jeudi 13 juillet 2023

CLUB5A - REPORTAGE AUTO - CARROSSERIE LE BASTARD A ROUEN...LE CARROSSIER DU TOUR DE FRANCE !!



La somme assez conséquente de modèles Citroën carrossées par les Ets Le Bastard à ROUEN reproduits en miniatures, m’a conduit à m’intéresser à cette entreprise qui était spécialisée, entre autres, dans la carrosserie de véhicules publicitaires pour le Tour de France cycliste. Il faut remonter au 19e siècle pour trouver trace de l'entreprise. En 1880, Gabriel Le Bastard fonde en effet une carrosserie à Rouen, rue Armand Carrel. Cette entreprise travaille d'abord sur des voitures hippomobiles, charrois et autres charrettes de toutes sortes. Ce corps de métier était alors en pleine mutation. 
Composé d’ouvriers travaillant le bois pour construire des véhicules hippomobiles, d’habiles forgerons pour cercler les roues, leur activité s’était étendue à tous les types de véhicules. Dès la fin du XIXe siècle, on retrouve des compagnons charrons dans les transports en général : les compagnies ferroviaires, les tramways et les constructeurs d’automobiles, voire l’aéronautique. Le Bastard passera à l'automobile qui remplace peu à peu les voitures à chevaux au début des années 1900, aux voitures particulières d'abord, puis aux utilitaires. Gaston Le Bastard, prend la suite de son père au moment de sa « retraite ». Il développera trois grandes activités : la construction de véhicules de tourisme, la construction industrielle de cars et, après guerre, la création et la réalisation de véhicules publicitaires dont il deviendra le plus grand spécialiste européen raflant nombre de commandes à l’international. 
Il s'est intéressé très tôt aux utilitaires Citroën mais aussi à la Traction dont il a créé et réalisé un cabriolet 11 CV en 1936, celui-ci sera la dernière automobile à sortir de ses ateliers. La période trouble de la dernière guerre mondiale avec l’occupation des ateliers Le Bastard par les allemands et, la poursuite de l’activité sera mal vue par « les gens » en général et par la corporation, en particulier de ses confrères. C’est ainsi que l’on ne connaîtra pas d’archives portées à la Chambre syndicale de la carrosserie dont Gaston Le Bastard a du en quitté la présidence. Ce qui explique, en partie, le manque de documents sur les activités de la marque jusqu’à l’après-guerre et, les difficultés rencontrés par l’entreprise qui comptait jusqu’à 120 compagnons avant cette période. 
En 1946, quand Edmond Le Bastard reprend la production, ce sont 80 compagnons-carrossiers qui œuvre à l’atelier en plus de ceux qui travaillent au garage-réparation. A la fin des années 50, il ne sont plus que 60 à réaliser des opérations de sellerie, tôlerie, carrosserie, ferrage et menuiserie, toutes héritées de l’époque du charronnage. 
 Mais, comme dit plus haut, ce qui sauva l’entreprise fut sa capacité à proposer des solutions techniques et stylistiques pour l’étude, la création et la réalisation de véhicules publicitaires alors plébiscités par les firmes voulant participer aux événements populaires qui drainaient de nombreux badauds. Ainsi, les courses cyclistes et autres foires où l’on pouvait faire rouler des engins aux couleurs des marques étaient réputées pour être de bons vecteurs de publicité et, chacun voulait y paraître sous leurs meilleurs atours. Ce n'était pas encore l'heure du matraquage publicitaire télévisuel. La mécanisation et la fabrication en grande série apparaissaient antinomiques avec le geste de l’artiste. Aujourd’hui, cette opposition nous paraît totalement démodée. 
Comment l’art a-t-il finalement investi l’industrie au point de se rendre, via le design, indispensable à la réussite commerciale d’un produit ? Suite au démarrage de l’industrialisation, l’industrie n’a pas seulement transformé les canons esthétiques, elle a aussi fini par imposer de nouvelles normes. Edmond Le Bastard a bien compris cette évolution et, a saisi, qu'avec le développement des bureaux de style et du design, il fallait faire la part des innovations technologiques, des exigences de fonctionnalité et des recherches formelles. 
En interne, il avait ses dessinateurs et son propre maquettiste, Jean Martin, avec lequel et l’éventuel client, il envisage et définit la silhouette du véhicule publicitaire qui représentera la marque mais, pourra également en garder la fonction utilitaire lors de ses prestations routières ou à l’étape. Connu, reconnu par de nombreux prix décernés à l’occasion des concours des véhicules publicitaires de Nice, au salon des véhicules publicitaires de Paris et, à la foire de Rouen, les clients se pressent chez Le Bastard pour y faire réaliser ses « réclames » roulantes, parfois aidés par des grands noms du dessin publicitaire tels Géo Ham, Philippe Charbonneaux ou Quellien. 
 Mais, je ne vais pas continuer à vous souler avec des discours, passons maintenant à ce qui nous occupe le plus, les véhicules publicitaires, ou pas, réalisés par Le Bastard sur la base de châssis Citroën. Enfin, avant de passer aux illustrations, juste un mot pour vous rappeler que la marque Le Bastard cessa toutes activités en 1979. Au lendemain de la seconde guerre mondiale Le Bastard a proposé plusieurs modèles de minicars sur la base du type H Citroën. Ces minicars sur la base du type H avaient la particularité de présenter une carrosserie aux panneaux lisses où toute ondulation avait disparu. 
Ils furent vitrées jusque sur la capucine, voire le pavillon, suivant le modèle. Dès 1955, la carrosserie Le Bastard a réalisé plusieurs fourgons pour ASPRO. Dont ce modèle sur une base de Citroën Type H, difficilement reconnaissable, il faut bien le dire. Mis à contribution sur toutes les courses cyclistes, il servait aussi bien d’ambulance pour le critérium du Dauphiné libéré (ici en 1957) que d’ambulance destinée à venir en aide aux spectateurs sur le Tour de France. Plusieurs dizaines de modèles ont été réalisés.
Source : aventure-citroen-min.forumactif.com/Christophe GERARD / lecanu fabrice