peu puis me réveillais en sursaut. Je ne voyais aucune solution à mon problème. J’ai commencé à paniquer : « si je ne dors pas je ne vais pas pouvoir rentrer à moto, trop fatiguée, et en plus je ne vais pas pouvoir profiter du WE entre amis tellement je vais être infernale… » Alors je me suis levée : je préférais marcher toute la nuit et avoir chaud, à tenter de m’endormir frigorifiée. Enfiler ses habits tant bien que mal, et commencer par la petite commission...
On a le choix entre :
- à gauche, 500m, et au bout, 20 cabines sales et puantes - à droite, au bout des tentes, le champ désert... Droite ! Oui mais c’est loin, on tente une incursion entre deux tentes dont les proprios sont certainement au barnum, mais un gros ronpchittt me fait prendre mes jambes à mon cou. Au bout du champ la neige, froide et mouillée, je vais à un endroit sans neige (Quand il fera jour j’y reviendrai pour découvrir que c’est un tas de bouses de vaches !
Congelées hein, mais ça prouve que la bouse est plus chaude que la terre !), puis direction le barnum… Là j’ai bu un chocolat et mangé un croissant, et demandé à la dame :
- il est quelle heure ?
- 7h30 - HEIN ??? Alors j’ai dormi ?!!!
On est donc samedi 9 décembre. Je reste dans le barnum, à l’abri du vent, debout, et je sens le froid s’immiscer à nouveau car mon pantalon en plastique me colle aux mollets. Pour ne pas penser à ma situation je regarde autour de moi. C’est très drôle : des gens viennent déjeuner, et me saluent passant près de moi. L’organisatrice je vous dis !!! Moi je réponds gentiment et pense « vous avez une mourante devant vous ». Une fille vient bavarder avec moi, elle me raconte toute sa vie, puis me présente les autres de son club. Ca finit par « et vous » ? "Moi ? Je suis en train de mourir de froid". Ça ne les a pas fait rire ! Deux se sont mis à 4 pattes pour tirer sur les jambes de mon legging et les faire rentrer dans mes chaussettes, la mort s’est éloignée.
Du coup j’ai repris du poil de la bête et ai rejoint les autres au campement, où le feu servait de radiateur, de cuisinière, de fumigène anti-moustiques ! Après un bon repas il est décidé que Jean et moi redescendons à Brive tous les deux sur ma Japanise, laissant aux autres notre barda. 3heures de route à 60km/h grand max.
On a des crampes, on fait des pauses on sautille on rigole et quand Jean me parle de faire le plein d’essence c’est NOOOOOOOOOON......... Il ne comprend pas, je lui dis hôtel, douche, chaud, galère stop, froid terminus !!!
Ça le tente aussi, il ne parle plus d’essence !!!
Et voilà, soirée de ressuscités, 1h sous la douche, repas chaud au chaud, puis gros dodo Retour du plateau des 1000 vaches 2017 Dimanche 10 décembre. Nous pensions démarrer tôt sur ma petite 125 pour gagner du temps, et que François et Michel nous rattraperaient. En fait ils arrivent tôt, chassés par la pluie… Je reprends donc les rennes de ma 125, avec mes petits bagages. François me suit un peu, mais voyant que je me débrouille, que lui s’endort, il me quitte 40 km avant Cahors et rejoint les autres par l’autoroute. Je finis donc mon périple en solitaire. Il faut savoir qu’il pleut à verse depuis le départ, et qu’il y a beaucoup de vent, donc j’atteins rarement les 80km/h. Mes bottes de moto sont le contraire d’étanches, ce serait plutôt des aspirateurs d’eau !
L’eau me glisse dans le dos depuis le casque.
Mais le moral est bon, et surtout je m’estime chanceuse : il pleut d’accord, mais il ne fait pas froid ! J’envisage d’abord un retour d’une seule traite, puis sentant la fatigue arriver, avec une pause à Montauban. Puis la fatigue étant vraiment là, un repas à Cahors ! Aparté sur le restaurant « Le Poivron Rouge » à Cahors sud : je monte les marches, la porte coulisse, et ô magie de Noël, un charmant serveur m’accueille, me précède jusque derrière l’accueil où il m’autorise à poser casque, gants et blouson fluo (de gros poussin comme dit François). Puis on se met en 4 pour que je trouve une table, et je mange un fish and chips sans appétit, pour reprendre des forces. C’est quand je suis repartie que j’ai réalisé : je dégoulinais de partout, j’étais la plaie, la cliente pourrie du dimanche midi qui salit tout et qui pue la fumée de feu de camp !!!
Eh bien ils ont été absolument parfaits, d’une correction d’une amabilité et d’une discrétion exemplaires. Je repars, on dirait que le vent et la pluie sont moins forts, mais toujours présents, et il me reste 150km… Montauban, Fronton, Bouloc « Coucou le bar aux chocolats », et là je m’engage sur les petites routes qui vont me ramener à la maison, d’ici 1h30…
J’ai un défaut, enfin un de plus que tous ceux que vous connaissez déjà : je mets un point d’honneur à ne jamais regarder une carte une fois partie. J’ai tout dans la tête, et comme la tête est petite j’ai peu : quelques villes-repères, et entre, je brode. Je me perds une première fois, et reviens sur la bonne route.
Un peu plus loin encore perdue… Au début je connais les noms des villages, puis pas du tout, mais je sais qu’il me faut piquer vers le sud. Un petit panneau avec un mot que je qualifie de patoisesque et que je traduis par « le raccourci » me fait emprunter un chemin qui aboutit dans une ferme… Elle repart… Elle sent une petite larme couler de chaque œil. Elle se dit « Y a d’la joie ! Je suis juste dépitée à l’idée de bientôt devoir appeler Mr Ise à l’aide ». Dieu m’entend, un panneau, un vrai, d’une ville que je connais, Caraman, finie la galère !!! Oui mais non, car le froid tombe d’un coup, et je suis trempée… Encore 1 heure… Courage on y est presque ! Pour finir un brouillard à couper au couteau me tombe dessus les 10 derniers km…
Rentrée à 17h pile, décharger en tremblant, quitter les vêtements en claquant des dents, et enfin la douche méritée ! Bien-sûr elle est tombée malade, et n’a pas pu participer à la Ronde de Noël, alors qu’elle s’en faisait une joie… Voilà ce que c’est que de débuter la moto âgée !!! On a envie comme à 20 ans, sauf qu’on n’est pas aussi costaud… Vivement que je sois calmée, et très vite je pourrai dire « stop, pas envie de me geler tout un WE, je préfère lire les récits des courageux »
En attendant je recherche déjà un duvet chaud et des protège-bottes !
Merci Iseisaisette pour ce superbe récit qui nous rappel des souvenirs de concentres/hivernale mémorables...bravo !!