Jean-Marc, 62 ans, nous emmène sur la côte bleue à bord de sa MG TF 160. «Ce cabriolet est vraiment la voiture idéale pour se promener, ici, sur la côte bleue au bord de la mer », nous confie Jean-Marc, ce Provençal de Marignane. En 2005, dans les concessions de la commune, il recherche avec son épouse une voiture décapotable, «hésitant entre une Mazda et un autre modèle de Toyota».
Sauf que c’est toujours par hasard que se produisent les coups de foudre. Un jour de printemps, dans une énième concession automobile, le couple tombe sur une MG TF 160, spécialement conçue pour le marché français et présentée au salon de Paris en 2004. Spécificité : c’est une éditio.
«Sur le moment, je n’ai pas compris que c’était une série limitée. J’en ai saisi l’importance bien plus tard», confie-t-il, avouant que c’était un achat «pas du tout raisonné». Voilà, il vient d’acquérir le numéro 2 de la série pour environ 30.000 euros. Deux mois plus tard la marque fait faillite, et aucun modèle équivalent ne sera plus jamais produit.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Jean-Marc découvre progressivement l’univers passionnant qui entoure sa voiture. «En Angleterre , MG est une institution, c’est dans la culture !» Curieux d’en savoir plus sur sa nouvelle acquisition, il s’inscrit dans des clubs MG où il rencontre d’autres passionnés de la marque britannique.
C’est là qu’il fait la connaissance de Marina, une Belge, membre du club, qui devient rapidement une complice dans cette aventure.
Grâce à l’aide de Jean-Marc, elle trouve même une annonce pour la même voiture qu’elle finit par acquérir. De fil en aiguille, poussé par la curiosité et cette passion grandissante, Jean-Marc et Marina se lancent dans une véritable enquête pour retrouver les autres propriétaires de cette série mythique.
Leur quête s’avère fructueuse : ils parviennent à localiser 20 propriétaires sur les 30 que compte la série. Un nouveau club est né, celui des rares propriétaires de la MG TF 160.
En 2013, Jean-Marc et Marina reçoivent une invitation qui va marquer leur histoire : MG les convie à un événement annuel sur le mythique circuit de Silverstone.
Les Anglais sont jaloux de son modèle
«Le circuit était rempli de voitures, les Anglais me demandaient des détails sur ma voiture blanche à lignes bleues», raconte Jean-Marc avec amusement. L’ironie de la situation : cette série limitée, produite par leur constructeur emblématique, ne leur était pas destinée.
«Les Anglais ont été frustrés de ne pas profiter de ce modèle à 30 exemplaires - ça n’existait pas chez eux, ça suscitait la curiosité», explique Jean-Marc.
La jalousie britannique était palpable.
Certains passionnés allant même jusqu’à lui demander les dimensions exactes des lignes bleues ornant sa carrosserie pour réaliser des répliques artisanales. Ce succès inattendu du modèle à Silverstone donne des idées au petit groupe de propriétaires français. Fort de cette expérience, le club des MG TF 160 décide de perpétuer la tradition en organisant ses propres rassemblements partout en Europe, tous les deux ans.
En Allemagne, en Suisse, et pour la dernière édition : en Normandie.
Au-delà de sa rareté, la MG TF 160 séduit par ses qualités techniques remarquables.
«C’est le même moteur que les Lotus : puissant, très agréable, très précis», détaille Jean-Marc. «Ce cabriolet est très fiable, pas le moindre souci. Je viens de faire le contrôle technique hier : il n’y a zéro défaut !»
La voiture révèle même une surprise, elle roule sous la pluie : décapotée. «On revenait d’un rassemblement, on a pris un orage et on n’avait pas le moyen de s’arrêter pour remettre la capote. C’est là qu’on a su que dans le cabriolet, l’eau ne rentre pas.
Le modèle est construit de telle manière qu’on reste toujours au sec», raconte le Marignanais.
Avec le temps, la MG TF 160 de Jean-Marc, rare et convoitée, est devenue un véritable trésor pour les collectionneurs. Mais sa valeur va bien au-delà de cette spéculation : c’est avant tout une source de souvenirs, d’amitiés et d’émotions partagées. Son fils a appris à conduire sur cette voiture, créant des liens familiaux indélébiles.
Les passants s’arrêtent pour admirer sa «bonne bouille» et lors des rassemblements, les automobilistes les saluent amicalement en leur laissant le passage. Pour Jean-Marc, cette voiture incarne une époque révolue, celle où MG savait encore créer des véhicules d’exception, des rencontres improbables et une passion qui ne cesse de grandir.
Source : lefigaro.fr - Merci DAVID SARDA pour le suivi de l'info...